Alors que la 1e journée du National Foot 1 vient de s’achever, l’incertitude perdure sur la suite du championnat. Arguant le non-paiement de la deuxième tranche de l’enveloppe allouée par l’Etat, les responsables de l’Association des clubs professionnels ont fait part de leur souhait de repousser la suite de la compétition.
L’argument financier invoqué par l’Association des clubs professionnels de football (ACPF) est-il légitime? L’Etat n’a pas tranché sur la question, laissant une marge d’interprétation…
A ce propos, le ministre en charge des sports, Franck Nguema a posté sur son compte officiel Facebook des informations saisissantes : « Je suis dépité par les agitations démagogiques des dirigeants de l’Association des clubs professionnels de football. En ces temps difficiles, tous les 14 clubs de D1 ont perçu, chacun, une avance de 20 millions de FCFA sur 38, au démarrage du National Football saison 2019/2020, soit un décaissement total de 280 millions de FCFA ».
L’Etat a déboursé des dizaines de milliards de FCFA pour le National Football ces 8 dernières années, pour en faire un championnat professionnel, pour quels résultats sur le continent ? Eux-mêmes (les clubs de D1) ont décidé récemment de faire un championnat national amateur.
Mais l’Etat a d’autres priorités notamment sociales. En cas de suspension du National Football après la 1ère journée, j’espère que les clubs de D1 sont prêts à rembourser l’argent du contribuable au Trésor public ! Et comme le dit l’adage, « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».
Le National Foot 1 n’est-il pas un événement d’une trop grande ampleur? C’est une compétition qui va effectivement drainer des visiteurs, et qui implique des risques accrus.
L’évidence est que certains, voire une majorité des sponsors, font pression pour que la compétition se joue. Si la compétition n’est pas organisée, la LINAFP (Ligue Nationale de Football Professionnelle) va devoir payer de sa poche et voir des sponsors, demander des comptes et de possibles remboursements.
Dans ce dossier, tout le monde a sa part de responsabilité. L’ACPF a mis l’Etat et la LINAFP devant le fait accompli, pensant que cela faciliterait sa demande de report. Mais l’ACPF a commis un énorme péché d’orgueil à l’heure où elle n’entend plus se laisser dicter ses décisions. Elle s’est lancée dans un bras de fer pour organiser le National Foot 1 à tout prix en oubliant le contexte actuel de notre pays, car organiser une telle compétition ne s’improvise pas.
Il serait pertinent d’établir une sanction, en partie logique compte tenu du préjudice subi (financier, d’image, etc.). C’est une situation inédite qui met le football gabonais dans un grand embarras. Cependant, il ne faudrait pas que la LINAFP et l’Etat n’appliquent les sanctions maximales prévues par les textes, comme par exemple une suspension pour les clubs. Ce serait tuer le football gabonais. Or, en dépit des derniers résultats, le Gabon regorge de joueurs de talents et les deux instances (LINAFP, Etat) feraient une erreur en sacrifiant au moins une génération entière de joueurs.
On a une nouvelle fois le sentiment que lorsque l’on parle du football gabonais, ce n’est pas à propos de football… Qui en est le plus responsable, les atermoiements de l’ACPF ou l’ethnocentrisme de l’Etat ? C’est un fait et il est regrettable. Chacun a sa part de responsabilité dans cette affaire.
Le football gabonais, c’est certes beaucoup de folklore, mais aussi de belles histoires, des parcours atypiques, des matches enlevés (contrairement à ce qu’on voudrait parfois faire croire) et un talent certain qui s’exporte à l’étranger. Alors, pourquoi ne pas mettre aussi en lumière cet aspect-là? Au final il n’y a qu’une seule victime de cette affaire et de la mauvaise publicité qui en résulte: le foot gabonais.