Les interventions militaires de Washington ne sont pas seulement des guerres contre les populations: ce sont aussi des guerres contre le climat. Cette semaine marque les 23 ans depuis que George W. Bush a déclaré une «guerre contre le terrorisme» menée par les États-Unis. Et, les peuples d’Afghanistan et d’Irak en subissent encore les conséquences.
Après l’invasion de l’Irak par les États-Unis, il est estimé qu’un demi-million d’Irakiens ont été tués et qu’au moins 9.2 millions de personnes ont été déplacées. Entre 2003 et 2011, plus de 4.7 millions d’Irakiens ont souffert d’une insécurité alimentaire modérée à sévère.
Plus de 243.000 personnes ont été tuées dans la zone de guerre Afghanistan/Pakistan depuis 2001, dont plus de 70.000 civils. Entre 4,5 et 4,6 millions de personnes sont mortes dans les guerres qui ont suivi le 11 septembre.
La «guerre contre le terrorisme» menée par les États-Unis a également aggravé la catastrophe climatique, entraînant des pénuries d’eau locales et des crises météorologiques extrêmes qui ne font qu’empirer. En 2022, l’Afghanistan a connu sa pire sécheresse depuis 30 ans et le pays fait face à une troisième année consécutive de sécheresse.
«La guerre a exacerbé les effets du changement climatique», a déclaré Noor Ahmad Akhundzadah professeur d’hydrologie à l’Université de Kaboul.
Pendant ce temps, l’aide militaire américaine à la campagne génocidaire d’Israël intensifie, également, la crise climatique.
Alors que nous revenons sur plus de deux décennies de «guerre contre le terrorisme», il est clair que de nombreuses vies seront sauvées si nous pouvons mettre un terme aux interventions militaires américaines dans le monde entier et cibler simultanément les contributions catastrophiques de l’armée américaine à la crise climatique qui nous menacent tous.
«L’armée américaine est le plus grand consommateur institutionnel de combustibles fossiles au monde», a déclaré Taylor Smith-Hams, organisateur principal américain à 350.org, une organisation mondiale pour la justice climatique, lors d’un atelier sur l’impact des guerres actuelles sur la crise climatique lors de la convention des Vétérans pour la paix (VFP) le 17 août.
«Le militarisme et la guerre sont les principaux moteurs de la crise climatique», a-t-il averti, citant les avions de chasse, les navires de guerre et l’immense constellation de bases militaires américaines à travers le monde.
Les effets de la «guerre contre le terrorisme» sur le climat. Le 11 septembre 2001, 19 hommes se sont suicidés, entraînant avec eux environ 3000 personnes, en envoyant deux avions de ligne s’écraser sur le World Trade Center, un sur le Pentagone et un autre dans un champ en Pennsylvanie.
Aucun des pirates de l’air n’était originaire d’Afghanistan ou d’Irak. 15 d’entre eux venaient d’Arabie saoudite. Néanmoins, l’administration Bush a envahi illégalement l’Afghanistan et l’Irak et renversé leurs gouvernements, puis tué, blessé et torturé près de trois quarts de million de leurs citoyens.
Au-delà du terrible bilan humain dans les deux pays, une conséquence moins connue de la «guerre contre le terrorisme» a été l’aggravation de la catastrophe climatique, tant dans les pays ciblés par la guerre qu’à l’échelle mondiale. Depuis que le Protocole de Kyoto de 1997 a exclu les émissions militaires du calcul des émissions nationales, les émissions militaires américaines sont largement sous-estimées. Bien que les armées soient une source importante d’émissions de carbone, on sait peu de choses sur leur empreinte carbone.
L’une des premières études visant à révéler les émissions militaires directes et indirectes résultant des combats a été menée par Benjamin Neimark, Oliver Belcher, Kirsti Ashworth et Reuben Larbi. Ils ont étudié l’utilisation de «murs anti-explosion» en béton par les forces américaines à Bagdad, en Irak, de 2003 à 2008, soit les cinq premières années de l’opération «Iraqi Freedom» de Bush, afin de mesurer l’empreinte carbone de la guerre. Des murs et des barrières en béton ont également été utilisés dans les opérations de contre-insurrection américaines à Kandahar et à Kaboul, en Afghanistan, de 2008 à 2012, au cours de l’opération «Enduring Freedom». Bien que ces deux guerres n’aient pas apporté la liberté, leurs effets sur la crise climatique sont durables.
Lors de l’occupation de Bagdad, l’armée américaine a érigé des centaines de kilomètres de murs anti-explosion afin de contrôler la population urbaine conformément à sa stratégie de contre-insurrection. «L’utilisation efficace du béton comme arme a une empreinte carbone extraordinaire», affirment Neimark, Belcher, Ashworth et Larbi. «L’empreinte carbone importante provient principalement de la quantité de chaleur et d’énergie nécessaire à la production de ciment, le principal ingrédient du béton».
Les transports logistiques de troupes, de convois, d’armes, de fournitures et d’équipements, ainsi que la puissance de feu elle-même, ont un coût carbone direct. Le carburant des avions de chasse est l’un des principaux responsables. L’utilisation de carburant militaire américain est «l’un des plus grands pollueurs institutionnels de carbone de l’histoire moderne», ont écrit les chercheurs.
Mais, les émissions indirectes dans les murs anti-explosion résultant des chaînes d’approvisionnement en béton qui alimentent l’armée américaine sont également substantielles, soutiennent Neimark et ses coauteurs. «Certaines régions d’Afghanistan se sont réchauffées deux fois plus que la moyenne mondiale», écrivait en 2021 Somini Sengupta, journaliste international spécialiste du climat au New York Times, et la guerre a intensifié l’impact du changement climatique.
L’Afghanistan se classe parmi les 10 premiers pays connaissant des conditions climatiques extrêmes, notamment des sécheresses, des tempêtes et des avalanches, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA). L’Afghanistan se classe au quatrième rang des pays présentant le risque le plus élevé de crise et au huitième rang de l’Indice mondial de l’Université de Notre Dame qui répertorie les nations les plus vulnérables et les moins préparées à faire face au changement climatique.
L’histoire de l’Afghanistan est un exemple effrayant des conséquences à long terme de la guerre sur le changement climatique. Dans plusieurs décennies, Gaza, qui était déjà vulnérable à la crise climatique avant le 7 octobre 2023, souffrira invariablement des effets climatiques accrus de la campagne génocidaire actuelle d’Israël.
«Les conséquences du changement climatique, notamment l’élévation du niveau de la mer, la sécheresse et la chaleur extrême, menaçaient déjà l’approvisionnement en eau et la sécurité alimentaire en Palestine», a déclaré Nina Lakhani au Guardian. La situation environnementale à Gaza est désormais catastrophique. Il y a les «immenses» effets du génocide israélien soutenu par les États-Unis sur le climat.
Le génocide israélien en cours à Gaza a tué au moins 41.000 Palestiniens, et probablement bien plus encore. Au cours des deux premiers mois de la campagne génocidaire israélienne, les émissions qui ont réchauffé la planète ont dépassé l’empreinte carbone annuelle de plus de 20 des pays les plus vulnérables au changement climatique, selon une étude de Benjamin Neimark, Patrick Bigger, Frederick Otu-Larbi et Reuben Larbi.
Au cours des deux premiers mois de la guerre qui ont suivi le 7 octobre 2023, environ 281.000 tonnes de dioxyde de carbone ont été émises. Plus de 99% de ces émissions ont résulté de la campagne de bombardements et de l’invasion terrestre de Gaza par Israël, ainsi que des vols de ravitaillement américains vers Israël. Le coût climatique était équivalent à la combustion d’au moins 150. 000 tonnes de charbon.
«Les conflits armés poussent l’humanité encore plus près du précipice de la catastrophe climatique et constituent une manière idiote de dépenser notre budget carbone», conclut David Boyd, rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme et l’environnement.
Source: Observateur continental