Il a suffit de dix jours pour que le pouvoir en place réussisse à presser le juteux Davin Akouretel un citron, désormais bon pour les poubelles de l’histoire politique du Gabon. Dès l’annonce des conclusions de la concertation politique, cet acteur politique est passé de la lumière à l’obscurité éternelle dans l’esprit de la majorité des gabonais. Car, rappelons-le, l’esprit du Gabon n’aime pas les perfides trompeurs.
Davin Akoure est désormais inscrit sur cette liste d’acteurs politiques de notre pays ayant perdu toute crédibilité. Aujourd’hui, on peut affirmer qu’il rivalise d’impertinence avec l’infréquentable Louis Gaston Mayila. Quel véritable déshonneur pour ce médecin des corps devenu, par ses prises de position jugées pertinentes, médecin des âmes, il y a encore peu.
Le 04 septembre 2020, le député du parti « Les Démocrates », avait réussi, dans un discours plaisant, alliant fluidité du verbe, véracité des éléments agencés, dureté des faits et humour habillé, à séduire l’opinion publique en démontrant le caractère démagogique de l’ancien premier ministre Édith Cresson du Gabon lors de sa déclaration de politique générale. Tétanisée, cette dernière avait perdu son latin en même temps qu’elle enterrait, séance tenante, l’once de crédibilité qu’on pouvait lui accorder.
Depuis lors, les prises de parole de Davin Akoure, telles celles de Claude Malhuret au Sénat français, étaient attendues. L’homme savait traduire, par des mots justes et mesurés, des réalités qui touchent ou agressent le quotidien du citoyen gabonais.
De la même manière que certains événements politiques révèlent les grands hommes, de la même manière, ils permettent de séparer le bon grain de l’ivraie. Pour le coup, la concertation politique a révélé voire dévoilé le charlatanisme et l’escroquerie politique de Davin Akoure.
Autrement dit, comment Davin Akoure a pu accepter d’assumer une réforme électorale qui a constitué une forfaiture politique depuis 2009 ? Dans quelle démocratie moderne on retrouve une élection à un seul tour, reflet d’une légitimité contestable ? Or, s’il y avait bien une réforme électorale qui avait crédibilisé les accords d’Agondjé en 2017 ainsi que ses participants de l’opposition, c’était bien le retour aux élections à deux tours. Revenir sur ce qui avait été considéré comme une grande avancée démocratique n’est pas servir le Gabon d’abord mais des desseins inavouables d’un pouvoir en grande difficulté.
En prétextant vouloir faire des économies, l’opposition du pouvoir, choisie par le ministre de l’intérieur et conduite par Davin Akoure à cette concertation politique, a cautionné une supercherie politicienne. Ce qui est une grave trahison aux idéaux de leurs partis politiques respectifs mais surtout un poignard planté dans le dos du peuple gabonais.
De quelles économies parle t-on au peuple quand on comptabilise toutes les dépenses futiles et inutiles enregistrées ça et là ? Combien dépense t-on pour « le paraître » dans ce pays lorsqu’on offre à ceux qui devraient servir l’État de grosses cylindrées pouvant financer des milliers de tables bancs pour les élèves, des milliers de projets pour les jeunes entrepreneurs gabonais ou des centaines de scanners et autres couveuses pour nos hôpitaux ?
Tous les gabonais n’ont pas la tête déchirée. Cet argument léger ne parviendra pas à convaincre grand monde. Où est la plus-value pétrolière ? Où sont et où vont les milliards de nos francs qui disparaissent tous les jours des poches de l’État au profit d’une minorité capricieuse, égoïste et budgétivore ? C’est à ce niveau que devraient se faire toutes les économies dont parlent ceux qui tentent de justifier ce coup d’épée donnéen plein thorax de notre démocratie.
Davin Akoure qui est si volumineux en chair et volubile en verbe n’avait-il plus d’arguments à servir pour dire non à cette réforme électorale mortifère ? S’il y avait bien un élément qui pouvait justifier son départ de la séance d’incantation politique onéreuse, c’était bien cette réforme rétrograde.
D’ailleurs, c’était la seule qui comptait pour ceux qui ont initié cette kermesse politique. Comme la simple sortie du parti « Les Démocrates » aurait définitivement plombé cette foire politique jugée impertinente par la majorité des gabonais. Que Davin Akoure assume cette collaboration nuisible aux intérêts du Gabon d’abord.
Une chose reste certaine, le peuple gabonais d’aujourd’hui est mâture. Il a bien compris l’intérêt des initiateurs de ladite concertation de revenir à une élection présidentielle à un tour. Comme il a compris l’état d’esprit des dirigeants actuels. Ils semblent habités par une très grande peur, hélas mal dissimulée.
En effet, par leurs agissements, jamais l’alternance au sommet de l’État n’a autant souri aux potentiels présidentiables. Cette situation trouve son origine dans toutes les impertinences de gouvernance des jouisseurs au pouvoir.
Il faut bien savoir combien ça coûte (1) l’adhésion au Commonwealth,qu’on dit être très démocratique, (2) la nomination d’un britannique dans son gouvernement pour gérer ses forêts, (3) un vote au Conseil de sécurité de l’ONU qui soulage ou donne une seconde de sourire à la Russie du violent Poutine, (4) la promotion de collégiens et d’une Légion étrangère incompétente au sommet de l’État et la chasse aux sorcières à tous ceux qui contribué à la prise du pouvoir présidentiel en 2009 et sa préservation en 2016, (5) l’incarcération injustifiée des enfants des autres, notamment celle de Privat Ngomo cet après-midi, (6) l’incapacité à respecter ses promesses et ses engagements pris devant le peuple, (7) le refus de payer ce qu’on doit aux enfants d’autrui. Or, Omar Bongo disait déjà « votre égoïsme vous perdra ». Nous y sommes.
Davin Akoure n’a-t-il pas mesuré les risques de sa compromission, lui dont le chef de parti est assigné en résidence de façon injustifiable si on s’en tient aux méthodes de fonctionnement du régime en place depuis plus de 50 ans et de ce qui a fait d’Omar Bongo un homme adulé et respecté ?
Plus que jamais les gens vont accourir de partout pour apprécier ce désormais citron pressé jeté et perdu dans les poubelles de l’histoire du Gabon. En offrant une lueur d’espoir au pouvoir en place, fragilisé et déboussolé, rongé de l’intérieur par les nombreuses frustrations suscitées et les ingratitudes assumées, Davin Akoure y a laissé toute sa crédibilité et sa popularité. Qu’il goûte maintenant à l’amertume de ses contradictions.
Tel un citron pressé, Davin Akoure se présentera désormais. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Alexandre Barro Chambrier, Paulette Missambo et Guy Nzouba Ndama, la victime trahie par celui qui assure son intérim, en refusant de cautionner ce viol de notre démocratie ont gagné en crédibilité et en légitimité. Quoi de plus bénéfique à la veille d’une élection présidentielle dite capitale ?
Davin Akoure, tel un citron pressé se présentera désormais. C’est tout. Il aurait pu dire à ses alliés qu’un passage en force est toujours possible au premier tour même quand c’est une élection présidentielle à deux tours. Il y a des symboles à ne pas froisser.
Ce d’autant plus que l’objectif de la concertation politique était de rassurer l’opinion publique quant à l’attachement de notre pays aux valeurs démocratiques en vue de l’organisation d’élections aux lendemains apaisées.
Davin Akoure a vu court et c’est dommage par les temps qui courent. Sa fin politique semble sonnée. Quelle triste fin, Akoure Davin.
Par Télesphore Obame Ngomo
Président de l’OPAM