La défiance du gouvernement d’Édith Cresson du Gabon à l’endroit de la Loi fondamentale a fini de démontrer l’imposture qui tente, hélas maladroitement, de s’imposer aux pouvoirs publics, aux personnes physiques et morales de notre pays.
Hier c’était l’Église catholique du Gabon qui, pourtant au fait d’un certain nombre de vérités sur l’état réel du pays et celui de ses dirigeants, a su dire NON en refusant la chefferie en liège qui tentait de se substituer au pouvoir de Rome, son principal gouvernail. Pas une, pas deux, l’indignation publique de l’église catholique a fait reculer les imposteurs et l’ordre est bel et bien revenu tel que souhaité par le clergé.
Le dernier discours du président de la République devant le Parlement réuni en congrès parlait de loyauté et de secours. C’est dire que des bottes de dissidents résonnent de plus en plus forts dans les couloirs de la majorité au pouvoir. L’overdose de frustration suscitée par des choix hasardeux et irresponsables fait qu’une explosion est inévitable au sein du parti. Est-ce d’ailleurs ce qui justifie le dernier billet produit par la commission permanente de discipline sur les dissidences? Bref…
La non maîtrise de l’histoire du parti ou la méconnaissance de ses arcanes fait que les imposteurs au sommet apprendront à leurs dépens la violence des départs en cascade, à une période cruciale, des personnes qu’ils sous-estiment ou méprisent de façon injustifiée.
Afin que nul n’ignore, il est important que l’opinion publique sache que, la vague qui avait entraînée le départ brutal de Guy Nzouba Ndama, alors président de l’assemblée nationale, d’Alexandre Barro Chambrier et ses collègues députés, à claquer la porte du PDG fut poussée par cet état d’esprit malsain reposant sur la violation flagrante des dispositions en vigueur et le peu de considération de l’actif des uns et des autres .
Si Ali Bongo Ondimba, après plus de 40 ans de vie politique, président de la République en exercice, disposant de tous ses moyens, physique et financier, fut secoué par les événements politiques préélectoraux de 2016, ce ne sont pas les collégiens du bord de mer, sans tenue réglementaire, qui pourront supporter le revers de la médaille de leur arrogance injustifiable.
Le manque de considération envers ceux qui constituent la force même du parti fait qu’il y a une légitimation de leur nécessité d’indépendance ou de liberté. Il en va de leur reste dignité. Le contrat moral qui permet aux uns et aux autres de soutenir mordicus le challenger du parti semble ne plus être respecté. Pourquoi donc penser que la réciprocité ne serait pas possible ou obligatoire? La loyauté et la fidélité n’ont pas de sens lorsqu’ils sont exigés dans un seul et même sens.
Depuis deux ans maintenant, certains membres du gouvernement dont nous connaissons les origines de l’ascension politique et sociale tendent à trop bomber le torse devant les lois et règlements de la République et à s’affirmer de façon négative auprès de l’opinion publique. On comprend mieux pourquoi, ce sont leurs secteurs d’activité qui connaissent de fortes tensions. Ils doivent plus que jamais intégrer dans leur esprit qu’ils n’ont pas à faire à des moutons et que nul n’acceptera que l’on encule la République.
L’éducation nationale et la santé concentrent de manière exagérée les frustrations de la majorité des gabonais. Les ministres de tutelle gagneraient à intégrer dans leurs schémas de pensées la réalité, sinon la triste fin politique, de ceux qui ont osé briller par l’arrogance durant les années précédentes du pouvoir d’Ali Bongo. Quand on voit ce qu’est devenu Brice Laccruche Alihanga aujourd’hui, la méditation s’impose pour s’éviter la même finitude. Il croyait malheureusement servir une bonne cause. Donc, en toutes circonstances, ces deux ministres particulièrement gagneraient à savoir raison gardée, à souvent s’indigner, à dire non quand la République est violée et à toujours avoir l’intelligence de la situation.
Le niveau de pouvoir et de transgression observé durant l’ère Brice Laccruche Alihanga est la preuve que toute imposture finit toujours par tomber. Et comme la jurisprudence BLA et ses amis existent désormais, il suffira tout simplement de l’appliquer à ceux qui ont cru bon marcher à contre courant de l’histoire de notre pays. Dans ce cheminement, le pouvoir français qui vient d’énoncer sa nouvelle diplomatie saura une fois de plus reconnaître ses alliés qui ne sont pas des vendeurs de Commonwealth. C’est dit.
De ce pas, ceux qui engagent un bras de fer contre la société civile doivent bien regarder à qui ils s’attaquent réellement. Le grand malheur des impostures au sommet de l’État est qu’Ali Bongo nous le connaissons bien. Son ADN politique ne s’inscrit pas dans la violence et le ridicule de ce qui est entrain d’être fait.
Venir dire dans un discours à la Nation » je suis un homme d’État » ne ressemble pas à Ali Bongo. Traiter les enseignants ou les fonctionnaires des régies financières d’irresponsables ne ressemble pas à Ali Bongo. Pour s’en convaincre, il suffit de revisiter ses différentes déclarations à la Nation depuis 2009. Malheureusement, les dégâts causés font qu’il est arrivé l’heure où le bébé risquera de subir la même fin que l’eau du bain devenue trop sale.
Aux Etats-Unis, Hillary Clinton dont on connaît pourtant la prestance intellectuelle et la pertinence politique, jugée par tous comme étant la meilleure avocate de sa génération, était allée en campagne présidentielle pour son mari avec le slogan: » Avec nous à la maison blanche, vous en aurez deux pour le prix d’un « . Les Américains avaient très mal apprécié cette phrase qui avait failli coûter à Bill Clinton son élection. Autrement dit, à chacun son rôle dans une République. Le président de la République n’a pas de « substitut » sans que ce dernier ne passe par la case élection.
Et François Mitterrand de dire: » Jacques Delors veut être président de la République sans avoir à faire de campagne électorale ». Nous ne voulons pas de ce type de profil opportuniste et imposteur dans notre pays.
Nul ne devrait exercer un mandat sans légalité et sans légitimité comme le rappelait Jean Boniface Asselé dans un audio devenu viral. Si en 2018, la République a triomphé en protégeant le statut du président de la République, en 2022, il convient de le faire respecter comme il se doit en mettant chacun à sa place. Il en va de la stabilité de nos institutions, du respect des droits fondamentaux de la personne humaine et des libertés publiques au Gabon.
Pour un Gabon serein, il est important de mettre hors état de nuire toutes les impostures sans expérience et sans sagesse qui fragilisent notre tissu social et conduisent notre pays vers le chaos. La République des émotions doit disparaître. C’est l’unique vœux valable pour 2022. Heureusement que la République s’inspire des œuvres de l’esprit de Shakespeare dans la légende d’Othello ou le Maure de Venise.
Par Télesphore Obame Ngomo