La France réprime brutalement les combattants de l’indépendance dans ses régions d’outre-mer

Les troubles en Nouvelle-Calédonie, en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion, en Guyane, à Mayotte ne cessent pas. Les populations de ces cinq départements et régions d’outre-mer (DROM) et du territoire au statut si particulier, la Nouvelle-Calédonie, montrent un rejet de la France. 

 

Un projet de loi résonnant pour l’élargissement des listes électorales, qui a suscité des manifestations de masse en Nouvelle-Calédonie, ne sera pas soumis au deuxième tour du Congrès des deux chambres du Parlement français. Prenant la parole à l’Assemblée nationale, le Premier ministre français, Michel Barnier, a déclaré: «Je suis en mesure d’annoncer, en accord avec le président de la République, la décision de reporter les élections provinciales jusque fin 2025».

 

«Le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral», adopté au mois de mai, «ne sera pas soumis au Congrès», organe réunissant Assemblée nationale et Sénat afin d’approuver une révision de la Constitution. Au cours des quatre derniers mois et demi, la Nouvelle-Calédonie a connu une «crise exceptionnellement grave», se plaint le chef du gouvernement, et il y a une raison. Tout au long du mois de septembre, le soulèvement de la population locale contre le règne de Paris a flambé sur les îles. Les forces de sécurité françaises qui représentent la «démocratie» et les «droits de l’homme» ont abattu des résidents de la capitale de ce territoire d’outre-mer de la ville de Nouméa.

«Depuis le début des violences le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie connaît un accès de tension inédit depuis la quasi-guerre civile des années 1980: 13 personnes ont été tuées, dont deux gendarmes, des centaines de personnes ont été blessées et les dégâts matériels se montent à au moins 2,2 milliards d’euros», souligne la Radio Caraïbe international (RCI).

 

Le JDD rappelle que «ce territoire français a un statut si particulier». «En effet, la Nouvelle-Calédonie n’entre dans aucune catégorie classique du droit français. Ce n’est ni une collectivité territoriale, ni un département, une région ou une collectivité d’outre-mer», souligne l’hebdomadaire.

 

La presse internationale, comme le Guardian observe les actions de la France: «La police de Nouvelle-Calédonie tue deux personnes lors d’une opération liée à des troubles meurtriers». Le procureur de la République, Yves Dupas, avait rapporté fin septembre dernier que les forces de sécurité [venant de France] en mission d’observation avaient tiré deux coups de feu après avoir été «directement menacées par un groupe d’individus armés». À souligner que 698 gendarmes et policiers ont été blessés.

 

Le 27 septembre dernier la préfecture de Nouvelle-Calédonie a publié des arrêts pour faire régner la loi de la République française: sur l’interdiction de rassemblements, manifestations et cortèges sur les communes de Nouméa, Dumbéa, Païta et du Mont-Dore; sur la restriction exceptionnelle de la vente de boissons alcooliques et fermentées à emporter sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie; sur les mesures exceptionnelles de police sur le territoire de la Nouvelle-Calédonie; sur la réglementation temporaire relative à la circulation des personnes sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie. Les populations d’origine du pays y voient l’action d’un pouvoir colonial violent.

 

Le peuple kanak a longtemps cherché à se libérer de la France, qui a colonisé pour la première fois l’archipel du Pacifique en 1853 et a accordé la citoyenneté à tous les Kanaks uniquement en 1957. La dernière flambée de violence s’est produite le 13 mai en réponse aux tentatives du gouvernement du président Emmanuel Macron de modifier la Constitution française et les listes électorales en Nouvelle-Calédonie. Selon les Kanaks, ces modifications les marginalisent davantage car elle donne plus de droits à la France continentale nouvellement arrivée.

 

Macron a déclaré l’état d’urgence pendant deux jours, envoyant 3.500 soldats pour aider la police à réprimer les émeutes. Treize Kanaks sont morts à la suite des actions des forces spéciales françaises. En juin 2024, 11 Kanaks ont été arrêtés lors d’une descente de police à grande échelle. Sept d’entre eux, dont Christian Tein, le chef indépendantiste de la cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), ont été emmenés dans l’Hexagone pour détention provisoire.

 

L’association Survie qui lutte contre le néocolonialisme français en Afrique sous toutes ses formes, la Françafrique et qui milite, aussi, autour de situations toujours coloniales comme en Kanaky Nouvelle-Calédonie ou à Mayotte, dénonce le «sabotage méthodique du processus de décolonisation par l’État français». «Il est urgent de dénoncer la responsabilité première de la politique coloniale française, des colons sur place, de s’opposer à la menace qui plane sur les indépendantistes et la CCAT (Cellule de coordination des actions sur le terrain) en particulier et de soutenir la lutte légitime du peuple Kanak», stipulent-ils, signalant: «La Nouvelle Calédonie est toujours une colonie française, c’est d’abord une réalité matérielle et une continuité historique: occupation militaire, politique d’installation de colons, spoliation des terres, racisme, massacres et violences diverses qui ont jalonné ces 171 années d’occupation. L’inscription du pays sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU depuis 1986 vient rappeler cette évidence». Survie pointe du doigt les «éxécutions arbitraires et les prisonniers politiques» et les actions «des milices coloniales» qui sont «protégées par les gendarmes et les policiers».

 

Par ailleurs, Survie fait savoir: «L’assassinat de jeunes Kanaks correspond pleinement à la définition d’exécutions arbitraires au sens de l’ONU, d’après la résolution 1994/67 de la Commission des droits de l’homme de l’ONU qui considère que cette définition s’applique aussi quand ces actes sont commis par des groupes paramilitaires, des forces de défense civile ou d’autres forces privées coopérant avec le gouvernement ou tolérées par lui».

 

Les manifestations en Nouvelle-Calédonie sont organisées par des représentants autochtones qui craignent la privation du droit de prendre toute décision et le déplacement ultérieur de la vie politique de l’archipel si le droit de vote est accordé à une partie de la population européenne de l’île qui s’y est installée au cours des 20 dernières années.

 

La Nouvelle-Calédonie revêt une importance stratégique pour la France, qui souhaite renforcer son influence dans la région Asie-Pacifique. Cette terre est, également, importante pour Paris en raison des riches réserves en nickel nécessaires à la France.

 

Les manifestations se poursuivent dans d’autres territoires français d’outre-mer: en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion, en Guyane, à Mayotte. En Martinique, dans la mer des Antilles, au cours des derniers jours de protestation contre la hausse des prix dans l’administration de l’île, à Fort-de-France, six policiers ont été blessés lors d’un affrontement avec les manifestants. Paris a envoyé une centaine de gendarmes en Martinique. Le mouvement indépendantiste martiniquais veut «transférer le pouvoir fiscal aux élus martiniquais».

 

«Mayotte vit depuis plusieurs mois au rythme des émeutes» à cause des difficultés économiques, pénurie d’eau, insécurité fait savoir La Vie.

 

En raison des émeutes en Guadeloupe «le couvre-feu pour mineurs» a été étendu».

 

La Réunion connaît des affrontements entre clans qui débouchent dans des combats de rue. Et, la situation économique à La Réunion est préoccupante selon l’IEDOM.

 

En Guyane, un mouvement indépendantiste conduit à la sortie les relais du pouvoir colonial (France) et propose un point d’étape sur le processus décolonial en cours en Guyane tout en rappelant que ce territoire «est sur la liste des pays à décoloniser de l’ONU».

 

Les peuples occupés par le pouvoir colonialiste français sont en train de couper leurs chaînes.

Source: Observateur continental

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