Nous sommes fatigués. Sauf qu’eux ne le sont pas. Eux, ce sont tous ces ministres et sous-ministres, conseillers et sous-conseillers, chargés de mission et sous-chargés de mission, chefs et sous-chefs du grand Patron qui sillonnent les quartiers, les arrondissements, les villes pour porter sur les fonts baptismaux associations, ONG, clubs, amicales, unions et autres coalitions pour soutenir, accompagner, porter haut, faire gagner le Président de la Transition. Ils sont tous en mission, pour ne pas dire en campagne, disent-ils, pour faire gagner « cash » (décidément !) celui qui ne leur a encore rien demandé, et qui, pour l’heure. n’est candidat à rien. Du moins pas à notre connaissance. Et bientôt les appels à candidature vont de nouveau fleurir. Comme au bon vieux temps du Bongo-PDGisme. Nous sommes fatigués de ça.
Nous sommes fatigués. Mais eux, ils ne le sont pas. Les voilà qui font passer le mot pour que s’assemblent parents, familles, tribus, clans et ethnies, « comme les autres parents, familles, tribus, clans et ethnies » pour se faire entendre. Histoire de « ne pas être oubliés ». Nous sommes fatigués de ça.
Nous sommes fatigués. Mais eux ne le sont pas, qui composent slogans, chansons et hymnes à la gloire de celui qu’ils présentent comme leur champion. Et voilà de nouveaux les groupes d’animation aux costumes multicolores qui se trémoussent et envahissent les écrans d’une RTG qui a du mal à se décostumer de la RTPDG. Nous sommes fatigués de ça.
Nous sommes fatigués. Mais eux ne le sont pas. Les voilà de nouveau en train d’instrumentaliser les jeunes qui, par centaines, arborent des tee-shirts aux effigies sans équivoque et déboulent des bus loués pour des caravanes soi-disant de « sensibilisation ». Sensibilisation à quoi ? Au vote du référendum, bien sûr ! Et c’est le visage du référendum qui est imprimé là, sur le tee-shirt ? A-t-on envie de leur demander ? Nous sommes fatigués de ça.
Nous sommes fatigués. Eux ne le sont pas. Mais pouvait-il en être autrement. Bien sûr que non. Car ces visages nous sont familiers. Ce sont toujours les mêmes acteurs, les mêmes metteurs en scène, les mêmes scénaristes et les mêmes producteurs des mêmes mauvais films qui ont été mille fois projetés aux Gabonais pendant des décennies pour les distraire des vraies questions existentielles. Nous sommes fatigués de ça.
Nous sommes fatigués. Car bientôt les partis politiques qu’on cherche à museler vont bientôt redonner de la voix et viendront envahir un paysage déjà bien fourni. Et si on aligne le vote référendaire que suivront les élections menant à la fin de la Transition, notre pays entrera dans une période électorale qui ne laissera de place à rien d’autre que langue de bois, démagogie et mensonges. Et ce sera le retour des vieux démons. Avec les mêmes acteurs et les mêmes mots qui nous ont conduit aux maux qui ont miné ce pays. Pour un renouveau, il faudra repasser.
Nous sommes fatigués. Nous sommes fatigués. Nous sommes fatigués.
Fidèle AFANOU ÉDÉMBÉ
Chroniqueur libre