Au cours d’un débat aux Nations Unies à New York, Isabel dos Santos, qui est actuellement la femme la plus riche d’Afrique a parlé de l’autonomisation économique des femmes africaines comme un élément essentiel dans la transformation de la société. Ses nombreux messages d’espoir et d’encouragement ont inspiré de nombreux citoyens de pays africains, principalement des jeunes femmes, à poursuivre leurs ambitions dans le monde des affaires.
Isabel dos Santos estime que certains des entrepreneurs les plus prometteurs et les plus prospères du monde étaient africains grâce à l’esprit d’entreprise du continent. Cet esprit a cependant été miné par la stigmatisation des femmes sur le lieu de travail. Cela a privé l’économie de précieux innovateurs et empêché les femmes de réaliser leurs ambitions. Mais en veillant à ce que les jeunes femmes puissent accéder à la même éducation, aux mêmes possibilités d’emploi et au même potentiel de croissance que les hommes, Isabel dos Santos croit qu’elle peut changer cette attitude et inspirer une confiance nationale envers les femmes.
Ce type de raisonnement s’inscrit dans sa philosophie plus générale de la réforme : « D’abord la graine, ensuite l’avenir. » Ce dicton semble aller à l’encontre du changement immédiat mais, au contraire, cela favorise une croissance lente et régulière. Les graines qu’il faudrait planter selon Isabel dos Santos sont également liées à la liberté économique des femmes – en créant des emplois, en assurant des formations et en brisant les discriminations sexistes, elle pense que les femmes peuvent connaître davantage de stabilité financière tout en offrant à leur pays d’origine une plus grande influence dans l’économie internationale.
La vision d’Isabel dos Santos d’une Afrique entrepreneuriale.
Isabel dos Santos a passé beaucoup de temps à planter ces graines en Afrique, concentrant ses efforts dans son pays natal, l’Angola, où elle rencontre des jeunes et leur parle du pouvoir de l’entreprenariat. Parfois, elle leur rend visite dans de petites salles agréables d’universités et d’autres institutions, parfois dans des salles beaucoup plus grandes au cours de ses discours et de ses débats. Le plus frappant, c’est qu’elle parle des entrepreneurs africains de renom comme d’une « grande famille » et invite tous ceux qui sont motivés pour travailler dur de les rejoindre.
Elle encourage souvent les jeunes femmes à tirer parti de la dépendance accrue du monde à l’égard de la technologie et de l’intelligence artificielle, qu’elle appelle la « numérisation ». Elle pense qu’il est essentiel de travailler à l’innovation technologique pour renforcer la présence de l’Afrique dans l’économie internationale tout en inondant le continent de possibilités d’emplois uniques. Avec seulement un ordinateur et une connexion Internet, les citoyens sans emploi ou sous-payés peuvent trouver d’autres emplois, parfois avec les salaires les plus élevés, plus courants dans les pays développés, pour soutenir leur famille et stimuler leur économie locale.
Lors d’une conversation avec des étudiants de l’Université de Warwick intéressés par le développement de l’Afrique, dos Santos dit à une jeune femme désireuse de réaliser ses ambitions « tout de suite » qu’elle doit être patiente et avoir non seulement un objectif mais également une série d’objectifs secondaires pour y parvenir. Elle encourage ensuite l’élève à s’impliquer le plus profondément possible dans les processus décisionnels qui influencent cet objectif et à comprendre qu’il est parfois important de se concentrer uniquement sur l’école, et à d’autres moment sur une carrière ou la création d’une entreprise. Ce type de conseil pour les hésitations stratégiques se retrouve dans un grand nombre de ses discours.
Isabel dos Santos est la fille de José Eduardo dos Santos, ancien président angolais de longue date. Une grande partie de sa richesse provient de ses investissements et de son ancien poste de présidente d’une compagnie pétrolière appartenant à l’État, Sonangol. Dos Santos se considère comme femme d’affaires et investisseur indépendante et est devenue la première femme milliardaire d’Afrique. Forbes la classe au 9ème rang des milliardaires les plus riches d’Afrique pour 2018.
Une lueur d’espoir dans un marché dominé par les hommes
Pour les jeunes femmes d’affaires de nombreux pays africains, l’histoire de son succès constitue une lueur d’espoir. Mais dos Santos a déclaré à beaucoup de journalistes que son ascension vers la richesse a été entachée par le sexisme qu’elle a dû endurer dans le monde des affaires africain dominé par les hommes. Elle ne manque pas d’anecdotes sur les préjugés et la discrimination liés à sa condition de femme, par exemple lors de réunions d’affaires où les gens avec qui elle négocie se tournent vers son assistant, son conseiller ou son avocat masculin pour obtenir sa validation, même si elle a déjà fait une offre. On lui demande aussi régulièrement dans quel secteur travaille son mari lorsque sa fortune est clairement établie.
Malgré ses tribulations dans le monde des affaires, Isabel dos Santos a conservé une perspective caritative et optimiste de la vie et elle a lancé de nombreux projets destinés à améliorer les petites communautés et les économies locales. L’un de ces projets a vu le jour à Humpata, dans la province de Huila, où Isabel dos Santos a aidé à développer un champ de fraises, « en plantant la graine » pour autonomiser les citoyens. Ce projet a permis à 120 femmes d’avoir un travail et un nouveau revenu. Sur son site Internet, Isabel dos Santos déclare :
« Créer des opportunités et des emplois pour les femmes signifie miser sur le progrès des communautés elles-mêmes. Lorsqu’elles prospèrent, les femmes investissent leurs revenus dans la famille, la santé et l’éducation. J’apprécie cela comme un sens du devoir, de l’engagement et du dévouement. L’impact que les femmes créent autour d’elles est puissant et transformateur. »
Elle appelle les autres entrepreneurs africains à redonner à leur pays en investissant dans des projets similaires. Même en étant modeste, elle estime qu’avec un soutien suffisant, ce type de travail philanthropique peut créer une chaîne de valeur suffisamment importante pour avoir un impact sur l’économie nationale. Par conséquent, les petites collectivités auront plus de citoyens prospères et davantage d’influence. Si ces nouveaux entrepreneurs sont des femmes africaines, Isabel dos Santos espère que leur succès contribuera à réduire la discrimination jugeant les femmes moins compétentes que les hommes.
Tout cela fait partie de l’un des objectifs plus larges d’Isabel dos Santos visant à accroître la prospérité des pays africains dans leur ensemble. Elle compte y parvenir en travaillant à partir de la base, en se concentrant sur l’individu, comme les jeunes hommes et les jeunes femmes prometteurs dans divers pays africains. En leur donnant les moyens d’agir, elle offre à son tour les moyens d’agir à leurs communautés. Cela crée de la valeur au sein les villes qui n’ont jamais eu la chance de prospérer et, si les économies locales se trouvent renforcées, cela rejaillira sur l’économie nationale.
« C’est la véritable transformation d’un pays », dit-elle. Cela commence avec un peu d’espoir et de promesse, en plantant des « graines », et ensuite, grâce au travail considérable des individus d’une communauté, un avenir meilleur peut devenir une réalité. »