J’ai suivi avec attention l’intervention du Vice-premier dont la parfaite maîtrise du verbe est reconnue par tous. Face à cette parfaite maîtrise du verbe, cette réponse vise pour reprendre l’expression du Vice-Premier Ministre à « éviter de prendre les gabonais pour des gens qui regardent et ne comprennent pas ce qui se passe ».
Sans être exhaustif, je vais me limiter à apporter 5 contributions aux propos de Mr Alain Claude BILIE-BY-NZE sur ce qui apparaît être à mes yeux une méconnaissance totale du fonctionnement d’une Démocratie.
1) « Le code électoral est une volonté des acteurs politiques de la Majorité et de l’opposition »: Totalement faux
En effet, l’article 3 de la Constitution dispose : « La Souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce directement, par référendum ou par ÉLECTION, selon le principe de démocratie pluraliste, et indirectement par les institutions constitutionnelles. » Le code électoral (loi) est le cadre permettant au peuple de s’exprimer, de ce fait son amélioration, son perfectionnement, etc…est de la responsabilité du peuple organisé soit en partis politiques ou en organisation de la société civile, ou même un citoyen indépendant ;
2) « La question d’un débat électoral sur la transparence du scrutin est un débat politique entre majorité et opposition, et non entre opposition et Ministre de l’intérieur… l’opposition doit demander ce débat au Chef de la Majorité et non s’adresser au Ministre de l’intérieur »: Encore Faux.
Ici encore, c’est totalement faux car le Vice-premier n’arrive toujours pas à distinguer Mr Lambert Noël MATHA, camarade du PDG et le même Lambert Noël MATHA, Ministre de la République. C’est en « République bannière » qu’on croit que c’est le Chef de la Majorité qui décide de tout. En Démocratie, sur pareil sujet, on saisit effectivement le Ministre de l’Intérieur qui soumet la question en Conseil des Ministres, soit pour la convocation d’un dialogue ou la rédaction d’un projet de loi, mais pas l’inverse.
3) « On doit sortir de la démocratie de la confrontation pour une démocratie de la participation et de la proposition « : Nous sommes d’accord, mais…
Je rappelle au Vice-premier Ministre que la participation et proposition sont traduites par des réflexions consignées dans des documents et non uniquement des discours à ne point finir. La Société Civile a effectué ses contributions à travers le COTED, l’opposition la sienne à travers son mémorandum, le tout déposé sur la table du Ministre de l’Interieur dont la compétence constitutionnelle est reconnue pour la co-organisation de l’élection. Où est la contribution de la Majorité ? 0, aucune. Un membre de la Majorité est très mal placé pour faire ce reproche à la Société Civile.
4) « Comment voulez-vous qu’on appelle une société civile qui participent aux réunions de l’opposition afin d’arbitrer le jeu électoral…donc c’est une société civile de l’opposition »: Totalement faux.
Là encore, nous prenons tristement acte de la non-compréhension du fonctionnement d’un État dont les forces vives sont réparties en Majorité, Opposition et Société Civile. La Société Civile veut aussi participer aux réflexions de la Majorité, mais la Majorité ne réfléchit que pour les tournées politiques jamais pour améliorer la démocratie. La Majorité a-t-elle un jour invité la société civile à un débat franc, sans tabous, comme nous l’avons régulièrement avec l’opposition et ce devant les médias ? Jamais. Mieux, la Société Civile à chacune de ses consultations a toujours invité la Majorité, qui demeure hostile à la réflexion et ne s’est jamais présentée. Où est notre responsabilité si ça réfléchit peu Gabon mais plus militantisme du côté de Majorité ?
5) S’agissant de la réforme du code électoral, que le Vice-premier Ministre retienne que la discussion sur cette question n’est pas le titre foncier de la Majorité, mais une question citoyenne dont la compétence est reconnue à tous, tant à la Majorité, qu’à l’Opposition, la Société Civile ou tout citoyen ayant l’âge de voté. Pour cela, la Constitution prévoit 3 interlocuteurs à savoir le C.G.E, le Gouvernement à travers le Ministre de l’Intérieur (en qualité de coorganisateur des élections) et le Parlement. Je renvoie respectueusement de ce fait, le Vice-premier Ministre à la lecture des dispositions suivantes :
- Article 14a, alinéa 19 de l’actuel code électoral : Le Centre Gabonais des Élections (C.G.E) peut initier la réforme du code électoral ;
- Article 53 de la Constitution: le Ministre de l’intérieur qui peut soumettre un projet de loi pour adoption en Conseil des Ministres ;
- Article 53 de la Constitution : le Parlement qui soumettre une proposition de loi.
Il n’y a qu’en République bannière où on est convaincu que la réforme d’un code électoral doit toujours faire l’objet des dialogues à coût de milliards. Dans les vrais Démocratie, ces réformes se font au calme, le plus souvent au Parlement car lieu de réflexion et non caisse de résonnance du Gouvernement comme c’est le cas au Gabon.
Une fois encore, la Société Civile est dans son rôle à la différence qu’elle est plus confortable autour des tables de réflexions que celles de militantismes et vénération de Leader politique.
Geoffroy FOUMBOULA LIBEKA MAKOSSO