Dense, profonde, et apparemment impénétrable, le domaine forestier gabonais, s’étend sur 22 millions d’hectares. Elle offre un refuge à tous, qu’il s’agisse d’espèces animales ou végétales rares en voie de disparition ou de miliciens redoutables. On ne se rend pas compte, mais cette forêt respire. Les peuples autochtones ont vécu en harmonie avec leurs forêts pendant des millénaires. Ils en sont les gardiens originels.
En prêtant à la fois attention aux notions religieuses liées à la forêt, à des pratiques quotidiennes et à l’histoire locale. Les populations du Gabon, entretiennent une relation avec la forêt qui s’insère tantôt dans la tradition des ancêtres tantôt dans celle du marché local et mondial. Ainsi, la question du pouvoir dans la gestion des ressources naturelles se pose. Les changements de la végétation nécessitent des négociations entre les différentes parties de la population, en particulier entre les aînés et les cadets et entre les autochtones et les immigrés, ainsi que entre la société locale et le gouvernement. Car, la forêt cerne les populations, et accorder de l’importance aux forêts est l’une des meilleures manières de les protéger et de préserver les ressources offertes à leurs habitants.
Mais curieusement, depuis une trentaine d’années les Occidentaux ont développé le concept de « gestion durable des forêts » tropicales. Alors qu’ils sont paradoxalement responsables de la déforestation massive des forêts d’Afrique centrale, résultat de la politique des bailleurs de fonds. La stratégie de ces derniers a consisté à encourager l’exploitation industrielle du bois affirmant depuis la période coloniale, que cette industrialisation était une source de développement économique pour les pays producteurs et ne risquait pas d’endommager l’environnement si elle respectait certaines règles. D’ailleurs, de nombreux autres projets destinés à établir des réserves naturelles pour protéger la biodiversité nient les droits territoriaux des peuples autochtones qui sont repoussés aux limites extrêmes de leurs territoires. Cette forme de spoliation territoriale est devenue l’un des problèmes les plus graves auxquels sont confrontés les peuples autochtones aujourd’hui.
Aujourd’hui, il apparaît plus qu’urgent de préserver la forêt gabonaise parce qu’elle est indispensable pour sa capacité à aspirer d’énormes quantités de carbone et à freiner le rythme du changement climatique et qu’elle absorbe beaucoup moins de dioxyde de carbone qu’auparavant.