Trois camions chargés ont été retrouvés garés au village Melep, sur la route d’Eboro, prêts à démarrer à tout moment en direction de Nkok, dans l’usine de la société GMM. Cette entreprise qui dispose d’une usine de transformation de Kevazingo, serait désormais au cœur d’une vaste opération de blanchiment et de détournement de Kevazingo qui pourrait se solder par un grand scandale dans les tout prochains jours, si une enquête sérieuse venait à être ouverte autour de ces chargements.
Selon certaines indiscrétions qui nous parviennent, il se trouverait que Lee White serait en train d’être victime de la confiance qu’il aurait placé en la personne de son directeur général adjoint des Forêts et ses collaborateurs des services provinciaux, à savoir le directeur provincial du Woleu-Ntem et le chef de cantonnement de Bitam.
Dans ces trois camions chargés au village Melep, se trouvent des bois non déclarés par la société GMM installée à Nkok (dans la province de l’Estuaire), dans les autorisations qui lui avaient été accordées en 2017, par le ministère des Eaux et Forêts. Après plusieurs années sans pouvoir exploiter les volumes de bois qui lui avaient été attribué par le ministère des Eaux et Forêts, cette société et son partenaire Ultra bois, ont réussi à convaincre le ministre Lee White de la nécessité de les laisser procéder à la récupération de leurs volumes de bois encore au sol. Une doléance qui trouvera l’assentiment du ministre Lee White, à la seule condition que le processus se passe sans heurts et dans la légalité.
Une première étape de ce processus a alors été amorcée dans les villages. Ce processus qui devait conduire à une opération de confirmation des volumes de bois au sol, s’est transformé en une opération d’inventaire de nouveaux volumes de bois devant être introduit dans le certificat de cession de la société Ultra-bois, partenaire de GMM. Il s’agirait désormais d’une véritable opération de substitution de bois, conduisant au détournement et au blanchiment des bois de l’Etat. Il est impossible que cette opération se fasse sans la complicité des agents des Eaux et Forêts en poste au cantonnement de Bitam. Le chargement d’un bois identifié dans un certificat de cession est inévitablement précédé d’une vérification des points de géolocalisation et des villages concernés.
Les agents des Eaux et Forêts installés dans chaque département maîtrisent parfaitement les villages dudit département et ne peuvent donc trouver de raisons justifiant qu’un opérateur qui ne dispose pas dans son certificat de cession initiale de 2017, des bois situés dans le village Bikasse, ou Adzap se retrouve subitement avec des volumes de bois dans ces villages. Le ministre Lee White en signant les documents à ces opérateurs exploitants ne se doutait pas que ces derniers avaient d’autres plans à mettre en œuvre. Certains villageois commencent à se plaindre du fait que ces opérateurs ne prennent que les gros bois et laissent les autres de côté.
Le ministère des Eaux et Forêts qui est pourtant engagé dans un processus de relance de vidange des volumes de Kevazingo acquis par le biais de certificats de cessions voit ainsi son action être plombée par ces deux opérateurs économiques et la direction générale des Forêts.