La dernière semaine du mois de mars on n’a vu une Dénise Mekam’ne, ministre d’Etat, ministre des relations avec les Institutions Constitutionnelles et les Autorités Administratives Indépendantes au cours d’un journal de Gabon Télévision de 20 heures, soumettre aux Sénateurs un projet de loi au parlement pour que la corporation des médias n’ait plus à choisir au cours d’une élection deux représentants sur neuf que compte le collège des conseillers membres de la Haute Autorité de la Communication(HAC). Un véritable recul démocratique.
Pourtant, l’initiative obtenue lors du dialogue politique tenu à Angondjé en 2017 était salutaire. Malheureusement, il aura fallu seulement que les deux professionnels des médias et de surcroît indépendants choisis au sortir de l’élection de 2018 dans les locaux de Gabon télévision ne fassent qu’un mandat pour que les ennemis de la presse cherchent désormais à mettre un terme à cet acquis d’Angondjé. Si tel est que ce droit se trouve ballonné par le gouvernement que dirige Alain-Claude Bilie By Nzé, il sera difficile de sortir de l’élection présidentielle 2023 apaisé parce que tout ce qui a été retenu lors du dialogue politique initié et voulu par Ali Bongo Ondimba sera également vomis avant ladite présidentielle. La preuve est là !
Cette nouvelle réforme que veut initier le gouvernement de Bilie By Nzé n’a pas de sens et n’a pas sa place au moment où les Gabonais souhaitent l’amélioration de leurs conditions de vie. Il faut vraiment être plus qu’aigri pour penser refuser ce droit aux professionnels des médias, surtout indépendants. Comment comprendre que dans un pays qui se veut démocratique avec une pluralité des médias on n’en vient à donner seulement la possibilité au Président de la République de nommer trois conseillers membres idem pour le président du Sénat et celui de l’Assemblée Nationale ? Où se trouve l’égalité des chances, lorsqu’on sait que le gouvernement veut maintenant politiser la corporation ?
Ainsi, pour prétendre avoir une nomination comme conseiller membre à la HAC la condition serait d’adhérer au Parti démocratique gabonais (PDG). Où sera alors l’équilibre de l’information ? Et que dira reporter sans frontières (RSF) ? Visiblement, seuls les confrères des services publics ayant une carte d’adhésion au PDG pourront prétendre bénéficier de cet avantage par la négociation au poste de conseiller membre de la HAC au niveau des présidents des deux institutions.
Heureusement, cela ne se passera pas ainsi ! La corporation plus que par le passé dira non à cette forme de ballonnement de la presse gabonaise, où certains pensent qu’ils sont les seuls à bénéficier des avantages du sol et du sous-sol en un mot de la richesse du pays.