En 1986, avec la baisse conjuguée de prix du baril de pétrole, sa principale richesse, et du taux de change du dollar américain, le Gabon pour la première fois, n’était plus solvable. Le solde de la balance courante accusait un déficit de 30 % du PIB. C’est ce qui a contraint les autorités gabonaises à négocier avec le FMI et la Banque Mondiale la mise en œuvre d’un Programme d’ajustement structurel, en vue d’un rééchelonnement ou d’un allégement de la dette.
Aujourd’hui, le Gabon par sa position de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieur, et en dépit du niveau de pauvreté existant, est resté le seul pays d’Afrique subsaharienne à ne pas bénéficier de ces facilités qui dépendent étroitement de cette classification. La gestion des fruits de la croissance n’a pas permis de tranformer le pays jusqu’à un niveau adéquat. Ce paradoxe déconcerte et inquiète, car la rente se déprécie et la structure économique déjà fortement cloisonnée est en plus, faiblement diversifié.
Du point de vue des experts, la soutenabilité de la dette est mesurée par un ratio « service de la dette/exportation devant se situer entre 20 et 25 % ». Par contre, l’investissement, élément primordial pour la croissance ne représente que 13 % des recettes propres et 10 % du budget de l’Etat. Cette situation hypothèque non seulement l’avenir des générations futures, mais également la survie des générations actuelles.
En effet, la résolution du problème de la dette, doit englober tous les aspects, économique, social, culturel, écologique, technique et politique. La dette n’est donc pas seulement de nature économique. Son remboursement a des implications sociales et s’accomplit par la violation des droits humains, il suffit d’analyser le budget réel de la santé et de l’éducation pour s’en convaincre.
Il serait donc anormal, voire immoral de demander au gouvernement de consacrer plus de ¾ de ses ressources propres au traitement de la dette. Ce qui a pour corollaire, la réduction des programmes sociaux, l’impossibilité de maintenir des infrastructures existantes, l’aggravation du chômage etc. Tout cela contribue à l’émergence des conflits sociaux.