A l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle, célébrée ce 21 février 2023, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) recommande l’adoption d’une politique d’éducation multilingue et de prioriser l’enseignement des enfants dans leur langue maternelle dès les premières années de scolarité.
Mais, le Gabon est un pays multilingue, on y compte près d’une cinquantaine de langues, où seul le fang, parlé par 32 % de la population constitue une langue importante, avec le Mpongwè (15 %), le mbédé et l’Obamba (14 %), et le punu (12 %). Les autres langues gabonaises ne sont parlées que par de toutes petites communautés, parfois tout juste 5000 locuteurs, souvent moins. La plupart des langues gabonaises appartiennent à la famille bantoue. Chacun des groupes d’origine bantoue (Fang, Bakota, Mbédé, Okandé, Myéné, Mérié) compte plusieurs variétés dialectales de sorte que les Gabonais parlent souvent entre eux le français comme langue véhiculaire. Seul le baka, parlé par les Pygmées, est une langue non bantoue (langue nigéro-congolaise).
Aussi, les défis sont nombreux, tant au niveau technique que sociopolitique, concernant l’utilisation de la langue maternelle dans la quête du savoir et du développement durable. Il s’agit de prévoir notamment : la formation pédagogique des enseignants, la disponibilité de logiciels appropriés de langue qui facilitent la production qualitative des documents, la mise en place d’une politique éditoriale conséquente pour garantir la disponibilité des manuels et matériels didactiques, en quantité et en qualité, le choix judicieux des méthodes et leur optimisation grâce à la prise en compte des TIC, etc.
Dans cette optique, l’adoption d’une politique linguistique explicite qui valorise les langues maternelles gabonaises est fondamentale pour l’orientation des actions de réformes scolaires par exemple, et peut constituer un facteur de stimulation de la recherche, tout en favorisant l’adhésion des communautés, des autorités administratives et politiques au processus d’intégration des langues maternelles dans le système éducatif.
Qu’à cela ne tienne, la langue maternelle est assurément le point de départ de toute connaissance susceptible d’être enrichie grâce à la connaissance d’autres langues et d’autres réalités multiculturelles et multidimensionnelles du monde.