Tombés en disgrâce auprès de leurs anciens alliés, Brice Laccruche Alihanga et ses amis devaient absolument tutoyer l’humiliation, la spoliation et la prison. Le motif servi à l’opinion publique était une affaire de détournements de fonds publics en bande organisée. C’est ainsi que naquit l’opération scorpion qui était chargée d’atteindre cet objectif quand bien même les arguments fournis pour y parvenir avaient fortement été contestés par un organe de l’ONU.
Aussi, on peut comprendre pourquoi le chef d’accusation qui a récemment fait condamner l’ancien directeur de cabinet du président de la République à 5 ans de prison a changé en cours de route. Il était maintenant question d’identité frauduleuse. Or, en créant cette jurisprudence dont on ne mesure pas les conséquences gravissimes, on a juste envie de se demander quid de tous ceux qui n’ont pas été reconnus par leur géniteur dans leur acte de naissance.
Dans le cadre de ses diverses opérations, dont scorpion, la direction générale des services Spéciaux de la Garde Républicaine et d’autres services sont sensés rendre compte au ministre de la défense. Et à cette époque, c’est bel et bien à Rose Christiane Ossouka Raponda qui occupait le poste. C’est dire qu’elle n’est pas étrangère à la prétendue lutte contre la corruption dont on a parlé dans notre pays.
Devenue cheffe du gouvernement entre temps, certainement une récompense pour la mission accomplie, nul ne comprend pourquoi le ministre du pétrole, Vincent Massassa, qui a directement tenté de la corrompre n’est toujours pas viré du gouvernement, ne serait-ce que pour le symbole ou pour la crédibilité du discours anticorruption. C’est dire que (1) soit c’est une affaire montée de toutes pièces à la primature, (2) soit le ministre du pétrole était en mission commandée avec pour objectif de la « virer ».
Cette dernière hypothèse soulevée semble la plus plausible car la grenade qui vient d’être dégoupillée par 3 conseillers municipaux de l’opposition n’est pas pour assurer un sommeil du juste à Edith Cresson du Gabon. En effet, il est question de faux et usage de faux en écriture comptable dans l’exercice 2018 selon les documents reçus. Et cette année c’est elle qui était le maire de la Capitale.
Dans ce chapitre, de nombreux compatriotes avaient donc eu raison de s’interroger quant à la rapidité avec laquelle Léandre Nzue, son successeur, avait été jeté en prison, quelques jours seulement avant le fameux conseil municipal qui aurait pu relever ou révéler certaines anomalies de gestion.
D’où pourrait partir ce coup terrible qui ne pourra qu’emporter la cheffe du gouvernement? Deux récits historiques peuvent aider à répondre: (1) François Fillon voulait jouer au monsieur propre de la droite en donnant des leçons à ses adversaires. Pas une, pas deux on lui a servi l’affaire Pénélope qui l’a politiquement tué. (2) Pour en finir avec Valéry Giscard d’Estaing, la vraie Edith Cresson organisera une rencontre secrète et déterminante entre Jacques Chirac et François Mitterrand. La suite on la connait. C’est dire qu’en politique, des alliances contre nature existent et savent alimenter le moulin des déchéances.
Dans un système où la corruption n’est pas une denrée rare, il est souvent très mal perçu de vouloir jouer au personnage intègre, surtout quand on traînerait des squelettes dans son placard. Aussi, une seule question vaut son pesant d’or: Pourquoi les documents des comptes administratifs et de gestion des exercices 2018 et 2019 transmis par « Léandre Nzue » avant son emprisonnement sont-ils différents de ceux qui ont été présentés après? Qui a modifié les informations et dans quels buts?
Voici le premier dossier technique mais très politique que René Aboghe Ella et ses équipes auront à traiter. Les saintes écritures sont formelles: qui tue par l’épée périt par l’épée. Participer à jeter des compatriotes en prison pour « faux et usage de faux ou pour corruption » voudrait dire que soi même on s’expose si les faits reprochés sont les mêmes.
Par Télesphore Obame Ngomo