Décidément, le sort s’acharne contre l’intelligentsia gabonaise. Après le décès du professeur ANACLÉ BISSIELO, voilà, en espace de quelques semaines seulement qu’une autre sommité de la culture et du savoir gabonais vient de s’éteindre, nous laissant sans voix.
Le professeur Alain ONDO est mort.
Tel un couperet, la nouvelle est tombée ce matin avec une si grande violence que j’ai eu le vertige.
Qui m’appellera encore « Agir » comme tu aimais si affectueusement le faire, avec ta voix inimitable ?
C’est presque en courant que je sortais de mon bureau pour te recevoir quand mes collaborateurs venaient m’annoncer que tu étais là, à mon officine et que tu voulais me voir. J’avais toujours reçu tes visites comme un privilège et une chance de discuter avec un savant, au-delà des liens de parenté par alliance qui nous unissaient.
Nul n’est prophète en son pays, a-t-on coutume de dire, mais dans ton cas cette assertion n’est pas totalement vraie. Même si de ton vivant, le Gabon officiel ne t’a pas apporté d’aide suffisante à la hauteur de tes attentes, mais nous savons tous que les dirigeants gabonais sont toujours prompts à dérouler le tapis et offrir les budgets du pays aux étrangers et aux médiocres.
Les Gabonais te seront toujours gré d’avoir formé des centaines de médecins ; d’avoir soigné et d’avoir sauvé de la mort des milliers de bébés.
Professeur Alain ONDO, je peux ici, affirmer que tu es le meilleur pédiatre gabonais que notre pays ait eu. La drépanocytose, cette pathologie génétique du sang n’avait pas de secret pour toi et tes nombreuses recherches et publications sur le sujet ont fait de toi un éminent spécialiste reconnu par la communauté scientifique internationale.
Les Gabonais de ma génération se souviennent aussi du footballeur talentueux que tu fus. Après donc avoir brillé et fait vibrer les amoureux du ballon rond tu as brillé dans le milieu médical. Et ça, même tes pires ennemis le reconnaissaient en privé.
On peut donc dire, cher professeur et ami, que tu étais né pour briller.
Maintenant, que tu nous quittes, telle une étoile, continue, s’il te plaît, depuis là haut à nous guider et à montrer le chemin à tes collègues médecins et à tous les chercheurs scientifiques.
Professeur, les jeunes Gabonais et Africains avaient besoin d’une source d’inspiration et d’un modèle, comme l’est l’autre savant qui nous a quittés il y a quelques décennies de cela, je parle du Sénégalais Cheickh Anta Diop.
Merci d’avoir existé et de nous avoir montré que par le travail et l’abnégation on peut s’élever au dessus de la mêlée et briller, j’allais dire scintiller.
Dr Alphonse LOUMA EYOUGHA
Docteur en Pharmacie,
Addictologue.
Président fondateur de l’ONG agir pour le Gabon,
Fondateur de « ALIA & ZEIDA clinique »