Les médias sont loin d’être à la botte des hommes politiques en Europe, mais pourtant au Gabon la connivence entre ces deux pouvoirs est la preuve que les journalistes succombent aux pressions financières.
A l’approche des élections générales au Gabon, la volatilité électorale est très forte, car les électeurs sont aujourd’hui moins nombreux à voter. Ces derniers sont enclins à faire leur choix durant les campagnes. Les messages électoraux ont donc potentiellement plus d’influence sur l’électorat qu’il y a quelques décennies. Ainsi, les candidats des tenants du pouvoir aux différentes élections s’exposent davantage aux médias de masse étrangers, et en particulier à la presse écrite comme « Jeune Afrique ». Le rythme de plus en plus soutenu avec lequel ces médias rapportent l’information locale leur permet d’accroître leur impact sur l’opinion publique gabonaise. Or, aux Etats-Unis ou en France par exemple, l’opinion publique tient une place croissante dans la légitimation de l’action gouvernementale, voire dans son orientation.
En ne favorisant pas d’interaction entre les autorités gabonaises et l’opinion publique, ces médias étrangers ne participent pas à l’Etat de droit, ni à une certaine transparence de l’activité gouvernementale et encore moins au fonctionnement démocratique du Gabon. Force est de constater qu’ils servent de relais à une communication politique et à des idéologies en choisissant de diffuser un message orienté et partial. En répétant la même information régulièrement, ils dictent donc l’agenda médiatique. Cela peut aboutir à un débat démocratique biaisé et donc à un résultat biaisé. Car, les médias ne font pas l’élection, mais ils peuvent y contribuer s’ils ne font pas attention. Peut-être que, ce ne sont pas ces médias étrangers qui, in fine, font l’élection, mais ils peuvent choisir le menu et quand on choisit le menu, on influe sur l’élection.
Qu’à cela ne tienne, la plupart des électeurs ne font pas attention à ce que disent les médias, et puis les Gabonais votent aussi en fonction de leurs valeurs et de leurs préférences.