Gabon/A la découverte de Chef Anto.

Le Chef Anto est une  gabonaise à domicile, basée à Paris, fière promotrice d’une « cuisine panafricaine », comme elle aime à le dire. Elle est maître d’œuvre du projet de marque ethnique et durable IWORA réalisée par l’association action sociale IWORA dans le cadre de l’appel à projets PISCCA 2017.

Née en 1982 à Alès de parents gabonais étudiant en France, Chef Anto a grandi au Gabon, « bercée » par la cuisine de ses grand mères, tantes et de sa mère. Elle passe beaucoup de temps dans les cuisines familiales, où règne une « ambiance » particulière, chaleureuse, et où les femmes de la famille échangent sur divers sujets (« kongossa ») tout en lui transmettant leur savoir-faire culinaire. Ingénieur de formation, son père travaille à l’époque au Ministère des Mines mais Chef Anto n’est pas attirée par la fonction publique. Sa mère exerce quant à elle le métier de nutritionniste, duquel elle tire des enseignements en matière d’apports nutritionnels des aliments. Cependant, elle n’est pas non plus attirée par ce métier et décide, dès la troisième, d’ouvrir son premier « commerce informel », comme elle s’amuse à le dire, et confectionne ainsi des madeleines et gâteaux qu’elle vend à ses camarades de classe. Ce premier commerce rencontre un franc succès puisque, en terminale, les différents élèves du lycée, et non plus uniquement de sa classe, viennent la voir pour en acheter. Elle développe ainsi des compétences en comptabilité. Quand bien même ses parents avaient d’autres projets professionnels en tête pour leur fille, en voyant le succès de cette première petite « entreprise », sa mère parvient à convaincre son père de la laisser tenter sa chance dans le domaine de la cuisine. En 2002, elle arrive en France pour effectuer une mise à niveau à l’école hôtelière de Grenoble avant de poursuivre avec un BTS en hôtellerie/restauration (option B). Dans le cadre de son BTS, elle réalise un stage au Carlton à Cannes, où elle découvre la cuisine autour de l’évènementiel. Puis elle s’inscrit en licence en alternance à l’Université Pierre Mendès France, Direction Unité de Restauration. Elle est manager de restaurant Autogrill en alternance (contrat de professionnalisation). Pour compléter sa formation, elle part à Paris en 2007 pour réaliser un bachelor restaurateur option traiteur à l’école française de gastronomie Grégoire Ferrandi. Elle y apprend les différents métiers de l’évènementiel (marketing, comptabilité, logistique, décoration, etc.). Par la suite, elle effectue un échange universitaire de 6 mois aux Etats-Unis à l’université Johnson & Wales de Providence, près de Boston. Pendant 3 mois, elle est en stage pratique au Carlton. Elle retourne ensuite en France où elle travaille comme commerciale chez un traiteur haut de gamme de 2010 à 2014. Elle se rend cependant compte que les produits en provenance d’Afrique subsaharienne sont moins bien connus. En 2015, elle est licenciée et travaille sur des évènements quand il y a besoin. Cherchant à concilier vie professionnelle et vie de famille, elle décide donc de devenir chef à domicile en 2016, métier qu’elle a découvert il y a peu. Faisant le constat une nouvelle fois que toutes les cuisines du monde sont très représentées hormis celle d’Afrique subsaharienne, elle rejoint un réseau de chefs en ligne pour promouvoir cette cuisine en travaillant sur le visuel, avec des produits venant essentiellement d’Afrique, aux apports nutritionnels vérifiés (exemple : le manioc ne contient pas de gluten). Elle développe ce qu’elle appelle une « cuisine panafricaine », réalisant que beaucoup de recettes d’Afrique subsaharienne sont similaires mais adaptées à leur environnement. Elle cherche à préserver l’essence des produits. Son premier blog s’appelle « La cuisine d’Anto » mais le nom de domaine étant déjà pris, elle évolue vers « Le Chef Anto », son prénom, « Antompindi », signifiant littéralement « femme des champs » (« anto »=femme et « mpindi »=champs).

Focus sur le projet de marque ethnique et durable IWORA, avec l’Association Action Sociale Dorcas, dans le cadre du PISCCA 2017.

Sa tante, Madame Hélène Mbadinga, est la fondatrice de l’Association Action Sociale Dorcas. Elle s’est toujours engagée pour la cause des femmes démunies, leur enseignant les arts ménagers et leur apprenant à lire et écrire, afin qu’elles s’autonomisent. Il y a deux ans, elle fait parvenir à Chef Anto un tablier de cuisine, qui, suite à la publication d’une photo le mettant en valeur, suscite un grand engouement sur les réseaux sociaux. Elle comprend alors l’intérêt de créer une marque ethnique, car tout le monde souhaite acheter un exemplaire dudit tablier. En août 2017, elle vient passer des vacances au Gabon et en discute avec sa tante. Elles décident ensemble de développer une marque d’accessoires de cuisine. L’idée derrière ce projet est avant tout d’aider l’association à devenir autosuffisante, cette dernière n’ayant pas ses propres locaux et devant faire face à de lourdes charges. Elle passe sur la station de radio Urban FM pour parler du projet, qui suscite immédiatement l’intérêt du service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France au Gabon. Chef Anto soumet donc un projet avec Dorcas pour le PISCCA 2017, qui est retenu par le comité de sélection présidé par l’Ambassadeur, Haut Représentant de la République française au Gabon, en septembre 2017. La production débute alors. Chef Anto, en tant que maître d’œuvre du projet, réalise régulièrement des visites pour superviser l’achat de tissus, de matériel et s’assurer de la conformité des produits. Elle était au Gabon récemment afin de réceptionner la première production le 2 mars 2018. Avec ce projet, elle souhaite faire profiter de sa récente notoriété/visibilité pour investir dans son pays. Dorcas est une association qui s’adresse aux femmes en situation de précarité, c’est un combat qui la touche et, elle veut le croire, qui touchera également les futurs clients de la marque. Plus largement, ce projet vise avant tout l’autonomisation des jeunes filles à travers l’acquisition d’un savoir-faire technique et la perspective d’une rémunération. L’idée est de les encourager à devenir de futures entrepreneures, sur le modèle de Chef Anto. Ces jeunes filles formées par Dorcas aux métiers de couturière et de coiffeuse seront en quelque sorte « parrainées », soutenues par ces futurs clients, puisque les revenus bénéficieront également à l’association.

 

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