L’Éthiopie a inauguré, le 9 septembre 2025, son Grand barrage de la Renaissance (GERD) après quatorze années de travaux titanesques. Considéré comme le plus grand ouvrage hydroélectrique du continent africain, ce mégaprojet symbolise à la fois la fierté nationale et l’ambition de l’État éthiopien de se hisser parmi les puissances énergétiques régionales. Le Premier ministre Abiy Ahmed a qualifié cette réalisation de « grande réussite pour toutes les populations noires », soulignant sa portée au-delà des frontières éthiopiennes.
Avec une capacité de production estimée à 5 150 mégawatts, le barrage devrait permettre à l’Éthiopie de doubler sa production annuelle d’électricité. Cette prouesse énergétique vise non seulement à répondre aux besoins croissants de la population et des industries locales, mais également à réduire la dépendance aux énergies fossiles. Pour un pays où des millions de citoyens n’ont pas encore accès à l’électricité, le GERD marque une étape décisive vers l’électrification universelle et la modernisation des infrastructures.
Au-delà de ses retombées nationales, le barrage constitue un levier économique majeur. Addis-Abeba prévoit de vendre son excédent énergétique aux pays voisins, générant des revenus estimés à un milliard de dollars par an. Cette manne financière permettra de renforcer la stabilité macroéconomique du pays, d’investir dans de nouveaux projets de développement et de consolider le rôle de l’Éthiopie comme hub énergétique en Afrique de l’Est.
Le GERD incarne également un symbole d’indépendance et de souveraineté. Financé à hauteur de 5 milliards de dollars, sans aide occidentale, ce projet traduit la volonté de l’Éthiopie de bâtir son avenir avec ses propres moyens. Loin des conditionnalités imposées par les bailleurs internationaux, Addis-Abeba s’offre une infrastructure stratégique qui réduit sa vulnérabilité et lui donne une place centrale dans les dynamiques régionales.
Sur le plan social, ce projet est l’un des rares à susciter un consensus national en Éthiopie, malgré les tensions internes et les conflits dans certaines régions. Le GERD apparaît ainsi comme un facteur d’unité et de fierté collective, renforçant l’identité nationale autour d’une réalisation concrète au service du progrès. En donnant accès à l’électricité à des millions de foyers et en créant de nouvelles opportunités économiques, il contribue à améliorer directement la qualité de vie des citoyens.
Si l’Égypte a exprimé ses vives protestations auprès du Conseil de sécurité de l’ONU, dénonçant une « violation du droit international », le gouvernement éthiopien a rassuré que le barrage n’affectera pas le développement des pays en aval. Pour Addis-Abeba, il s’agit avant tout d’un projet de développement durable et inclusif, porteur d’espoir pour toute la région. Le Grand barrage de la Renaissance marque ainsi une rupture historique : l’Éthiopie passe du statut de pays fragile à celui de puissance énergétique émergente sur le continent africain.

