Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Depuis la nuit des temps, l’homme se pose ces trois questions existentielles. L’homme vise ainsi à maîtriser le présent, à connaître ses origines et à prévoir son avenir.
Le monde est en perpétuel changement et les Gabonais ne peuvent traverser ces mutations sans être eux-mêmes transformé. A fortiori, sur plusieurs générations, la culture d’une société change et définit de nouvelles manières d’être, de faire et de penser. Ainsi, l’homme est responsable de ce qu’il devient car il se construit lui-même dans un monde fait de mutations.
La liberté n’est jamais qu’une illusion que se donne l’homme. Elle lui laisse croire qu’il maîtrise son destin mais en fait, il est prisonnier de son histoire et il reproduit les habitudes de vie, les valeurs, les pratiques sociales et culturelles dont il a hérité. La continuité serait donc plus ancrée dans les rapports humains que ne le seraient la rupture ou le changement et cela vaudrait également pour le développement des sociétés à long terme.
Cherchons à rassembler les Gabonais. À dire à toute leur égale dignité, leur chance aussi d’habiter un pays si beau à la culture si féconde. Mais un pays ne peut se développer que dans la mesure où le peuple qui l’habite en prend soin, dans la mesure aussi où les générations cherchent à dépasser l’horizon de leur courte vie pour transmettre aux générations suivantes un pays encore plus beau, plus uni, où il fait bon vivre.
Cette construction incessante unit le passé et l’avenir, l’enracinement et l’ouverture. Et tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions politiques ou leurs origines, en sont responsables. Les Gabonais, unis dans un même hommage, devraient s’interroger.
En effet, les problèmes sur les fractures sociales perdurent. En démocratie, un Président de la République ne peut pas tout. Il existe une responsabilité collective que le peuple gabonais a en partage. Car la paix et la solidarité ne vont pas l’une sans l’autre. On ne vit pas uniquement sur le futur mais en fonction d’une expérience, fondée sur le passé. Il faut donc se souvenir pour éviter de répéter dans l’avenir des erreurs qui peuvent être dramatiques.
À travers les générations de familles, l’histoire montre que les trajectoires individuelles se tissent entre des voies parallèles qui conjuguent continuité et rupture, déterminisme et liberté. Il est vrai que la société change tout en conservant les mêmes écarts entre les familles sur plusieurs générations. L’histoire de la transmission confirme bien que la réalité du passé traverse les générations en dépit des bouleversements liés au monde postmoderne, le changement se fait dans la continuité. Autrement dit, les Gabonais construisent leur devenir dans un champ de possibles que l’histoire oriente. Le poids du déterminisme ne doit pas pour autant réduire la succession des générations à un ensemble de trajectoires immuables. Les Gabonais ne restent pas nécessairement passifs face à l’héritage. Par la narrativité, ils favorisent la prise de conscience des mécanismes intergénérationnels et transgénérationnels qui le traversent.