Le procès de Sylvia et Nourredin Bongo Ondimba s’est ouvert ce lundi 10 novembre 2025 au tribunal de Libreville, mais il s’agit en réalité du procès de la justice gabonaise elle-même. Les magistrats qui siègent dans ce dossier portent sur leurs épaules un fardeau triple : celui du peuple, celui du droit et celui de la vérité.
Les attentes populaires sont immenses, nourries par des années d’impunité et de frustration collective. Les Gabonais attendent des comptes clairs sur les milliards saisis dans les comptes des Bongo et sur les mécanismes d’audit mis en place pour garantir la transparence.
Mais la justice n’a pas de couleur, elle n’a que des principes. Elle n’est ni rouge ni verte, ni présidentielle ni populaire. Elle est ce socle fragile sur lequel repose la confiance d’un État. Et si elle fléchit aujourd’hui, elle s’effondrera demain avec le pays tout entier.
Les pressions politiques, médiatiques et diplomatiques sont fortes, mais les magistrats doivent rester droits et impartiaux. L’histoire retiendra leur nom, et leur décision aura des conséquences profondes sur l’avenir du Gabon.
« La cité ne périt pas quand les murs tombent, mais quand les juges se taisent », affirmait Solon, législateur et poète athénien. Aujourd’hui, les juges gabonais doivent se rappeler que leur honneur se mesure à leur fidélité à leur conscience, et non à la faveur du pouvoir.
Le procès de ce 10 novembre n’est pas celui d’une famille, mais celui d’un système. Et ce système sera jugé à travers les juges eux-mêmes. La justice gabonaise doit se demander non pas ce qu’elle fera des Bongo, mais ce qu’elle fera d’elle-même.
Les investisseurs étrangers observeront attentivement le déroulement de ce procès, car un pays où la justice est incertaine, c’est une économie sans boussole. Le droit est la première garantie d’un contrat, avant même la monnaie ou les taux d’intérêt.
Le peuple gabonais n’attend pas des condamnations spectaculaires, mais des comptes clairs. Où sont passés les milliards saisis dans les comptes des Bongo ? Quels mécanismes d’audit ont été mis en place ? Pourquoi le procureur de la République garde le silence sur la restitution des fonds ?
L’article 33 du Code de transparence et de bonne gouvernance impose que tout bien confisqué ou recouvré soit déclaré publiquement et affecté au Trésor national. Si cela n’est pas fait, alors ce procès n’est plus une quête de justice, mais une opération de communication.
Le procès de la justice gabonaise a commencé. Les magistrats doivent rester droits et impartiaux, pour que le Gabon retrouve confiance en son système judiciaire.

