Affaire Karpowership: Un ministre de Ndong Sima répond aux enquêteurs de la DGR

L’affaire Karpowership, révélée par Africa Intelligence le 28 octobre 2024, suscite actuellement l’attention des enquêteurs de la Direction générale des Recherches (DGR) au Gabon. Au cœur de l’enquête se trouve  Jeannot Kalima, un acteur clé présumé de l’accord controversé entre la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) et Karpowership, une entreprise turque spécialisée dans la production d’électricité à partir de navires-centrales. Ce contrat vise à fournir une solution énergétique d’appoint au pays, mais les termes et conditions de l’accord semblent aujourd’hui poser de sérieux problèmes.

Le 10 mai 2024, une délégation turque dirigée par Ali Hjaiej, vice-président de Karpowership International, était présente à Libreville pour finaliser cet accord. Selon le média, Jeannot Kalima aurait alors convoqué en urgence le directeur de la SEEG, Guy Georges Ngamamba, et son équipe juridique pour accélérer la signature du contrat. Ces discussions, tendues, se seraient prolongées jusqu’à tard dans la nuit. Face aux réticences de l’équipe juridique, qui souhaitait amender certaines clauses, Kalima aurait exercé une forte pression pour que l’accord soit conclu dans les plus brefs délais.

Le lendemain, l’affaire prend une autre tournure lorsque les ministres de l’Économie et des Comptes publics, Mays Mouissi et Charles M’ba, refusent de contresigner le document. Confronté à ce blocage, Jeannot Kalima aurait, selon les sources, sollicité l’arbitrage direct de la présidence pour obtenir un aval favorable. Cependant, Joël Lehman Sandoungout, un autre responsable impliqué, aurait choisi de ne pas apposer sa signature, invoquant un manque de garanties financières et de clarté sur certains termes de l’accord.

Aujourd’hui, six mois après la signature, les enjeux financiers de l’accord se révèlent préoccupants. Le contrat impose à la SEEG un tarif de 123 francs CFA/kWh pour l’électricité fournie par Karpowership, alors que le coût habituel est de 55 francs CFA/kWh. Avec la SEEG déjà lourdement endettée, ce différentiel tarifaire pourrait constituer un gouffre financier. Le gouvernement gabonais cherche ainsi des moyens pour renégocier ou annuler l’accord, d’autant que les coûts d’installation de la centrale-navire, actuellement stationnée au large de Libreville, font également l’objet de disputes entre les deux parties.

Face à ces problèmes, Karpowership assure continuer ses travaux en « étroite collaboration » avec la SEEG et promet que les premières opérations commerciales démarreront à la fin du mois de novembre. Cependant, les retards de mise en service, associés aux clauses contractuelles désormais jugées désavantageuses pour la SEEG, risquent de prolonger l’impasse. Cette affaire soulève des questions importantes sur la gestion des partenariats énergétiques au Gabon et sur les impacts financiers pour le secteur public.

Paul Essonne

Journaliste

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