Une nation divisée qui ouvre grandement ses portes s’expose au péril.

La nomination de M. Lee WHITE, européen d’origine britannique au poste de ministre de la forêt, de la mer, de l’environnement et du plan climat au sein du gouvernement gabonais, suscite de vives réactions que certains défenseurs d’une prétendue ouverture se plaisent à condamner, qualifiant cette indignation de racisme et de xénophobie. Pour soutenir leur position, ils font valoir l’élection et la nomination de quelques africains francophones en France, en fermant volontairement les yeux sur ce qui se passe sous leurs pieds et que bon nombre d’entre eux cautionnent allègrement.

Tenez. On dit du Gabon que c’est une nation. Pourtant il suffit d’observer les comportements affichés par les peuples censés composer cette « nation », pour s’apercevoir qu’en réalité, plutôt que de bâtir une véritable nation, les gabonais ont de tout temps, œuvré génération après génération, à entretenir un communautarisme rétrograde, nuisible à la l’unité et à la cohésion nationale. Une étape que la France a dépassée depuis des siècles.

La période électorale est celle qui révèle au grand jour, cette tare que le gabonais traîne comme un énorme boulet attaché à mental. Ne devrait-on pas commencer par défendre l’idée de la construction d’une vraie nation, avant celle de l’ouverture au gabonais d’adoption ?

Comment comprendre qu’un gabonais de père ou de mère d’origine étrangère, soit traité de congolais, de camerounais, de centrafricain, de togolais etc, lorsque dans le même temps, un français, un libanais ou un britannique pur sang naturalisé gabonais par pure opportunisme est comblé de louanges, alors que rien ne le rattachent ni historiquement, ni culturellement, encore moins linguistiquement à la terre gabonaise ?

Comment ces défenseurs de l’ouverture expliquent-ils le fait que dans un pays qui se dit « un et indivisible », il ne soit pas admis qu’un Fang de l’Estuaire, un Punu de la Ngounié, ou un Akèlè du Moyen-Ogooué, se porte candidat dans le Haut-Ogooué ; qu’un Nkomi de l’Ogoouè-Maritime, un Massango de l’Ogooué-Lolo le fasse dans la Nyanga et vis versa ?

Ces faux anti-xénophobie se taisent en toutes les langues du Gabon et ne semblent pas genés, lorsque même au sein d’une communauté, le fait se manifeste. Personne n’a jamais levé le petit doigt ni toussoter lorsqu’un Mpogwè de Louis est interdit de se porter candidat à une élection à Glass, qu’ une consigne est passée aux Nkodjeign pour ne pas élire un Yebiveign à Oyem. Les mêmes trouvent normal que pour des raisons purement tribales, les Essoké , tous bords politiques confondus, se rangent derrière une candidature pour faire barrage à un Essandone de Bitam, estimant que ce dernier ne serait pas un fils du pays.

Pourtant ce beau monde soutient bec et ongles, la nomination d’un originaire de la Grande Bretagne à la tête d’un département ministère pour gérer leur forêt et leurs eaux. Quel est ce peuple qui accepte pareille humiliation ?

« Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C’est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l’expulser », disait Françoise Giroud.

Une nation aussi divisée n’a pas le droit de prendre avec autant de légèreté, l’invasion de la terre de ses ancêtres par des arrivistes, méprisant ainsi le danger évident qui couve à sa porte.
Continuons à faire semblant pour plaire à on ne sait qui, et nous nous réveillerons un jour esclaves de nouveaux maîtres.

Source : Marcel Djabioh.

Serge Kevin Biyoghe

Rédacteur en Chef, Journaliste-Ecrivain, Sociétaire de la SCAM (Société Civile des Auteurs Multimédias), membre de la SGDL (Société des Gens De Lettres), membre du SFCC (Syndicat Français de la Critique de Cinéma), membre de l'UDEG (Union Des Écrivains Gabonais).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *