*Tout leader qui a une vision a besoin d’être entouré de personnes qui croient en lui*. Ce que je dis là est valable pour les chefs d’État. Le président de la Transition, qui est aussi Président de la République et Chef de l’État, a besoin d’hommes et de femmes qui lui disent qu’il est sur la bonne voie et qu’il va réussir son combat.
Autour d’un chef gravitent souvent plusieurs catégories de personnes. Il y a des hommes et femmes intègres intellectuellement et des hommes et femmes douteux sur le plan intellectuel et même moral. Cette dernière catégorie, qui nous intéresse, est dans notre pays généralement qualifiée de kounabelistes, c’est-à-dire des personnes enclines à faire la danse du ventre aux autorités pour obtenir des faveurs.
La question est la suivante : peut-on empêcher un compatriote dont le point fort n’est pas sa contribution intellectuelle au débat public d’être un kounabeliste autour d’une personnalité politique ou de toute autre autorité ? Je crois que la réponse est NON. Chaque humain qui est en situation de survie ou motivé par la subsistance a le droit de vendre ses éloges au plus offrant.
Personnellement, je ne condamne pas les kounabelistes ; ils offrent ce qu’ils ont de mieux à offrir, car sur le terrain de l’intelligence, ils ne répondront jamais présents. J’ai de la compassion pour ce type de compatriotes, car je sais au fond de moi qu’ils ne le font pas de gaieté de cœur, mais qu’ils ont des dépenses mensuelles à couvrir. Pour cela, ils doivent offrir ce qu’ils ont de mieux : les éloges, les discours dithyrambiques et autres prestations de chauffeurs de salles ou de propagandistes sur les réseaux sociaux.
Maintenant, ceux que je blâmerai sont les personnes dites « intelligentes, intellectuelles, analystes et autres lumières du pays ». Si vous n’arrivez pas à imposer un discours politique plus raisonnable, une présence plus accrue auprès des dirigeants, et que vous reculez parce que vous dites que telle ou telle autre personnalité est entourée de kounabelistes, c’est que vous n’avez pas encore pris la mesure de l’environnement politique et social dans lequel nous évoluons.
Ce qui m’exaspère, c’est plutôt l’incapacité des hommes et femmes de « valeur » que vous prétendez être à faire reculer celles et ceux que vous dénoncez aujourd’hui. Je ne cautionne pas ce discours qui consiste à dénoncer les mauvais au lieu de simplement vous élever en qualité pour occuper l’espace et les positions actuelles de ceux que vous traitez de kounabelistes.
Cette propension à pleurnicher parce que des jeunes gens essaient de se repositionner auprès d’un chef et se répandent en louanges pour lui ne me paraît pas être la bonne attitude à adopter. Je ne vois pas Karl Marx, conscient de son potentiel intellectuel, dénoncer des idiots en les accusant de polluer l’environnement politique ou économique. Il marquera simplement le débat public de ses pertinentes analyses, et les imbéciles seront bien obligés de constater l’écart de niveau et de faire de la place.
Enfin, le monde politique a ses subtilités que ceux qui n’ont pas fait leurs classes dans cette belle discipline ne cerneront pas. En tant qu’acteur politique en Afrique et au Gabon, les compatriotes qui sont malmenés et parfois injustement traités de kounabelistes ont leur utilité. La politique n’est pas faite que de raison, mais aussi de passion, de folie, d’excès. C’est peut-être à ce niveau que les kounabelistes resteront indispensables à la politique gabonaise. La politique a parfois besoin d’acteurs qui se lancent sans réfléchir plutôt que de ceux qui réfléchissent mille fois avant d’apporter leur soutien.
Passer son temps à dénoncer les kounabelistes autour d’une autorité, c’est pour moi reconnaître son incapacité à se hisser à leur niveau et admettre ses propres limites dans le combat politique. Je n’ai rien contre les « soi-disant kounabelistes », mais je pense que la solution est de se hisser en intelligence autour d’un chef, d’une autorité, et de ce fait, la bêtise mourra de sa plus belle mort. Quand je regarde les compatriotes, je ne me dis pas que tel ou tel autre est un kounabeliste. J’analyse la situation, et si je vois que certains ont des faiblesses, j’essaie de combler ce vide en offrant ce que j’ai de mieux : mon intelligence, mon engagement et ma détermination. C’est cela qui fera la différence.