La jalousie, telle une blessure qui ne guérit jamais, freine le développement de notre pays.
Le Gabon, un petit pays de 267 667 km² avec environ deux millions d’habitants, est riche en diverses ressources naturelles. Parmi ses principales richesses, on trouve le pétrole, qui constitue une source majeure de revenus et fait du Gabon l’un des plus grands producteurs de pétrole en Afrique subsaharienne.
Le pays possède également d’importantes réserves de manganèse, principalement exploitées à Moanda, le plaçant parmi les principaux producteurs mondiaux de ce minerai. L’uranium, avec des gisements à Mounana, et le fer, notamment dans la région de Bélinga, ajoutent à cette richesse minérale, bien que leur exploitation soit encore limitée. En outre, le Gabon est couvert à environ 85 % par des forêts tropicales, abritant des essences précieuses comme l’okoumé, faisant de l’industrie du bois une part importante de l’économie. Le pays possède aussi des gisements d’or, même si leur exploitation reste modeste.
Enfin, le Gabon est reconnu pour sa biodiversité exceptionnelle, avec de nombreuses espèces endémiques, ce qui en fait un lieu privilégié pour la conservation de la faune et la flore ainsi que pour l’écotourisme.
Les richesses naturelles du Gabon peuvent grandement favoriser son développement économique, à condition qu’elles soient gérées de manière durable et équitable, au bénéfice de toute la population.
● La pauvreté criante au Gabon : une conséquence de la jalousie.
Pourtant, ses habitants vivent dans une pauvreté alarmante. En grande partie, cela découle de l’esprit jaloux qui anime de nombreux Gabonais et Gabonaises, toujours prêts à saboter leurs compatriotes qui cherchent à réussir. Cette jalousie se manifeste de plusieurs façons.
▪︎ Manifestations de la jalousie.
1°: Dans le milieu professionnel.
Dans le milieu professionnel, elle conduit à des comportements de sabotage, où des individus vont jusqu’à discréditer ou entraver les initiatives de leurs collègues pour éviter qu’ils ne réussissent. Certains employés fournissent délibérément de fausses informations ou ne transmettent pas des messages importants pour nuire au travail de leurs collègues. Par exemple, un employé omet de partager des données nécessaires lors d’une réunion, mettant ainsi en péril le projet de son collègue. D’autres répandent des rumeurs ou des mensonges pour ternir la réputation de ceux qui montrent du potentiel. Cela englobe des insinuations sur l’intégrité ou la compétence d’un collègue, tout en créant un climat de méfiance et de suspicion. Les individus jaloux entravent également les initiatives de leurs collègues en refusant de collaborer ou en sabotant les efforts communs. Par exemple, ils retardent délibérément la validation de documents ou la mise en œuvre de projets. La jalousie conduit aussi à l’isolement social des collègues perçus comme des menaces. Les individus jaloux excluent leurs collègues des discussions importantes ou des activités de groupe, limitant ainsi leurs opportunités de croissance et de développement.
2°: Dans le domaine politique.
Dans le secteur politique, la jalousie se manifeste par l’utilisation du pouvoir pour bloquer les opportunités des autres. Les responsables manipulent les nominations et les promotions pour favoriser leurs alliés et écarter ceux qu’ils perçoivent comme des menaces. Cela inclut la nomination de personnes moins qualifiées à des postes clés, simplement parce qu’elles sont perçues comme loyales. Les responsables jaloux entravent également les stratégies de développement qui ne servent pas leurs intérêts personnels, même si ces initiatives bénéficieraient à la population. Par exemple, ils bloquent des projets d’infrastructure ou des réformes économiques qui pourraient améliorer la vie des citoyens. Pour préserver leur pouvoir et leur influence, certains responsables préfèrent maintenir un statu quo qui leur est favorable plutôt que de promouvoir le développement collectif. Cela comporte la résistance aux changements politiques ou économiques nécessaires pour le progrès du pays. Les responsables jaloux utilisent aussi les ressources publiques pour renforcer leur position personnelle, au détriment du bien commun. Cela consiste en l’utilisation de fonds publics pour des projets personnels ou la distribution de ressources à leurs partisans pour acheter leur loyauté.
Certains collaborateurs directs des ministres nous ont confié qu’ils se retrouvent souvent face à un ministre persuadé de tout savoir sur tous les sujets. Lorsqu’ils présentent des propositions concrètes ou des suggestions pour améliorer la situation, le ministre réagit souvent avec condescendance, tout en affirmant qu’il connaît déjà tout. Cette attitude freine l’innovation et l’amélioration, car les idées des collaborateurs, qui pourraient être bénéfiques pour le ministère, sont souvent rejetées sans véritable considération. Cela crée un climat de travail peu propice à la collaboration efficace et à l’échange d’idées, nécessaires pour une gouvernance productive et adaptative.
● D’autres effets de la jalousie au Gabon.
3°: Climat de méfiance et de division.
La jalousie engendre un climat de méfiance et de division au sein de la société. Les individus, craignant que leurs efforts ne soient sabotés, hésitent à partager leurs idées ou à collaborer.
Les personnes talentueuses préfèrent travailler seules plutôt que de risquer de voir leurs idées volées ou dénigrées. Cela limite l’innovation et la créativité, car les idées ne bénéficient pas de points de vue variés. Au lieu de coopérer, les individus se retrouvent en compétition constante, tout en cherchant à surpasser les autres plutôt qu’à travailler ensemble pour un objectif commun. Cette compétition mène à des comportements destructeurs, comme la diffusion de rumeurs ou le sabotage des projets des autres.
La méfiance généralisée entraîne une perte de confiance non seulement entre les individus, mais aussi envers les institutions et les structures sociales. Les gens deviennent sceptiques quant aux intentions des autres, ce qui paralyse les initiatives et les efforts collectifs. La division causée par la jalousie fragmente la société en groupes isolés, chacun méfiant des autres. Les liens sociaux s’affaiblissent et la formation de réseaux de soutien et de coopération devient plus difficile, ce qui est primordial pour le développement économique et social.
4°: Mauvaise gestion des ressources.
En outre, au Gabon, la jalousie mène à une mauvaise gestion des ressources. Les dirigeants, motivés par des intérêts personnels et jaloux de la réussite des autres, négligent les investissements nécessaires dans les infrastructures, l’éducation et la santé. Cette négligence se traduit par un manque de développement dans des secteurs importants pour le bien-être de la population. Par exemple, les routes et les ponts restent en mauvais état, rendant difficile le transport des biens et des personnes. Les écoles manquent de ressources et de personnel qualifié, ce qui limite l’accès à une éducation de qualité pour les jeunes. De plus, les hôpitaux et les centres de santé sont souvent sous-équipés et mal entretenus, ce qui affecte gravement la santé publique.
La mauvaise gestion des ressources contribue à maintenir la population gabonaise dans la pauvreté, malgré les nombreuses richesses naturelles du pays mentionnées plus haut. Le Gabon, riche en pétrole, en bois et en minéraux, pourrait théoriquement offrir un niveau de vie élevé à ses citoyens. Cependant, la jalousie et les intérêts personnels de certains dirigeants empêchent une distribution équitable et efficace de ces ressources. Les revenus générés par les ressources naturelles sont souvent détournés ou mal utilisés, ce qui empêche le pays de réaliser son plein potentiel économique.
En conséquence, la population endure des conditions de vie précaires, avec un accès limité à des services de base tels que l’eau potable, l’électricité, les soins de santé, les transports, le logement et la sécurité. De plus, les opportunités de développement personnel et professionnel sont rares. La jalousie au sein de la classe dirigeante crée un cercle vicieux de mauvaise gestion et de sous-développement, freinant ainsi le progrès du pays et exacerbant les inégalités sociales.
5°: Promouvoir la solidarité et le soutien mutuel.
Pour surmonter ces obstacles, nous devrions promouvoir une culture de solidarité et de soutien mutuel. Les Gabonaises et Gabonais devraient apprendre à célébrer les succès de leurs compatriotes et à travailler ensemble pour le bien commun. En cultivant un esprit de coopération et en mettant en place des politiques inclusives et équitables, le Gabon exploitera pleinement ses ressources et offrira un avenir prospère à tous ses habitants.
La solidarité se manifeste de diverses manières, telles que le partage des connaissances et des compétences, l’entraide dans les moments difficiles, et la création de réseaux de soutien communautaire. En encourageant les actions locales et en valorisant les contributions de chacun, notre société renforcerait ses liens sociaux et créerait un environnement où chacun se sentira valorisé et soutenu.
De plus, les politiques publiques doivent refléter cet esprit de solidarité. Mettons en urgence en place des programmes qui favorisent l’inclusion sociale, l’accès équitable aux ressources et aux opportunités, et la réduction des inégalités. Par exemple, des investissements dans l’éducation, la santé, et les infrastructures peuvent garantir que tous les citoyens, indépendamment de leur origine ou de leur statut socio-économique, aient les moyens de réussir et de contribuer au développement du pays.
6°: Jalousie aux postes élevés.
Lorsqu’un Gabonais atteint des postes élevés, comme celui de ministre ou d’autres fonctions importantes, il semble souvent avoir un seul objectif : empêcher ses compatriotes de progresser pour rester le seul à briller. Ce comportement, comparable à celui d’un gangster, freine l’épanouissement des autres et oublie que les postes politiques sont temporaires. La jalousie se manifeste à tous les niveaux de la société et bloque le développement du pays.
La jalousie aux postes élevés a des conséquences néfastes sur la gouvernance et le progrès national. Les dirigeants, au lieu de favoriser la collaboration et l’innovation, créent un environnement de méfiance et de rivalité. Ils utilisent leur pouvoir pour saboter les projets des autres, bloquent les promotions et limitent l’accès aux ressources et aux opportunités. Une telle attitude empêche les talents de s’exprimer pleinement et décourage les jeunes générations de s’engager dans la vie publique, par crainte de subir les mêmes obstacles.
Aussi, cette jalousie institutionnalisée mène à une mauvaise gestion des affaires publiques. Les décisions sont souvent prises en fonction des intérêts personnels plutôt que du bien commun, ce qui entraîne des politiques inefficaces et des projets mal exécutés. Les ressources publiques sont gaspillées ou détournées, et les besoins de la population sont négligés.
Pour remédier à cette situation, nous devrions encourager une culture de mérite et de transparence. Les postes élevés devraient être attribués sur la base des compétences et des réalisations, et non des relations personnelles ou des intrigues politiques. Le Gabon devrait renforcer les mécanismes de contrôle et de responsabilité afin de garantir que les dirigeants agissent dans l’intérêt général.
7°: Attitude envers le Comité de Transition et de Restauration des Institutions regroupant les forces de sécurité et de défense.
Un exemple frappant de la situation est l’attitude envers le Comité de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI), qui a joué un rôle déterminant dans la libération du Gabon du régime oppressif et antidémocratique d’Ali Bongo-Ondimba. Au lieu de recevoir le soutien attendu, le CTRI fait face à des critiques souvent stériles et à une opposition active de la part de certains individus. Les critiques proviennent en grande partie de personnes non nommées ou invitées au Dialogue national inclusif d’avril 2024, tout cherchant à déstabiliser le CTRI par dépit.
Par ailleurs, les anciens cadres du régime déchu, qu’ils soient encore en fonction ou ayant perdu les avantages mal acquis du passé, continuent de bloquer les initiatives visant à restaurer la transparence et l’équité. Ils persévèrent dans leurs pratiques de détournement des fonds publics, contribuant ainsi à maintenir un climat de méfiance et d’inefficacité. Les comportements sont souvent motivés par le désir de voir revenir l’ancien régime, favorable à leurs intérêts, et non par un véritable souci du bien-être public. L’opposition entrave les efforts du CTRI et retarde le processus de réformes indispensables pour une gouvernance plus juste et transparente. De plus, ces agissements nuisibles affaiblissent la Transition et la rendent vulnérable. Ils ignorent que si le CTRI échoue, le Gabon deviendra la risée du monde. On joue avec le feu.
● Résoudre le problème de la jalousie.
Pour que notre pays émerge, nous devons résoudre le problème social et psychologique de la jalousie. Les Gabonais.es devraient apprendre à soutenir leurs compatriotes plutôt que de préférer voir des étrangers réussir. Cultiver un esprit de solidarité et de coopération permettra à chacun de contribuer au développement du Gabon.
Les critiques et les oppositions, souvent motivées par des intérêts personnels et des ressentiments, sapent les fondations mêmes de la Transition. En cherchant à déstabiliser le CTRI, ces individus oublient que leur comportement met en péril l’avenir du pays tout entier. La Transition est une période délicate où chaque action compte pour construire un avenir meilleur. En affaiblissant le CTRI, ils compromettent non seulement les réformes en cours, mais aussi la crédibilité du Gabon sur la scène internationale.
Les agissements nuisibles de certains anciens cadres du régime déchu, qui continuent de détourner les fonds publics et de bloquer les initiatives de transparence, exacerbent la situation. Ces pratiques maintiennent un climat de méfiance et d’inefficacité, tout en empêchant le pays de progresser. En persistant dans ces comportements, ils montrent un mépris flagrant pour le bien-être public et un désir de revenir à un système corrompu qui leur était favorable.
Comprendre que la réussite du CTRI est vitale pour restaurer la confiance des citoyens et des partenaires internationaux. Un échec de la Transition ne ferait que renforcer les stéréotypes négatifs et nuire à la réputation du Gabon. Notre pays risquerait de perdre des opportunités de développement et de coopération internationale, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour son avenir.
Conclusion.
In fine, la jalousie est un frein majeur au développement du Gabon. Elle empêche les talents de s’épanouir et maintient la population dans une spirale de pauvreté. Nous devons nous unir pour surmonter ce fléau et bâtir un avenir meilleur pour tous les Gabonais. Les comportements nuisibles, tant dans le milieu professionnel que politique, créent un environnement de méfiance et de division, tout en empêchant la collaboration et l’innovation nécessaires au développement du Gabon. Pour surmonter ces obstacles, nous devrions promouvoir une culture de solidarité et de soutien mutuel, où les succès des uns sont célébrés par tous. Marc 3:24 nous rappelle: « Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister. »
Que Dieu bénisse le Gabon et tous ses enfants. 🙏🏻
Dr. Jean-Aimé Mouketou – Enseignant,
Membre engagé de la Diaspora Gabonaise et Société civile.