Le débat de Missélé eba’a : La République à terre ou en plein délire ?

Comment en sommes-nous arrivés à ce niveau où les débats au sommet de l’État se résument plus que jamais à : (1) qui devrait-on jeter en prison ? (2) à qui devrait-on régler des comptes aujourd’hui ? (3) Qui salir, sur qui jeter l’opprobre ou qui humilier pour notre minable petit plaisir ?

Tels sont désormais les projets que les collégiens du bord de mer qui squattent le palais présidentiel développent au quotidien en lieu et place des réflexions sérieuses sur les routes, les hôpitaux, les écoles, la qualité de vie des gabonais, l’avenir du pays.

Si cette manière de gouverner n’est pas synonyme d’une « République à terre », c’est clairement l’équivalent d’une « République en plein délire ». En tant que témoin de la vie de notre pays, nous pouvons dire que cette situation honteuse n’est pas tombée du ciel. Elle est l’une des conséquences du projet pourri et nourri par certains, consistant à mettre le destin des gabonais entre les mains d’un individu sans formation et sans la moindre expérience dans la gestion des Hommes.

Pour cela, la République a été mise au niveau de ce profil. Et on se retrouve avec un foisonnement d’incongruités et des gens au sommet de l’État qui n’ont fait leurs preuves et leurs classes nulle part, brûlant au passage tous les codes de préservation d’un pouvoir fragilisé depuis 2009.

Pourquoi l’épouse du président de la République organise t-elle des réunions avec le premier ministre du pays et des membres du gouvernement ? De quel droit la femme du chef de l’État s’offre t-elle ce type de privilèges sans que cela ne soit dénoncé ? Pourquoi le sommet de l’État n’est truffé que de ses proches ? N’est-ce pas une manière malsaine ou détournée de vouloir diriger le pays en lieu et place d’Ali Bongo Ondimba ?

Cette forfaiture est une imposture. Le statut ou le rôle de « femme du président de la République » n’est pas constitutionnel. Elle ne joue aucun rôle si ce n’est une tradition devenue républicaine, celle de réaliser des œuvres à caractère social. Point. Le fonctionnement même de la République ne la regarde pas plus qu’il ne concerne n’importe quel citoyen. De cette République anarchique, sans aucun résultat, l’Organisation Patronale des Médias (OPAM) a décidé de la dénoncer.

Des Mohamed Oceni sont aujourd’hui directeur de cabinet du président de la République dans le pays de Léon Mba et d’Omar Bongo Ondimba. N’est-ce pas une hérésie ? Et on nous demande de nous taire ou de nous coucher comme l’ont fait ces magistrats corrompus sans personnalité lors du procès de Patrichi Tanasa.

Des Jessye Ella Ekogha infeste le poste occupé jadis par des Orango Berre, porte-parole de la présidence de la République. N’est-ce pas du grand n’importe quoi ? Et on nous dit, circulez, vous n’avez rien à dire ici. Des véritables situations de folie qui n’appellent qu’indignation et dénonciation.

Sous d’autres cieux, Bill Clinton a failli perdre son élection à la présidence des États-Unis à cause d’une phrase prononcée par sa femme Hillary, qui pourtant, était considérée comme étant la meilleure avocate de sa génération et de cette période. En pleine campagne électorale, elle s’était exprimée en ces mots : « Pour le prix d’un, vous aurez deux à la maison Blanche ».

Les Américains ont vomi cette déclaration et ont failli faire payer à Bill Clinton ce qu’ils considèrent comme une imposture, un mélange de genres et une probable absence d’indépendance du président de la première puissance mondiale. Ils élisent un individu, un projet et non un couple, fut-il le plus beau ou le plus brillant des États-Unis.

Avec de telles expériences connues dans le monde, on veut nous faire cautionner des énormités qui, dans quelques mois, on se demandera comment cela a été possible ? Quel est le parcours académique ou politique de ceux-là qui veulent maintenant diriger le Gabon ? Qu’ont-ils déjà fait qu’on ait vu et apprécié ?

Depuis la maladie d’Ali Bongo Ondimba à Ryad, ils décident presque de tout. Mais où sont les résultats si ce ne sont quelques pavés posés sur le bord de mer, deux passerelles toujours en chantier, une désorganisation de l’administration et une pluie d’arrestations arbitraires.

Tout compte fait, quand on a dans ses veines le discours du 18 juin 1940 prononcé par le général de Gaulle, on n’accepte pas de se soumettre au diktat de gens qui entendent déshonorer la République. Quand on écoute en boucle les témoignages des gens comme Daniel Cordier, le secrétaire de Jean Moulin, on ne peut tolérer les actes de défiance posés contre l’indépendance du Gabon.

Ce n’est pas l’OPAM qui a décidé d’envoyer Patrichi Tanassa devant des juges d’instruction qui ont volontairement décidé d’injurier leur noble profession. De ce pas, le président de l’OPAM ou un de ses membres ne peut nullement répondre des révélations graves faites par l’ancien directeur général de la Gabon Oil Company (GOC) sur l’épouse du président de la République, son fils aîné et le porte-parole de la présidence de la République.

Autrement dit, ce n’est pas l’OPAM qui a demandé à Patrichi Tanassa de dire aux juges qu’il a donné plus d’un milliard de francs CFA à la Fondation Sylvia Bongo par l’intermédiaire de Jessye Ella Ekogha et plus d’un milliard francs CFA à Noureddine Bongo Valentin. Ce n’est pas Télesphore Obame Ngomo qui à demandé à ladite Fondation de pondre, à la va vite, un communiqué qui désormais pose problème lors des analyses faites sur cette situation honteuse.

De grâce, ne noyons pas le poisson, Charles Pasqua est mort avec ses méthodes. Créer une affaire dans une affaire pour perdre l’affaire principale. Ici l’affaire principale demeurera à l’ordre du jour tant que les juges refuseront de lire le droit en convoquant à la barre les individus cités par Patrichi Tanasa, la Fondation Sylvia Bongo, Jessye Ella Ekogha, Noureddine Bongo Valentin, etc.

Si Patrichi Tanassa n’avait remis que dix millions de francs CFA à la Fondation Sylvia Bongo, selon ses affirmations, où est passé le reste d’argent ? Que Jessye Ella Ekogha et la Fondation Sylvia Bongo nous le disent très clairement ? Il s’agit de l’argent public.

Les task-force anticorruption et autres scorpions, était-ce uniquement pour les enfants des autres ? « Medice, cura te ipsum ». En d’autres termes, « médecin, guéris toi, toi-même ». Que disent maintenant Noureddine Bongo Valentin, Pierre Durot et tous ces gens qui ont agressé la République dans sa quiétude au moment où ces révélations les accablent profondément ?

Si c’est Jessye Ella Ekogha qui a pris l’argent de la GOC donné à la Fondation Sylvia Bongo, alors qu’il soit démis de ses fonctions, traduit devant des juges et condamné pour détournements de fonds publics comme cela a été décidé pour Patrichi Tanassa. Si c’est l’épouse du chef de l’État qui a pris cet argent de la GOC pour lequel Patrichi Tanassa a été sanctionné, alors que la loi soit la même pour tous les justiciables. C’est de cette justice que nous voulons. Sinon, libérez les enfants d’autrui, ce ne sont pas des animaux.

A peine ce pet nauséabonde a été lâché en plein tribunal, devant un nombre conséquent de témoins, que les journaux sous tutelle du porte-parole de la présidence de la République ont ventilé et repris à leur compte des tracts qui salissaient la presse libre et indépendante. Il fallait tenter de ressusciter la méthode Pasqua. Mais hélas…

A quel moment et où Patrichi Tanassa aurait dit qu’il alimentait les journaux, membres de l’OPAM ? On a pourtant tous entendu que la Fondation Sylvia Bongo aurait reçu la coquette somme de « un milliard trois cent millions de francs CFA de la GOC quand Noureddine Bongo Valentin aurait reçu plus d’un milliard de francs CFA de primes pour on ne sait quelle mission ou quel mérite ?

Ne pouvant assumer ces révélations désastreuses pour l’image de la femme d’un chef d’État qui, depuis 2009, cherche une once d’affection des populations gabonaises, malgré la multiplication des gestes aux allures de mère Theresa ou d’Estelle Satabin, les officines obscures du palais présidentiel, au lieu de s’inviter au cabinet de réflexion pour plancher sur le sujet, ont préféré honteusement agresser et mentir sur l’honneur des membres de l’OPAM.

Hélas, seuls les ennemis de la liberté et de la vérité y ont accordé un intérêt d’environ douze secondes seulement. Le temps étant l’autre nom de Dieu, la vérité a fini par jaillir. L’opinion publique a bien compris que les officines obscures du palais présidentiel, paniquées par une telle actualité, ont opté pour l’attaque comme moyen de défense.

L’objectif visé était de discréditer les journaux de la presse libre pour ne pas donner de la résonnance à la retranscription des faits qui ont été déclarés par Patrichi Tanassa devant le juge et les populations venues nombreuses.

Au lieu de s’arrêter à ce niveau de la manipulation pourtant grossière et démasquée, les journaux prétendant défendre la politique du président de la République et vendre ses rares actions, ont choisi de s’investir dans un bras de fer qui ne peut que leurs être préjudiciable.

En effet, des milliers de gabonais, de nombreux étrangers vivants dans notre pays et des diplomates accrédités sur nos terres, soucieux de la liberté de la presse au Gabon, veulent comprendre pourquoi la Fondation Sylvia Bongo et Noureddine Bongo Valentin auraient reçu plus d’un milliard de francs CFA de la GOC ? Pourquoi les magistrats en charge de cette affaire continuent de refuser d’entendre toutes les personnes citées dans cette affaire honteuse.

Telles sont les questions de fond posées ici et ailleurs. Si Sylvia Bongo « maintient » Jessye Ella Ekogha à son poste de porte-parole de la présidence de la République, c’est qu’il y a des choses à se reprocher du côté de la Fondation. Si elle le « démet », il devra aussitôt connaître la case justice et peut-être même prison puisqu’il y a bien eu un détournement de fond public. L’affaire est devenue trop grave et trop gênante pour ne pas en parler.

Au moment où le procès de Norbert Zongo fait la Une des journaux en Afrique et ailleurs, que Reporters sans frontière suit les activités de tous ses membres, que la juge française Élodie Meryanne continue d’enquêter sur le dossier qu’elle a au Gabon et qui est lié aux droits de l’homme, les officines obscures du palais présidentiel qui ignorent le rôle et la place des uns et des autres dans le pouvoir en place, gagneraient à s’éviter la philosophie d’Henri Queuille qui consiste à « ne pas résoudre les problèmes posés mais à faire faire ceux qui les posent ».

Que les Melba, les frères Ntougou, Didier et autres sachent que nul n’enculera la République comme cela avait été vulgairement dit à Ryad. L’intérêt supérieur de la Nation commande que l’on s’arme de son épée et qu’on vole au secours de la République. Nous y sommes plus que jamais. Et toujours la République triomphera.

Par Télesphore Obame Ngomo, Président de l’OPAM

Paul Essonne

Journaliste

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