Les représentants des secteurs public et privé ont validé 29 programmes de formation de l’enseignement professionnel et technique des filières industrielles, bois, hôtelière et métier de l’apprentissage dual. Il s’agit notamment de 3 programmes d’étude de la filière bois du centre sectoriel BTP/bois, de 16 pour les filières de l’enseignement technique et de formation professionnelle et 10 programmes de formation en apprentissage dual. Une idée louable en soi. Problème: tout s’est fait, une fois de plus, dans la précipitation.
Ces programmes définissent les connaissances essentielles et les méthodes que les élèves doivent acquérir pour préparer leur entrée dans la vie active ou poursuivre des études supérieures. Autrement dit, des enseignements généraux, communs à toutes les spécialités, des enseignements techniques et professionnels, propres à chaque spécialité. De plus, les programmes des enseignements généraux sont concrets, en relation avec l’entreprise et ses métiers. Ils visent à faire acquérir aux élèves une culture générale. Quant aux enseignements techniques et professionnels, ils sont définis par des référentiels d’activité professionnelle. Une refonte aussi ambitieuse en si de peu de temps, voilà une première dans l’histoire de l’Education nationale. Après tout, pourquoi pas?, direz-vous. Le monde change, l’école change, et il ne faudrait pas accueillir toutes les évolutions avec le soupir ronchon de ceux qui trouvent toujours que tout allait mieux avant. Sauf que voilà. Avec les années et le recul, les résultats sont là, et ils sont assez implacables.
Cette validation montre à quel point la communication politique s’est emparée de ces programmes. Car, rien ne justifiait ces réécritures. Aucune évaluation n’en a été faite et aucune critique sérieusement argumentée ne peut être dressée. Cette énième réforme ne s’appuie donc sur rien de sérieux. Le calendrier retenu la rend inapplicable pour l’instant. Finalement il semble que la task force « Ouverture des Centres de formation professionnelle » ait voulu détricoter pour le principe. Et aussi communiquer vers les parents en leur donnant à entendre qu’on va enfin vraiment enseigner sérieusement. Sur le fond, les nouveaux programmes concentrent à eux seuls beaucoup de critiques adressées à l’Education nationale depuis quelques décennies. Disparition de certaines notions jadis jugées incontournables, décalage dans le temps des savoirs, apparition de certains apprentissages novateurs que d’aucuns jugeront superflus.
Au cours des dernières décennies, les modifications incessantes des programmes ont fait chuter le niveau général. Et si on revenait au bon sens? Alors, bien sûr, tout n’est pas la faute des programmes. Les effectifs, la formation des professeurs, l’investissement personnel des parents, les facteurs sont nombreux qui concourent à l’affaissement du niveau général. Mais il suffit de considérer les nombreuses et erratiques modifications des programmes ces dernières décennies -chaque ministre ou presque désirant y mettre son grain de sel- et, surtout, de se plonger dans leur (fastidieuse) lecture pour se convaincre que quelque chose a mal tourné. Avant, les repères annuels nous permettaient d’acter précisément les connaissances. Là, malgré les quelques ‘repères de progressivité’ indiqués, difficile de s’y retrouver. Cette organisation suppose aussi une bonne entente et un dialogue fluide au sein des enseignants pour que ces derniers évitent répétitions ou impasses.
Il faudrait aller plus loin encore dans la remise à plat. Pour le niveau général, on l’a vu, mais aussi pour la promesse d’ascension sociale par le mérite scolaire.