La filière café-cacao pour des lendemains meilleurs de l’économie gabonaise ?

En dépit des blocages internes dus au conservatisme, et à l’apparition de la pandémie du Coronavirus, la Caisse de stabilisation et de péréquation (CAISTAB), doit contribuer à redynamiser efficacement la filière café-cacao au Gabon.  A cet effet, une mission d’étude s’était rendue en août 2018 à Abidjan en Côte-d’Ivoire, dans le cadre du Projet de relance de la filière cacao-café au Gabon (PACAISTAB), c’est-à-dire sur les réformes engagées pour l’organisation et la durabilité de la filière café-cacao.

 La relance de la filière café-cacao est donc une préoccupation majeure pour la CAISTAB, chargé d’assurer, les prix de vente uniques de chaque type de produit, élaborer et arrêter les structures de prix des produits pétroliers, liquider et recouvrer les ressources des taxes de péréquation et de stabilisation, et des fonds de stock de sécurité, et enfin, rembourser les frais de transport des produits pétroliers au titre des charges de péréquation.

En effet, la production de café-cacao qui est sous l’éteignoir dans les grands bassins de production du Gabon à savoir le Woleu-Ntem et le Haut-Ogooue, a chuté, passant de quelque 4 000 tonnes par an dans les années 1970, avec un record à 17 000 tonnes en 1975, à 500 tonnes aujourd’hui par an, exportés en Espagne, en France, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis.

C’est dans cette optique que la relance de la filière café-cacao consiste en la réhabilitation des plantations dans tout le Gabon, le suivi et l’encadrement des exploitants agricoles, avec comme objectif d’atteindre 4000 tonnes de production nationale, soit 2000 tonnes pour le café et 2000 tonnes pour le cacao. Ce qui devrait permettre d’augmenter sensiblement les surfaces cultivées et apporter de l’aide technique et financière aux agriculteurs notamment dans la province de l’Ogooué Ivindo, où la culture du café/cacao a été intensive par le passé, puis de revoir à la hausse le prix d’achat et la commercialisation du café et du cacao.

Pourtant, malgré une politique agricole nationale destinée à régénérer l’industrie du cacao et du café, un partenariat en juin 2016 entre la CAISTAB et la Société de Transformation et de Développement Rurale (SOTRADER), le financement de la Banque Africaine de Développement (BAD) à hauteur de 550 millions de francs CFA, un plan d’action à 5 milliards de francs CFA d’investissement accordés en novembre 2007 par le Fonds commun pour les produits de base (FCPB), cette filière est toujours en perte de vitesse.

Certes, il existe déjà un certain nombre d’initiatives privées, destinées à valoriser au mieux la production locale de cacao et café. Cependant, rares et peu significatives en termes d’activité, celles-ci relèvent encore trop souvent de l’anecdotique. Pour être couronnée de succès, la relance de la filière ne devra cependant pas se limiter à augmenter la récolte actuelle de fèves. Pour le cacao comme pour le café, le véritable enjeu se situe ailleurs.

Face à ce partage inégal, une seule solution : transformer davantage localement afin d’accroître au maximum la valeur ajoutée produite sur place. Pour se concrétiser, ce surplus de transformation du cacao devra notamment s’appuyer sur une hausse de la consommation locale dans les habitudes alimentaires des Gabonais.

Ainsi, l’ambition de la CAISTAB de relancer la filière café-cacao est d’autant plus légitime que le Gabon dispose d’un immense potentiel inexploité. Avec près de 15 millions d’hectares de terres agricoles non cultivées, et à la faveur d’un climat équatorial propice, le Gabon a assurément des atouts à faire valoir, d’autant plus que la plupart des évaluations de qualité du cacao et du café gabonais considèrent celui-ci excellent. L’espoir demeure donc !

Chimène Okome

Journaliste

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