Pourquoi est-ce que certaines choses sont permises et d’autres interdites ? Comment peut-on mettre en relation la manière dont on pense et voit la sexualité et la manière dont certains acceptent ou rejettent différents phénomènes ? En d’autres termes, toute pratique sexuelle est une combinaison de possibilités discursives, de culture, d’idéologie, de significations psychologiques qui s’articulent avec ce qui est possible pour le corps. Mais dans la culture dans laquelle nous vivons, la sexualité est forcément politique.
Aussi, on découvre de plus en plus aujourd’hui, que les personnages politiques qu’on estimait, des personnages de résistance quelque part, des patriotes, des souverainistes sont au minimum bisexuel c’est-à-dire qu’ils ont tous un amant. On a l’impression que pour être coopté par l’Etat profond, il faudrait déjà avoir une sexualité « défaillante ». On découvre pratiquement que tous les types qui ont accédés à un certain niveau en politique sont bisexuels. Ça veut dire quelque chose. Ça veut dire dans tous les assertions du terme que ce sont des soumis, que ce ne sont pas des vrais résistants. Il faut peut-être le comprendre comme ça. On a l’impression que c’est l’une des cases qu’il faut cocher pour avoir le droit d’accéder au niveau supérieur. Si à un moment donné il y a quelqu’un qui prétend être le sauveur du Gabon, et puis qu’on découvre le poteau rose ? Il est ridiculisé. Ils sont tous tenus.
Il existe une possibilité de se comporter de manière éthique à travers le reflet des circonstances difficiles. Il y a une grande vitalité dans la vie quotidienne : les gens essaient de mener une vie décente, une vie bonne, dans les circonstances dans lesquelles ils se trouvent. On sait qu’en pratique ce n’est pas toujours possible : la violence existe, les abus existent, l’exploitation existe. Mais la plupart des gens, dans la vie quotidienne, ne sont ni maltraitants, ni exploiteurs. Ou du moins, ils essaient de ne pas l’être. La vie éthique est une vie où l’on se débrouille. Ce n’est à personne de dicter comment quiconque devrait vivre sa vie.
La logique de certains hommes politiques, dont plusieurs ont vu leur carrière compromise par un scandale de mœurs est une question de pouvoir et de droits que l’on s’octroie. L’accumulation des heures de travail, le sentiment d’invincibilité, la pression constante et le manque de temps rendent ces hommes vulnérables.
En effet, ils assurent des responsabilités importantes, en consacrant parfois 16 à 18 heures à leur vie professionnelle, constamment en déplacement et par conséquent loin de leurs proches, surtout ceux à l’apogée de leur pouvoir, en sont les victimes.
Les causes profondes de ces troubles comportementaux peuvent s’expliquer par un manque de soutien affectif ou d’intimité, qui s’ajoute dans beaucoup de cas à des traumatismes négligés. Plus généralement que nous avons encore tellement d’incertitudes sur la sexualité qu’il est facile de faire de la sexualité le véhicule d’angoisses sociales plus larges.
Il faut comprendre qu’il n’y a pas de développement linéaire de la figure de l’homosexuel, et a fortiori de celle de l’hétérosexuel. Ce sont des histoires complexes, faites d’interactions entre différentes époques, différents pays, différentes cultures.
Ainsi, une fois que l’on a repéré différents schémas, que ce soit sur toute la planète ou même dans nos cultures nationales, on commence à se rendre compte que les liens que nous nous tenons pour acquis ne sont pas des liens évidents, donnés a priori ou nécessaires, mais sont en fait le produit d’histoires particulières.
Mais l’histoire de l’homosexualité et l’histoire de l’hétérosexualité, les histoires de ces catégories, même si ce n’était pas dit expressément, ont toujours été liées. Il y a un paradoxe ici : alors que l’on a une définition désormais précise de l’hétérosexualité on assiste, au même moment, à une fragmentation de la binarité sexuelle. En d’autres termes, au moins en Europe occidentale, la distinction entre « homosexuel » et « hétérosexuel » commence à disparaître sur le plan légal.