Pierre Mintsa : « Le discours du Président de la République est décevant ».

Suite aux mesures d’accompagnement annoncées par le Chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba face au Covid-19, Pierre Mintsa, Secrétaire Général du Syndicat du personnel des affaires sociales (SAPAS), par ailleurs, président du mouvement social des travailleurs gabonais vaillants (MSTGV) a tenu à réagir au cours d’un entretien qu’il accordé à la rédaction ce lundi 6 avril 2020.

En effet, pour ce dernier « le couac commence lorsque le Président de la République dit avoir instruit le Premier ministre en lieu et place du gouvernement. Parce qu’en principe le Chef de l’Etat doit s’adresse au gouvernement, car c’est le gouvernement qui est chargé de la mise en œuvre de sa politique, et c’est le gouvernement qui travaille sur instruction du Président de la République.»

Pour monsieur Mintsa, « on a l’impression que le discours du Président de la République n’a pas été ni préparé par lui ni préparé par le gouvernement. Par conséquent, les populations pensent, et je le pense aussi, que ce discours a été proposé par un petit groupe qui veut mettre en difficulté le gouvernement.

Si jamais les populations se soulèvent pour exprimer leur mécontentement, ce ne sera pas face au gouvernement mais face à ce petit groupe qui tourne autour du Chef de l’Etat et qui veut faire imposer ses décisions sur le plan gouvernemental.

Quant aux mesures proprement dites, le discours du Chef de l’Etat est décevant. Il déçoit compte tenu de l’absence d’explication des techniciens. D’ailleurs, la réaction du Porte-parole de la Présidence de la République n’en est que plus parlante. Ce dernier prouve qu’il n’a rien compris du tout, et qu’il ne connait pas les textes qui régissent le fonctionnement de l’Administration publique.

Sur l’effort de solidarité, le Porte-parole a affirmé qu’il ne concernera pas ceux-là qui ont des revenus compris entre 50000 francs CFA et 80000 francs CFA, seuls ceux ayant des revenus supérieurs à 150000 francs CFA seront touchés avec des quotas déterminés de 30 à 70 %. Par conséquent, cette mesure concerne tous les travailleurs du secteur privé et du secteur public. Ça veut dire qu’à compter de la fin du mois d’avril, les fonctionnaires doivent s’attendre à une réduction de leurs salaires à hauteur de 30 % jusqu’à 70 %.

En fait, la masse salariale est annuelle, elle est contenue dans la loi des finances qui est elle aussi annuelle et votées par les parlements. Donc tous nos salaires des agents publics civils et militaires sont déjà calculés de façon annuelle et on ne peut pas accepter une quelconque réduction de notre salaire sous prétexte que nous allons faire un effort de solidarité. Car les acquis obtenus par les luttes syndicales on ne les supprime pas, et le salaire est un acquis de la lutte syndicale. Je crois que le Porte-parole de la Présidence de la République a mal interprété le discours du Chef de l’Etat. Voilà quelqu’un qui veut encore fragilisé la santé du Président de la République, et qui veut semer la confusion entre la Présidence de la République et le gouvernement, et qui veut mettre le gouvernement en difficulté face aux syndicats.

Alors, nous disons que nous ne pouvons pas soutenir ces mesures du Président de la République Ali Bongo Ondimba. Et nous allons nous battre jusqu’au bout. »

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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