Opération scorpion : La torture et les mauvais traitements des prisonniers politiques : L’Union Européenne impuissante.

La vie dans la prison centrale de Libreville est difficile. Elle est désespérante avec l’impression de se trouver dans un long tunnel sombre sans issue à l’horizon. En effet, les victimes de l’opération scorpion sont indignées par l’injustice qu’ils subissent dans les geôles de la police. Une situation que l’Union Européenne (UE) a du mal a regardé de près, au moment où elle vient de reprendre les négociations avec le gouvernement sur la crise post-électorale de 2016.

Malheureusement pour eux, le fait de demander aux autorités de garantir les droits inscrits dans la constitution du pays et dans les traités internationaux auxquels il est partie, est considéré comme subversif.

Les prisonniers dénoncent les pratiques illégales dont ils sont l’objet, notamment les viols et abus sexuels, la détention à l’isolement et la détention au secret pour de longues périodes, les traitements se traduisant par une douleur et une souffrance physique intenses, le refus de soins médicaux et les transferts punitifs, les coupant de leur famille et de leurs réseaux de soutiens.

Ceci confirme une fois de plus que les droits de l’Homme au Gabon comptent pour du beurre. De nombreux citoyens parmi lesquels des  opposants, ainsi qu’Alihanga et ses compagnons subissent des sévices corporels dans les lieux de détention. Les commissariats de police et les brigades de gendarmerie sont devenus les lieux par excellence de la torture. Or, celle-ci est rigoureusement interdite par la législation internationale.

En effet, cette interdiction est consacrée par tous les importants instruments internationaux des droits de l’homme et humanitaires en tant que principe absolu et auquel il n’est pas possible de déroger. Cela veut dire qu’aucun Etat n’est autorisé à restreindre temporairement l’interdiction de la torture et cela quelles que soient les circonstances, pendant une période d’instabilité politique interne ou dans une situation d’urgence publique.

L’interdiction de la torture est également reconnue comme une norme péremptoire du droit international. Autrement dit, elle prime toute disposition contraire de tout autre traité ou de toute disposition du droit coutumier. A l’instar des autres instruments internationaux et régionaux des droits de l’homme, la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples consacre l’interdiction absolue de la torture en son article 5, qui dispose ainsi qu’il suit :

« Tout individu a droit au respect de la dignité inhérente à la personne humaine et à la reconnaissance de sa personnalité juridique. Toutes formes d’exploitation et d’avilissement de l’homme notamment l’esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale, et les peines ou les traitements cruels inhumains ou dégradants sont interdites. »

Mais pour mettre un terme à la torture et aux autres mauvais traitements, il faudra une réelle volonté politique et une réforme juridique, politique et administrative systématique avec l’intervention de l’Union Européenne (UE) qui anime actuellement un dialogue inclusif, et même l’Union Africaine (UA). Le Gabon doit s’engager pleinement et au plus vite dans ces réformes et garantir que les victimes aient accès à la justice et à des réparations. La libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d’opinion serait une étape importante de ces réformes. Battons-nous pour le changement et pour la justice, et aidons la population dans le respect de la loi.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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