Olivier Nzahou, démis de ses fonctions.

C’est la victime collatérale de la purge qui sévit actuellement dans la haute administration et qui touche principalement  les ajeviens. Son tort ? Avoir été moins directif et réactif et sa  collusion supposée avec les présumés coupables.

Ses dernières sorties au forceps préparaient déjà cette sanction. Car ç’en est une. La décision a été prise au cours du conseil supérieur de la magistrature  tenu vendredi 22 novembre au palais du bord de mer en présence du chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba. L’ex procureur près le Tribunal de première instance de Libreville, Olivier Nzahou a été envoyé à la cour d’appel de Franceville. Il a été remplacé à ce poste par Patrick Roponat, ancien procureur de la République près le tribunal de première instance de Port-Gentil.

Victime collatérale du feuilleton judiciaire sur les malversations financières orchestrées par des hauts commis de l’Etat, pour la plupart apparentés  à  l’Ajev, association créée par Brice Laccruche  Alihanga, il lui serait reproché  son manque de réactivité face aux « preuves » qui lui ont été présentées pour entamer des poursuites judiciaires. Or, selon les mêmes sources, le procureur de la République n’avait encore, jusqu’à son éviction, « Rien de concret », les auditions et autres enquêtes étant encore en  cours. L’opération Scorpion qui a été mise en place le 7 novembre conjointement par la Direction des recherches de la gendarmerie  et les services spéciaux de la présidence est encore à ses balbutiements. Pressé par le politique qui tient à tout prix à donner forme à la lutte contre les malversations financières, le risque de poursuites sans preuves formelles des  principaux inculpés risque d’aboutir à des non lieu.

Le temps de la justice n’est pas celui des politiques. Et la retenue de l’ancien  procureur  aux premières secousses de cette affaire est compréhensible sinon assez responsable. Avec quoi aurait-il annoncé des poursuites ? Sinon aller dans les affabulations qui peuvent ternir l’image déjà assez écornée de la justice. Dans le cadre des auditions de ces ex barons des entreprises parapubliques, des sommes sont évoquées mais aucune preuve formelle de ces détournements n’est encore présentée.

Conscients de cette tare,  des mauvaises langues pensent plutôt que les fins limiers chargés de l’enquête vont plutôt dans le sens d’une reconnaissance des fautes des présumés coupables qui indiqueraient aux enquêteurs les montants, les modes opératoires et, si possible, le remboursement. Il y a donc à parier que les enquêtes prendront du temps. A moins que le nouveau procureur, Patrick Roponat aura pour seul souci  de contenter ses nouveaux  mandataires en lançant à tout vent la procédure.

L’arrivée d’un nouveau directeur de cabinet va de paire avec celle d’un nouveau procureur qui devient son bras séculier. Dans le combat contre les malversations et le détournement des deniers publics lancé par les hautes autorités, la justice ne doit pas être au service du politique qui lui, a toujours son agenda. Pour éviter des non lieu et des affaires sans suite, il serait important  de laisser à la justice son indépendance pour sa crédibilité.

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