L’importance des abeilles dans la biodiversité et leur contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

A l’occasion de la journée mondiale des abeilles, l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture situe l’importance de ces pollinisateurs dans l’amélioration de la biodiversité pour une meilleure appropriation de cette espèce et la valorisation de celle-ci dans la sécurité alimentaire et la nutrition.

L’Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté le 20 décembre 2017, la résolution portant création de la journée mondiale des abeilles le 20 mai. L’objectif est de susciter une prise de conscience du rôle essentiel que jouent les abeilles et autres pollinisateurs. Les abeilles et autres pollinisateurs sont largement reconnus pour leur rôle important et leur contribution à la sécurité alimentaire et à la nutrition, à l’agriculture durable, à la santé des écosystèmes et de l’environnement, à la préservation et l’enrichissement de la diversité biologique et à d’autres aspects du développement durable. Et pourtant, les abeilles et autres pollinisateurs sont en déclin dans certaines des principales régions agricoles du monde. Par ailleurs, de plus en plus d’espèces de pollinisateurs à travers le monde pourraient disparaître du fait de pressions diverses, dont beaucoup sont d’origine humaine.

« La pollinisation est un processus fondamental dans les écosystèmes terrestres naturels et gérés par l’homme. Elle contribue de manière essentielle à la production alimentaire et établit un lien direct entre les écosystèmes sauvages et les systèmes de production agricole. », a expliqué Irina Buttoud, Fonctionnaire de la FAO pour l’Afrique centrale en Charge des Forêts.

Aussi, « la très grande majorité des espèces de plantes à fleurs ne produisent des graines que si des animaux pollinisateurs transportent du pollen des anthères aux stigmates des fleurs. Sans ce service, de nombreuses espèces interdépendantes et de nombreux processus fonctionnant au sein d’un même écosystème disparaîtraient » a-t-elle ajouté.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’est félicitée de cette décision qui, contribuera à promouvoir les initiatives internationales et les actions collectives en faveur de la protection des abeilles et de celle de leurs habitats, d’un accroissement de leur densité et de leur diversité, et du développement durable de l’apiculture.

Le rôle des abeilles dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la lutte contre la pauvreté

Les abeilles jouent un rôle important pour la chaîne alimentaire mondial. Selon la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, la valeur des services écologiques et économiques fournie par les abeilles correspond à 577 milliards de dollars. De plus, un tiers de la production de nourriture à l’échelle mondiale dépend directement de leur activité pollinisatrice, et les abeilles sont parmi les pollinisateurs, celles qui jouent le rôle le plus efficace. À travers la pollinisation des plantes, les abeilles favorisent la production agricole qui assure la sécurité alimentaire, et à travers leurs produits à haute valeur nutritive (miel, gelée royale, pollen, etc.), la sécurité nutritionnelle de la population.

Selon Irina Buttoud, « l’apiculture ou l’élevage des abeilles, est une activité économique à faible impact environnemental. Exigeant de faibles investissements, elle peut procurer des revenus substantiels et renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales dépendant fortement des produits forestiers pour leur subsistance, mais actuellement le miel au Gabon, en Guinée-Equatoriale et dans d’autres pays de la sous-région reste un trésor au potentiel sous-exploité ».

Au Gabon, la FAO en partenariat avec l’Agence d’Exécution des Activités de la Filière Forêt et Bois (AEAFFB) a appuyé le processus de renforcement de capacités en apiculture des communautés organisées au sein des forêts communautaires dans le cadre du projet « appui à l’Apiculture dans les Forêts Communautaires au Gabon ».

50 apiculteurs sélectionnés ont été formés aux techniques post-récolte, de conditionnement, et de transformation des produits apicoles. Une attention particulière a été portée sur les normes de qualité et d’hygiène lors de la récole et du conditionnement du miel. Quinze de ces apiculteurs ont été aussi initiés aux techniques de valorisation d’autres sous-produits de la ruche (cire d’abeilles et propolis). Pour limiter le recours aux intrants importés coûteux et difficilement accessibles aux structures communautaires, les capacités de production de certains intrants apicoles ont été développées. Sept artisans menuisiers et couturiers ont été initiés aux techniques de fabrication des ruches à barrettes supérieures (modèle Kenyan), cruchettes et tenues d’apiculteur. Les autres équipements et intrants apicoles (installation, suivi, récolte et conditionnement) indisponibles au Gabon ont été importés du Rwanda et distribués aux sites pilotes: 8 mini-meulerie ont ainsi été équipées, incluant 28 ruchers de démonstration composés d’un total de 107 ruches en exploitation. La capacité annuelle de production de ces ruchers est estimée à 2 tonnes de miel (250 kg par mini-meulerie en moyenne) et à 100 kg de cire.

En Guinée-Equatoriale, à travers le projet « appui au développement de l’Apiculture dans les zones rurales », la FAO a formé des femmes et des jeunes sur les meilleures pratiques de l’apiculture et la fabrication de ruches. L’objectif principal était de démontrer par des activités pilotes, qu’il est possible de développer l’apiculture comme une activité génératrice de revenu en milieu rural, notamment dans la région continentale et dans l’île de Bikoko. Au total, plus de trente apiculteurs ont été formés et quatre-vingt ruches ont été installées dans la région et a permis d’augmenter la production de miel dans les municipalités de Moka et Nsor.

Ces initiatives ont recherché un effet « tâche d’huile » en formant une première génération d’apiculteurs. L’expérience du projet en domestication des abeilles indigènes qui font partie de la biodiversité, montre que le développement économique peut être bien compatible avec la préservation de la biodiversité.   L’utilisation quasi-nulle de produits phytosanitaires chimiques dans de nombreuses zones rurales du Gabon et de la Guinée –Equatoriale permet d’envisager une sous-filière bio du miel et de ses dérivés, très recherchés sur le marché tant local qu’international. En elle-même, l’apiculture est une activité pouvant avoir un impact environnemental positif car elle stimule la pollinisation et donc la productivité des écosystèmes forestiers (et agricoles) environnants.

Par ailleurs, l’on célèbrera les 25 ans de la Convention sur diversité biologique le 22 mai prochain. Ce sera ici l’occasion de mettre en valeur les réalisations de ses objectifs au niveau national et mondial. Pour Hélder Muteia, Coordonnateur du Bureau Sous-régional de la FAO pour l’Afrique centrale, « malgré la croissante prise de conscience que la biodiversité est un ami caché, longtemps ignoré et négligé, la plupart de ses avantages n’ont pas encore été étudiés, connus ou reconnus. Avec cette perte systématique de biodiversité, la biosphère se fragilise et fragilise également ses divers écosystèmes qui nourrissent la vie, la production alimentaire, l’oxygénation de l’air atmosphérique, l’équilibre carboné, etc. Il est donc urgent de rechercher la biodiversité en tant que source de vie et de résilience ». De ce fait, « Il faut éviter la perte de ressources naturelles qui soutiennent la vie sur la planète. Lutter contre le réchauffement climatique et le changement climatique, mais aussi prendre des mesures plus spécifiques telles que la lutte contre la déforestation, le brûlage incontrôlé, le braconnage, la pêche illégale et illégale, l’utilisation de polluants et de produits agrochimiques, l’intoxication des mers avec du plastique et la contamination des sols » a-t-il souligné.

Obone Flore

Journaliste

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