Libérez les prisonniers politiques et les leaders d’opinion !

Depuis Paris, le Bureau Exécutif de l’Association LOI 1901 « TropCtrop », interpelle, dans un courrier en date du 24 février 2020, le Président de la République Française Emmanuel Macron pour faire pression sur le régime d’Ali Bongo Ondimba, afin d’obtenir la libération immédiate de tous les prisonniers politiques du Gabon. Ainsi que l’application des résolutions du parlement Européen du 14 Septembre 2017.

En effet, engagée dans la lutte pour l’instauration et le respect des droits humains, l’association « TropCtrop » a été créée en Décembre 2018, sur les terreaux encore incandescents de la crise post-électorale meurtrière du mois d’Août 2016 au Gabon.

Ainsi, depuis lors, la dégradation systématique des libertés fondamentales et le recul démocratique du Gabon leur interpellent en qualité de citoyens. Ne pouvant rester insensibles aux multiples injustices et actes de privations que subissent plusieurs compatriotes membres de la société civile, acteurs politiques ou non ;  les membres de « TropCtrop » ont pris la Responsabilité de se retrouver autour d’un idéal de justice pour tous, dont le socle sont les droits humains et l’État de droit.

Aussi, samedi 22 Février 2020, ils ont suivi avec grand intérêt l’échange du Président Macron avec un activiste camerounais au salon de l’agriculture sur la situation explosive dans son pays. Deux réponses ont particulièrement attiré leur attention : Primo, que Monsieur Kamto n’aura été libéré que grâce au coup de fil passé du Président Macron au Président camerounais Paul Biya pour faire pression à ce dernier. Deuxio, le type de relations de subordination avec des dirigeants autoproclamés. Sa déclaration l’atteste : « J’ai mis la pression sur Paul Biya pour que d’abord il traite le sujet de la zone anglophone et de ses opposants. J’avais dit, je ne veux pas qu’on se voie à Lyon, tant que Monsieur Kamto n’est pas libéré. Et il a été libéré parce qu’on a mis la pression. J’ai dit, partout la France travaillera avec des Présidents démocratiquement élus, et là où ils ne le sont pas, on travaillera avec la société civile. Sur le Président Biya, je lui ai dit, il doit ouvrir le jeu, il doit décentraliser, il doit libérer les opposants politiques, il doit faire respecter l’État de droit ».

Cette déclaration implique de facto que vos interlocuteurs au Gabon doivent être avant tout la société civile. Les Gabonais attendent le coup de fil du Président Emmanuel Macron aux autorités Gabonaises dont Sylvia et Nourredine Bongo pour qu’ils libèrent Messieurs Bertrand Zibi Abeghe, Pascal Oyougou, Privat Ngomo, Kelly Ondo Obiang, Ballack Obame, Patrice Oyabi, Armel Mouendou Mbina, Karl Mihindou et tous les autres prisonniers politiques et d’opinions.

Les Gabonais attendent qu’il passe également un coup de fil à Madame Marie-Madeleine Mborantsuo, pierre angulaire du clan Bongo, et plus ancienne Présidente d’une Cour Constitutionnelle en activité en Afrique francophone. Inamovible depuis sa prise de fonction à la tête de cette Institution en 1991, elle a récemment exigé et obtenu un prolongement de neuf (9) ans à travers la révision constitutionnelle en 2018. A terme, elle aura passé 36 ans sans discontinuer comme Présidente de cette Haute Cour. Pour qu’elle ouvre la période de la vacance de pouvoir. Celle-ci permettra la restitution du pouvoir au Président démocratiquement élu en 2016, par près de 65% du corps électoral.

En outre, au moment où une étude interne de la Banque Mondiale, le « Paper gate » révèle qu’en moyenne 7,5% de l’aide publique au développement fournie par cette institution et versée aux pays les plus pauvres, finit cachée dans les paradis fiscaux. Cette étude est formelle : « Plus un pays est dépendant de l’aide au développement, plus les versements effectués vers les centres financiers off-shore depuis ces pays sont importants. Concrètement, l’étude menée par trois chercheurs démontre que, des aides au développement versés à des pays pauvres, coïncident systématiquement avec une forte augmentation des dépôts bancaires depuis les pays concernés vers les paradis fiscaux Suisse, Singapour… ». L’association « TropCtrop » a été heureuse d’apprendre à travers les propos de du Président Macron, qu’ils avaient la même conception de la gestion, du suivi du contrôle et de l’usage de cet argent, qui doit servir avant tout à une économie inclusive : « On ne donne pas d’argent aux Présidents, nous finançons des projets. Si vous avez des sujets de détournements, faites-les moi savoir, parce que partout on fait de l’évaluation on vérifie… ».

Justement, sur l’aide au développement, « TropCtrop » est disposé à apporter au Président français, ainsi qu’à la Cour des Comptes, des éléments de preuves qui contrastent avec ses propos sur le suivi, l’évaluation et l’utilisation de ces fonds dans cet échange ; le cas de l’AFD (Agence Française de Développement) est riche d’enseignements : Près d’un milliard d’euros prêté au gouvernement Gabonais en dix 10 ans, pour un résultat désespérément inexistant sur le terrain !

En conclusion, les Gabonais comptent désormais sur le Président de la République Emmanuel Macron, à travers les appels téléphoniques qu’il aura à passer. Ils n’imaginent pas que le Président de la République française puisse traiter des problématiques des droits humains au Cameroun, et pas au Gabon voisin.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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