Les pas vers l’indépendance du Gabon : Pays riche peuple pauvre.

Quand le 14 juin 1958, De Gaulle revient aux commandes, il a pour mission d’accélérer la décolonisation avec, à la clé, la constitution du 4 octobre 1958 qui montrait la victoire de l’empire français. Les ressortissants des territoires d’Outre-Mer (LOM) étaient  invités à se prononcer sur une alternative : soit un nouveau mariage dans la communauté, soit l’indépendance rapidement.

Léon Mba était hostile au statut d’Etat membre de la communauté. Il préférait celui de ‘’ Département  français’’ d’Outre-Mer(DOM). Certaines autorités parlementaires franco- gabonaises durent le contraindre à accepter  l’idée de l’indépendance.

Le 28 septembre 1958, les Africains des territoires d’Outre-Mer furent appelés aux urnes pour entériner ‘’ la Communauté’’ proposée par De Gaulle. Ce fut le Référendum de 1958. Au Gabon, trois partis politiques avaient été autorisés à faire  campagne pour le ‘’Oui’’ ou pour le ‘’Non’’ au régime de la communauté.

Le Bloc Démocratique Gabonais(BDG), était favorable au ‘’Oui’’. L’amour  de ses leaders à la France était viscéral donc indéfectible. L’Union démocratique et sociale gabonaise(UDSG), partisan dans un premier temps du « Non », se rétracta après le congrès d’Oyem le 5 septembre  1958, où le leader Jean Hilaire Aubame ; farouche opposant de Léon Mba, conseilla de voter « Oui ».

Le PUNGA, sous la houlette de ses leaders historiques Réné Paul Sousatte et Jean- Jacques Boucavel, invita les populations  à voter « N ». Cette opposition au référendum était soutenue par d’autres nationalistes comme Jean Marc Ekoh, Philippe Ndong,  Prince Louis Berre Monguitigana. Ce groupe d’actifs a contribué au succès du « Non » dans la seule province de la Nyanga, grâce aussi à l’action militante sur le terrain de partisans venus de France et d’ailleurs  comme l’étudiant Bouckat Bou Nziengui, de fonctionnaires en poste dans la Nyanga et autres notables comme Léonard Mbadinga( devenu ministre après), Toko- Nkolo, Frédérick Bongo Mavoungou et Délicat. Malgré cette campagne du « Non », le « Oui » l’emporta largement, intégrant ainsi le Gabon dans la Communauté Franco-Africaine.

Deux mois après le référendum et la victoire du « Oui », le 28 novembre 1958, d’un vote unanime des élus du peuple à l’Assemblée législatives, l’ancienne colonie du Gabon devenait la république Gabonaise, territoire autonome avec, à sa tête, un premier Ministre, Léon Mba. Le conseil du gouvernement se mua en conseil des ministres.

Le BDG obtint le pouvoir dès 1957, avec l’élection de Gondjout comme président de la toute nouvelle Assemblée Territoriale et celle de Léon Mba, secrétaire général- adjoint du BDG, comme Vice-président du Conseil de Gouvernement. En 1958, après 119 ans de colonisation, le Gabon ne comptait que quatre (4) cadres universitaires, anciens boursiers revenus de France dont, Laurent Biffot(Docteur en sociologie, maître de recherches à l’ORSTOM, Jacques Libizangomo Joumas( Ingénieur à la SPAFE), Valentin Mihindou Mi Nzamba(Professeur de Lycée Technique) et Léon Augé( Juriste et Magistrat).

Le 20 mai 1960, le gouvernement obtint par un vote de l’assemblée législative, mandat de mener des négociations avec l’ancienne puissance coloniale en vue du transfert des compétences qui devraient conduire l’Etat du Gabon à l’Indépendance. Mais en « amitié » avec la France pour éviter certainement des frustrations.

C’est au mois de juillet 1960 que la délégation gabonaise conduite par Léon Mba quitte Libreville pour Paris. La délégation comprenait également le président de l’Assemblée législative, Paul Gondjout, le Prince Félix Adande Rapontchombo, Eugène Amogho, André Gustave Anguilè, Pierre Avaro, Jean Aveno Davin, Prince Birinda de Boudieguy, Jean-Félix Mba, N’nah Bie et autres.

A Paris en France, le 11 juillet 1960, cette  délégation gabonaise eut à négocier avec la délégation française conduite par Michel Debré, premier ministre de l’époque, assisté de Jean Foyer, secrétaire d’Etat à la Communauté. Les accords devaient consacrer les liens privilégiés entre les deux pays et portaient sur : Le transfert à la République Gabonaise à la Communauté ; la participation de la République Gabonaise à la Communauté symbolisant son attachement indéfectible à l’ancienne puissance, la France ; la coopération en matière de défense, d’aide et d’enseignement supérieur.

Léon Mba Minko Mi Edang et sa délégation vont regagner  Libreville la capitale Gabonaise le 22 juillet 1960, dans l’ambiance populaire. Le 23 et le 24 juillet 1960, l’Assemblée législative va se réunir à Libreville, en session extraordinaire, sous la présidence de Paul Gondjout pour examiner les accords de Paris du 11 juillet 1960. Lors de cette séance les députés voteront la loi qui nomme le  premier Ministre Léon Mba, en attendant la révision de la constitution avec rang et prorogative de Chef de L’Etat.

Les députés auditionneront également les propositions d’hymnes nationaux retenues pour concourir. Cinq hymnes retiendront l’attention des parlementaires : La Gabonaise, qui deviendra la Concorde de Georges Damas Aleka, le drapeau sur l’Equateur, composé par les élèves du Collège Bessieux, dont Pierre- Claver Mvelé et Jean- Marie Nzembote, sous la supervision de leur professeur de musique, Martin Ndong. Trois autres textes sont dans la course : Un de Louis Bigman, un autre de Paul Gondjout et enfin celui de Jean- Jacques Boucavel. La concorde, très bien orchestrée, est choisie comme l’hymne national. Le 17 avril 1960, Léon Mba proclame l’indépendance du Gabon.

Paul Essonne

Journaliste

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