Le SYNAPEF annonce une crise sociale au ministère des Eaux et Forêts.

Le point de presse de ce 10 juin du Syndicat National des Professionnels des Eaux et Forêts (SYNAPEF) sonne comme un rappel au respect des engagements, et vise à interpeller les plus hautes autorités de l’Etat sur les problèmes d’urgence qui minent le ministère des Eaux et Forêts. Il s’agit en effet, des problèmes liés notamment à la gestion de l’Administration sans respect des textes organiques et règlementaires des procédures. Concrètement, il s’agit des nominations illégales en violation du décret 291 fixant les attributions et l’organisation du ministère intervenues lors des Conseils des ministres du 5 décembre 2019, du 31 janvier et du 8 mai 2020. Mais aussi, l’instruction des missions de terrain non conformes aux prérogatives spécifiques des services. En exemple, l’Agence Nationale des Parcs Nationaux procède à des contrôles dans les chantiers forestiers alors que son domaine de compétences se situe au sein des parcs ou en périphérie. Cette confusion sur le rôle de chaque entité est inadmissible et doit cesser.

En outre, le SYNAPEF demande au ministère de la Justice l’annulation du serment prêté le 7 mars 2020 par des hauts responsables en qualité d’Officiers Supérieurs de Police Judiciaire des Eaux et Forêts, alors qu’ils ne sont du Corps des Eaux et Forêts comme le conditionne la loi.  De plus, le syndicat demande au Premier ministre la réhabilitation du Centre National Anti-Pollution et le retour en activités de ses agents.

Sur le plan social, les personnels privés depuis 2014 de leur prime sectorielle conférée par le Code Forestier en son article 285, réclament son paiement. Cette prime est logée dans le compte spécial Ristournes numéro 4705-831L, au Trésor Public. Ledit compte est actif en recettes, encaissant la quotepart des 30 % qui y sont reversées.

Pourtant, la revendication portant sur le retour au paiement de la prime a fait l’objet d’un travail en commission de négociations ayant abouti à la saisie du ministre de l’Economie et des Finances le 27 mars dernier. Deux mois plus tard, il revient qu’en réalité, le cabinet du ministre des Eaux et Forêts a fait le choix délibéré d’une reformulation ambiguë du dossier, au mépris du rendu collégial de la commission mise en place et présidé par le ministre délégué. Constat fait d’une volonté non avouée de statuquo.

C’est pourquoi le Syndicat compte lancer dès lundi 15 juin un mouvement de grève nationale illimité si cette prime n’est pas payée et si les hauts responsables illégaux du ministère des Eaux et Forêts sont maintenus en fonction.

Pour rappel, dès le lancement de ce mouvement de grève, le SYNAPEF appellera à la démission du Professeur Lee White, en qualité de ministre des Eaux et Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan Climat, des Objectifs du Développement Durable et du Plan d’Affectation des Terres.

L’affaire du Kévazingo n’est pas en reste, et le SYNAPEF demande aux initiateurs de cette opération de dire à l’opinion publique ce qu’il en est aujourd’hui. Il a été facile de traiter les agents des Eaux et Forêts de corrompus, mais la première question à se poser est  de savoir comment peut-on déclarer dans un premier temps la disparition de 353 contenairs de Kevazingo et venir dans un deuxième temps dire que des opérations d’identification des essences seront conduites. Ces incohérences démontrent qu’il s’agissait d’une dramatisation voire d’une manipulation volontaire de l’opinion publique nationale et internationale. Le syndicat exige la vérité.

Par ailleurs, le SYNAPEF a déposé depuis le 19 février un cahier de charges sur la table du ministre. Ce cahier est divisé en deux volets. Le volet social et le volet règlementaire. Sur le volet règlementaire, le syndicat réclame l’aboutissement du nouveau code des Eaux et Forêts dont la commission de révision promise par le ministre est attendue, après le retrait du texte au parlement depuis octobre 2019. C’est un dossier urgent de manière à avoir un Code sectoriel conforme à la nouvelle configuration du ministre définie dans le décret 291/PR/MEF du 18 février 2011 portant Attributions et Organisation du ministère.

Il y a aussi la question du statut paramilitaire des Eaux et Forêts pour laquelle le SYNAPEF en tant que partenaire social doit donner son avis car il s’agit des carrières des agents.

La délocalisation de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts est aussi une préoccupation. Les syndicalistes estiment que le site actuel du Cap-Estérias convient parfaitement à cette école historique. Ils demandent juste au gouvernement de réhabiliter ce site et d’accorder un budget conséquent au fonctionnement de l’Ecole.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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