Le Musée National se réinvente plus vivant.

Situé dans l’ancien local de l’ambassade des USA au Gabon dans le 3e arrondissement de Libreville, le nouveau Musée National est déjà chargé d’histoire. Face aux défis contemporains, il a entamé une profonde métamorphose, replaçant la mission pédagogique au cœur de son projet.

Ecrins d’art et de savoir, outils de connaissance et de conscience, notre Musée National est un gardien de mémoire, un rempart contre l’oubli, l’ignorance, l’infondé. En reflet de la société qui l’a fait naître, il traduit une vision du monde, y compris celle que porte son époque. Or, aujourd’hui, des mutations de tout acabit lui font anticiper l’avenir. En écho à l’inexorable et frénétique mouvement ­qu’elles engendrent, un grand nombre de propositions, souvent discrètes et engagées, fleurissent. Toutes conjuguent confiance et pragmatisme, stratégie et altruisme, innovation et impertinence. Ce florilège révèle en pointillé ce à quoi ressemble le Musée National.

Son visage et son esprit ont profondément changé. L’évolution démographique des dernières décennies nourrit aujourd’hui des flux de publics toujours plus divers et segmentés. La densité urbaine a contraint la construction, l’expansion et l’aménagement de cet édifice. Les effets de la mondialisation et le regain massif de l’investissement privé accélèrent la transformation du paysage muséal. Plus visiblement, la révolution numérique et la dématérialisation ont changé radicalement le rapport du visiteur à l’image et donc à l’œuvre exposée.

De même, les modes d’apprentissage des connaissances ont eux aussi connu de fortes mutations, creusant des fossés entre cultures et générations, modifiant les comportements comme les habitudes des publics. L’heure semble donc venue, pour le Musée National, au-delà des frontières, de se livrer à un examen minutieux de sa mission, mais également de son rôle et de son identité, au sein de la société gabonaise qui semble vivre toutes les adolescences à la fois.

Toutes les énergies déployées dans des projets et des initiatives aux effets parfois peu visibles sont autant d’appels, d’invitations et d’échos. Passé le temps éphémère des expositions, la mémoire trouvera d’autres repères, dans les pages des livres d’art, pour y éterniser, en le ravivant, l’instant d’une visite et le souvenir des œuvres rencontrées. L’exploration se poursuit sans fin, s’y nourrit et cultive l’envie de pousser à nouveau la porte du Musée National. Le temps des austères temples de la culture, coupés du reste du monde, est bel et bien ­révolu. Le Musée National vit à notre image. S’il écrit pas à pas son avenir, c’est aussi du nôtre qu’il est question.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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