L’analyse de François Nzigou sur les ODD.

Avant que les pays africains s’imprègnent des Objectifs du Développement Durable, il était important pour moi d’étayer les raisons qui ont poussé certains experts internationaux  à élaborer les OMD. Les résultats obtenus, mais également leurs limites.

L’objectif de cette réflexion consiste à montrer l’origine des OMD,leurs objectifs,les changements profonds observés pendant la période 2000-2015,les résultats obtenus,mais également les limites qui ont poussé les États membres des Nations Unies et scientifiques d’adopter l’application des ODD comme nouvelle solution. Premièrement,il faut souligner que les ODD viennent se substituer aux Objectif du Millénaire du Développement qui avaient été adoptés en 2000 et pour la période 2000- 2O15.

Dans cette réflexion,je vais faire un rapide rappel des résultats des OMD,évoquer quelques points qui nous paraissent cruciaux en ce qui concernent les changements depuis ces 2O dernières années,expliquer le contenu des ODD et voir quelle portée pour le futur de la planète.

Rappel des résultats des OMD

Il y a 20 ans,le monde était marqué par un double clivage Nord-Sud,c’est à dire,pays développés et pays en développement et un clivage Est-Ouest encore marqué la guerre froide même si le mur de Berlin avait déjà été embrelé.La question de la pauvreté était et est toujours une question cruciale dans le monde car elle est source de misère,mais également de conflits.

Les solutions qui étaient les plus basiques qui étaient proposées par les institutions de Bretton woods déclinées au tour de ce qu’on appelait le consensus de Washington, proposaient des politiques ultra-libérales et qui avaient alors un coût social élevé.L’aide publique internationale était fatiguée dans le sens ou l’on considérait qu’elle ne pouvait plus répondre aux questions de la pauvreté et,il fallait trouver une solution magique qui était les Objectifs du Millénaire (OMD) avec au tour d’une problématique de l’époque qui est celle des biens mondiaux,c’est à dire qu’il y a des biens qui doivent satisfaire l’ensemble de la communauté de la planète.

Il faut rappeler l’Objectif du Millénaire pour le Développement avait 8 objectifs à savoir :

1) réduire l’extrême pauvreté et la faim;2) assurer l’éducation primaire pour tous;3) promouvoir l’égalité de sexes;4) réduire la mortalité infantile;5) améliorer la santé maternelle;6) combattre le VIH/sida,le paludisme et d’autres maladies;7) préserver l’environnement;8) et mettre en place un partenariat pour le développement.

Entre 2000 et 2015,nous avons observé des profondes mutations notamment la baisse relative de la pauvreté.Une baisse du taux de pauvreté et aussi une baisse du nombre des pauvres si on s’inspire des données de la Banque Mondiale sachant que l’indicateur d’extrême pauvreté a changé.On estime qu’on est dans l’extrême pauvreté si on a un revenu inférieur à 1,9 dollars américain par jour.Jus qu’à un passé très récent,on comptait 700 millions de personnes qui sont en dessous de ce seuil alors qu’on considérait extrêmement pauvre était de 1,9 milliards en 2000 lorsqu’ils lançaient les OMD alors que dans le même temps,la population a augmenté et passait de 5,3 à 7 milliards d’habitants.

Les résultats observés sur la période de 2000 à 2015 sont tout à fait incontestables en matière d’amélioration de la santé,d’éducation,de l’alimentation et de l’accès aux services essentiels par exemple l’eau.Mais les résultats étaient moins bons en ce qui concerne l’égalité des sexes,le climat ou la lutte contre les grandes endémies.Il faut nuancer car certains bons résultats dépendent de l’émergence de la Chine.La baisse du nombre des pauvres qui était

largement liée au taux de croissance Chinois enregistré pendant ces 20 dernières années à deux chiffres.En revanche,ces résultats ont été partout moins bons en ce qui concerne l’Afrique Subsaharienne notamment en ce concerne la mortalité infantile ou les chiffres sont encore dramatiques.

Dans les régions les plus pauvres,le taux de mortalité maternelle est 14 fois plus élevé que dans les régions des pays développés. Un milliard de personnes vivent dans les taudis et autant défèquent à l’air libre.

C’est donc dire que les inégalités persistent partout dans le monde,mais plus dans les pays en développement.La pauvreté régresse,mais les inégalités s’accroissent au sein des pays et entre les pays. Il y a des nouveaux phénomènes comme l’apparition des nouveaux riches dont le patrimoine s’accroît et des grands pauvres.Deux grands phénomènes qui se cumulent aujourd’hui selon les travaux de Thomas Piketty,Best seller international avec son livre LE CAPITAL,on a observé que dans la période des OMD,il y a eu une montée rapide des inégalités de revenus et les patrimoines financiers et immobiliers se sont concentrés sur les plus riches.

Pour rappel,c;est l’Indice de GINI qui est l’indicateur de l’inégalité,plus ce chiffre est élevé,plus l’inégalité est forte.Cet indice montre clairement en dehors de l’Afrique qui a des taux les plus élevés au monde que la Chine à 47,3 %,L’Inde (49,7) et le Brésil (46,3).Au regard de ces chiffres,on constate que bien que la Chine a réduit certes très sensiblement son taux de pauvreté,mais est encore dans une situation de profondes inégalités.C’est la même chose pour le Brésil et l’Inde.

Les limites des OMD

Il faut souligner que les OMD avaient une limite terrible,c’était une conception très technocratique car il ya eu très peu de concertation pour élaborer les OMD. C’est venu de certains experts qui ont défini ce qui était bon pour la planète pour cette période,mais surtout pour parvenir à la lutte contre la pauvreté,l’éradication contre la pauvreté par exemple ou la parité entre hommes-femmes.Mais aucune politique n’était préconisée.Or,il peut y avoir différentes façons d’obtenir les résultats statistiques. Un gouvernement autoritaire par exemple peut réduire de moitié la pauvreté en privilégiant uniquement un groupe ethnique et en laissant de côté ou dans les zones d’exclusion,une partie de la population .

Une autre limite que l’on peut reconnaître derrière les OMD. C’est une certaine conception que le monde occidental se fait sur ce qui est bon ou pas pour les pays du Sud.Or,ce paternalisme aujourd’hui n’est plus de mise,c’est à dire qu’il leur a enfin été reproché de perpétuer le paternalisme traditionnel des relations d’assistance entre les pays du Nord et ceux du Sud. Il est impossible que le Nord se prononce sur ce qui est bon pour le Sud.

La question que nous nous pouvons,est celle de savoir si réellement les résultats obtenus sont dus aux OMD ou c’est grâce à d’autres facteurs,nous expliquerons plus tard.

On se rend compte qu’on n’est plus dans le clivage Nord-Sud,la pauvreté est partout,c’est à dire universelle et les zones de richesses sont partout.En effet,on voit l’apparition des nouveaux pays émergents qui occupent une place croissante dans l’économie mondiale : les (BRIC). Ces pays modifient la conception dichotomiste que nous avions jusqu’à présent.Et même une partie de l’Afrique n’est plus traitée de la même manière et là,on peut citer le titre de la revue Britannique qui titrait en 2010 : the hopeless continent sort du trou ,the hopefull continent.( le continent plein d’espoir,la région ou il faut forcément aller ).

Des institutions contestées dans le monde

Dans les États,des désintégrations sociales sont en œuvres:Chômage massif,migrations,marginalisation,crise identitaire et ascension sociale frustrée. On est alors dans un monde bouleversé par rapport à ce qu’il était dans les années 2000. C’est pourquoi les institutions doivent reconquérir leur légitimité.La violence,la délinquance juvénile,la désobéissance civile et la  guerre deviennent un mode de recours contre les situations d’inégalité  trop profonde. L’existence des pratiques illicites liées à la corruption,l’évasion fiscale ou blanchiment d’argent. D’où la question de savoir si la politique du système des Nations Unies est encore capable de gérer ce nouveau phénomène.

Le système des Nations Unies qu’on appelle généralement le Club des vainqueurs de 1945 est interrogé sur sa capacité à assurer la régulation du monde.Sur le plan économique,l’OMC est un échec avec notamment l’échec de Doha parce qu’ils n’ont pas pu assuré la baisse généralisée des taux de droits de douane.Or,c’est plutôt des formules bilatérales ou des accords par région qui prédominent plutôt que des processus internationaux.

Il y a un certain nombre des nouveaux acteurs qu’on ne connaissait pas dans les années 2000.Les firmes multinationales ont accru leurs poids,leurs puissances avec une certaine autonomie même si les modalités de régulation qui se mettent en place même si c’est discutable,les grandes fondations par exemple la Fondation GATE qui a un  budget en matière de santé mondiale beaucoup plus important que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).Les BINGOs qui sont des grandes ONGs anglo-saxon.Toutes ces organisations ont une autre légitimité que les États car elles s’auto-légitiment par l’action qu’elles mènent,mais viennent interférer dans les modalités de la démocratie formelle habituelle.

Et enfin,il y a un certain nombre des pays comme ( Russie,Venezuela,Iran,Turquie et voire même tout le continent africain) qui ne se retrouvent pas dans le modèle Onusien tel qu’il est mis en place et dirigé par un certain nombre des pays notamment les 5 pays membres de sécurité.

Le modèle économique à bout de souffle

Le monde capitaliste dominant globalisé est entré en crise en fin 2007,début 2008 et la plus part des pays ne sont véritablement pas sortis de cette situation de crise si on parle du chômage.Pour Larry Summer,un éminent économiste qui fut proche du pouvoir aux Etats-Unis parle de stagnation séculaire,c’est à dire qu’on est entré dans le monde dit développé dont les taux de croissance ne seront pas de 5 % comme ça  pu être dans les années antérieures,mais  tourneront autour de 1 à 2 %.Ce n’est que dans certains pays de l’Afrique ou on voit les taux de croissance à 6 voire 7 %,mais une croissance illusoire car leur taux de chômage reste supérieur ou plus de 45 %.

Mutation sur la pression de la planète

Il y avait un OMD sur l’environnement parmi beaucoup d’autres,il n’était pas vraiment identifié,pas très qualifié et non contraignant. Les choses ont beaucoup évolué avec la prise de conscience car tout le monde sait que ceux qui menacent la planète sont les riches et non les pauvres.Les auteurs de la pollution ( l’Amérique du Nord,l’Europe et la Chine).Ceux qui en souffrent davantage ou les victimes potentiels du changement climatique ( ils sont plutôt au Sud,c’est l’Afrique,une partie de l’Amérique Latine et l’Amérique Centrale et l’Inde) sous quelques formes: les inondations,salinisation,acidification des sols,perte de la biodiversité.Nos deux cas démontrent bien l’inégalité qu’il y a par rapport à l’avenir de la planète.

La prise de conscience du péril climatique

Mais la prise de conscience généralisée sur le fait que la surconsommation des ressources naturelles menace non pas les 10 % des plus riches de la planète,mais menace l’avenir de la planète. C’est ce que les économistes appellent les externalités négatives que le monde a déjà ressenti notamment ;les inondations de plus en plus fréquentes,la baisse des rendements agricoles,les problèmes sanitaires croissants.Sur le sol africain,on perçoit déjà ce genre de phénomène lié au changement climatique,la déforestation massive et la désertification etc.

Alors,le dérèglement climatique auquel on assiste est un multiplicateur de menace.

Premièrement,il risque d’entraîner la raréfaction des ressources naturelles et provoquera des déplacements des personnes.

Deuxièmement,il risque de mettre à plat les fruits de politiques de développement mises en œuvre depuis des décennies. D’où l’intérêt des Objectifs du Développement Durable (ODD:2015-2030).

Mais la question que je me pose et que beaucoup des scientifiques se posent,est celle de savoir si l’Afrique peut atteindre les Objectifs du Développement Durable qui regroupent 17 Objectifs et 169 sous Objectifs ou cibles,d’autant plus qu’elle n,’a pas pu atteindre les OMD qui avaient seulement 8 Objectifs.Va-t’elle continuer à être le mendiant du monde financier pour se développer ou  va-t’elle assainir son cadre polico-institutionnel et juridico-financier pour aboutir à un développement socio-économique et environnemental agréable pour ses populations?

 FRANÇOIS NZIGOU NZIGOU
Président et fondateur de NZY GREEN FINANCE CONSULATING (France)
.En instance d’un doctorat en sciences économiques à l’université de Lille (France)

.Titulaire du Master 2 Gestion Financière et Espace Européen (Nancy-France)

.Titulaire du Master 2 Micro finance et Développement (Nancy-France)
.Titulaire du Master 1 Sciences Commerciales,option:Finance d’entreprise (Béjaia-Algérie)

François Nzigou Neigou,président fondateur de Nzy Green Finance Consulting au numéro de suret : 838 700 565 00024 (France). Merci.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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