La FAO et ses partenaires se penchent sur le rôle de la femme dans le développement rural.

En Afrique, les femmes représentent en moyenne 43% de la main-d’œuvre agricole, produisent la majeure partie des produits alimentaires cultivés, notamment dans l’agriculture de subsistance, et réalisent la plus grande part des travaux de soins non rémunérés dans les zones rurales.

Au Gabon, les femmes sont fortement impliquées dans la production vivrière, maraîchère, la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Elles réinvestissent la grande part de leurs revenus pour l’alimentation, la santé de la famille et l’éducation des enfants.

Selon Nicole Nguema Metogo de l’ONG Agir pour le genre, « les femmes rurales représentent 27,64 % de la population féminine du Gabon, leurs contributions sont cruciales pour le bien-être des familles, de leurs communautés et de leurs économies ».

Cependant, le niveau et la qualité de leur participation ne procurent pas d’avantages en termes de développement socio-économique; car celles-ci sont confrontées au quotidien à de multiples difficultés et inégalités qui les empêchent de jouer pleinement leur rôle d’acteurs au développement et leur voix n’est que trop rarement entendue.

Face à ce constat, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en partenariat avec les ministères sectoriels, les bailleurs de fonds, les autres partenaires au développement, les ambassades et associations du secteur, a organisé le mercredi 23 mai 22017 une réflexion conjointe et approfondie au cours d’une réunion thématique axée sur « le rôle de la femme dans le développement rural ».

En cette période de la décennie de la femme, « cette première réunion du groupe thématique avait pour objectif de mettre en place une plateforme de réflexion entre les différents bailleurs et partenaires au développement et le gouvernement, dans le but de mutualiser les efforts, d’orienter les interventions afin de mener des actions ciblées à l’endroit des femmes rurales » a expliqué Huguette Biloho Essono, Chargée de Programme FAO Gabon.

Trois heures durant, les participants ont été édifiés sur le rôle de la femme dans le développement rural avec ses potentialités et ses défis ainsi que sur les axes stratégiques d’intervention pour la valorisation et la lisibilité de ces femmes.

Le rôle de la femme dans le développement rural : Potentialités et défis

Incontestablement, les femmes jouent un rôle crucial dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la lutte contre la pauvreté en milieu rural. Selon la Stratégie Nationale pour l’Egalité et l’Equité de Genre (SNEEG), les femmes représentent 70 % des actifs dans le secteur agricole, constituant ainsi un potentiel de développement dans le domaine de l’agriculture et de la transformation agroalimentaire.

Les femmes rurales sont confrontées à de nombreuses obstacles qui minent leurs chances de succès, notamment, le manque d’infrastructures publiques et sociales, l’accès inégal au crédit et au foncier, aux équipements techniques et autres ressources importantes. Selon l’ONG Agir pour le Genre « les femmes rurales ont un accès faible aux services de santé de qualité;76 % des médecins de santé publique sont installés dans les grands centres urbains et 24 % dans le reste du pays ». Elles souffrent d’un déficit de services de base lié à leurs zones géographiques, ce qui rend difficile l’accès à l’eau, à l’électricité, aux services de transports, d’information de communication (particulièrement pour la région du Nord et du Sud).

Dans de nombreux pays en développement, les femmes effectuent une série de tâches essentielles de ménage et de soins, leur journée de travail a tendance à être plus importante et plus lourde que celle des hommes.

On accorde trop peu d’attention aux facteurs qui renforcent les inégalités entre les femmes et les hommes en milieu rural, et les mesures prises n’ont pas permis d’éliminer la discrimination et surmonter les désavantages structurels que doivent surmonter les femmes. De plus, la majorité des politiques ou programmes agricoles ne sont pas sensibles au genre et pas assez connues du grand public.

L’un des défis de ce millénaire est d’améliorer la condition juridique, économique et sociale de la femme, pour qu’elle prenne elle-même en main son destin et contribue pleinement au développement de son pays. Il s’agit d’une lutte quotidienne de tous, gouvernement, bailleurs de fonds, partenaires au développement, ONG, associations de femmes et mouvements associatifs.

« Favoriser l’accès des femmes aux facteurs de production (information, crédits, technologies, ressources naturelles), renforcer leurs capacités organisationnelles et techniques, appuyer le développement et la préservation des niches de création d’emplois décents et durables, sont autant d’élément qui permettrait à la femme rurale de jouer pleinement son rôle et d’être visible » a souligné Yolande Bivigou, Point focal genre du Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage, chargé du Programme Graine.

Pour ce faire, il faudrait relever le niveau d’instruction de la femme rurale et sa représentation dans des instances de prises de décisions, moderniser l’outil de production de la femme rurale, favoriser et promouvoir l’accès des femmes aux sources d’informations et de financements.

Les différents acteurs ont marqué leur intérêt et ont apprécié cette initiative de la FAO qui dans une approche participative, souhaite que des actions effectives visant à l’essor de la femme rurale soient menées. En effet, « l’intérêt pour ce thème n’est plus à démontrer » a souligné la Représentante de la Banque pour le Développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC). Elle a aussi tenu à rassurer l’assistance de la place qu’occupe l’égalité et la question du genre dans les 8 objectifs prioritaires du plan quinquennal stratégique 2017 – 2022 de la BDEAC.

Cette réunion qui a vu la participation de la représentante de la Ministre de l’égalité des chances, chargée de la décennie de la femme, de l’Ambassadrice de la République de Sao Tomé-Et-Principe ainsi que des représentants de l’Ambassade de la République de Corée, les responsables de l’Agence Française de Développement, les représentants des ministères de l’industrie et de l’agriculture, de la société civile et des experts FAO a été l’occasion de jeter les bases sur la question de l’apport de la femme dans le développement rural, gage d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle.

« Le thème d’aujourd’hui a été choisi en reconnaissant qu’en Afrique et particulièrement au Gabon, les femmes sont responsables au quotidien de l’alimentation et de la santé de la famille et sont des acteurs incontournables au développement rural durable » a conclu Hélder Muteia, Coordonnateur du Bureau Sous-régional de la FAO pour l’Afrique centrale et Représentant de la FAO au Gabon.

Obone Flore

Journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *