Interview avec le directeur général de BGFI Europe sur « En Afrique, le digital permet de financiariser une clientèle plus large à moindre coût ».

Le Directeur général de BGFIBank Europe, Francesco De Musso, revient pour La Libreville sur les mutations en cours dans le secteur bancaire africain et sur son impact sur le développement du continent.

Quel est le rôle de BGFIBank Europe au sein du groupe qui, rappelons-le, est présent dans onze pays sur deux continents et est le leader de son secteur en Afrique centrale ?

BGFIBank Europe est un établissement de crédit spécialisé basé à Paris. Nous sommes le hub du groupe pour ses opérations internationales. Son développement est à la fois soutenu et exponentiel. 2018 aura été une année record pour la filiale, tant en termes d’activité que de rentabilité, depuis sa création en 2009. Durant cet exercice, notre produit net bancaire a enregistré un taux de croissance annuelle de 26 %. De ce point de vue, le premier trimestre 2019 s’inscrit dans la continuité. Nous escomptons une rentabilité supérieure à 50 %, ce qui constitue une performance remarquable.

Quelle est la situation du secteur bancaire en Afrique aujourd’hui ?

Après une période d’émergence et de forte croissance des acteurs bancaires panafricains, on entre aujourd’hui dans une phase de stabilisation ou, si vous préférez, de consolidation. Un mouvement qui s’explique pour l’essentiel par les évolutions réglementaires liées aux exigences de Bâle II et III qui imposent aux banques le renforcement de leurs fonds propres pour améliorer leurs ratios de couverture, le durcissement des politiques de provisionnement ou encore la mise en œuvre de politiques de gestion des risques plus raisonnables.

Quelle peut-être la contribution du secteur bancaire au développement du continent africain ?

Le secteur bancaire est l’acteur principal du financement des économies africaines. Celui-ci collecte des dépôts pour les prêter aux acteurs économiques qui en ont besoin. Pour mieux accompagner les économies, les banques doivent étendre leur maillage et être plus proches de leurs clients. C’est ainsi qu’émergeront les futurs champions qui, pour certaines d’entre elles, évoluent peut-être aujourd’hui dans le secteur informel. Être proche de nos clients  n’est pas un slogan, c’est une nécessité. D’où l’intérêt du digital, une priorité chez BGFIBank, qui permettent de financiariser une clientèle plus large à moindre coût.

Comment expliquez-vous la montée en puissance des grands groupes bancaires panafricains et le reflux consécutif sur le continent des banques étrangères, notamment occidentales ?

L’essor des banques africaines est la conséquence des limites liées au business model des banques occidentales qui n’ont pas toujours su s’adapter aux spécificités économiques locales. En Afrique, il faut avoir une approche très spécifique et non pas globale car chaque marché à ses particularités. On ne prête donc pas partout de la même manière, aux mêmes conditions, et encore moins aux mêmes clients. C’est grâce à leurs connaissances intimes des marchés locaux et de leurs spécificités que la plupart des banques africaines ont émergé. Depuis, le mouvement n’a fait que s’accélérer.

On reproche souvent aux banques africaines de ne pas soutenir le financement à long terme. Est-ce justifié ou bien s’agit-il d’un mauvais procès ?

Le long terme est un point sur lequel nos économies sont fortement pénalisées en raison notamment de la faible profondeur des marchés financiers. Pour financer à long terme, il faut surtout mobiliser des ressources sur la même durée. C’est pourquoi il est fondamental que les marchés financiers puissent offrir des perspectives de rentabilité intéressantes et relativement sûres aux investisseurs afin notamment de permettre au secteur bancaire de lever une épargne longue capable de transformer durablement le continent.

Quel sera l’impact dans les années à venir du mobile banking qui ne cesse de monter en puissance en Afrique ces dernières années ?

Le mobile banking représente un formidable outil pour accroître l’inclusion financière de populations qui, jusqu’à présent, en étaient largement exclues. Il représente donc une opportunité de développement, un relais de croissance comme on dit, pour le secteur bancaire. Il permet de toucher une autre clientèle qui a d’autres besoins que la clientèle traditionnelle des banques. Toutes les banques aujourd’hui disposent de solutions de mobile banking. Dans le cas de BGFIBank, notre solution BGFIMobile nous a permis de renforcer notre base clientèle et de servir au plus près, plus vite et à moindre coût nos clients. Le mobile banking est un exemple d’innovation technologique bien adapté aux services financiers, d’où son succès.

Source: LA Libreville Com

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