Greenpeace Africa exhorte Halcyon Agri à stopper la destruction de la biodiversité au Cameroun.

Greenpeace Africa a rendu public un rapport sur la stratégie d’exploitation d’une entreprise sordide de caoutchouc basée au Cameroun, la société singapourienne Halcyon Agri et sa filiale camerounaise. Le rapport  met à nu les conséquences des activités de Sudcam sur l’écosystème et sur les communautés locales et autochtones du sud du Cameroun.

Les concessions de Sudcam sont situées dans la périphérie de la réserve  faunique du Dja, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987 en raison de sa valeur universelle exceptionnelle en matière de biodiversité végétale et faunique. La réserve faunique du Dja abrite quatorze espèces de primate et de mégafaune notamment  les éléphants de forêt, des buffles de forêt, des pangolins géants et des antilopes bongo. Avec une ceinture forestière de seulement 100 à 200 mètres séparant la plantation de Sudcam de la réserve faunique du Dja, le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO a identifié Sudcam comme étant une nouvelle menace sérieuse pour la réserve faunique du Dja.

Sudcam a procédé au défrichage de 10 000 hectares de forêt dense tropicale — soit l’équivalent de 10 terrains de football par jour — pour faire place à une plantation d’hévéas entre 2011 et 2018. Sudcam est responsable de la nouvelle série de défrichage la plus dévastatrice de  l’agriculture industrielle dans le bassin du Congo. Au cours des derniers mois, le processus de défrichage a connu une accélération considérable.

Sylvie Djacbou, La chargée de Campagne forêt Greenpeace Africa exprime son indignation : « il est  alarmant de voir que le gouvernement camerounais continue d’encourager les activités dévastatrices de Sudcam. Les campements des peuples  autochtones à l’intérieur des concessions ont été complètement détruits sans mesures de relocation ou de compensation. Il s’agit d’une violation flagrante de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ».

La convention de 2011 entre le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’aménagement du Territoire (MINEPAT) et Sudcam donne à ce dernier le droit de développer et d’agrandir une zone de plantation et de production à grande échelle. Elle a également accordé à la société des droits exclusifs d’extraction et d’utilisation de l’eau dans la zone de la concession sans autres autorisations ni frais et le droit d’ériger des barrages routiers dans l’intérêt de la sûreté et de la sécurité de ses actifs à sa discrétion. Sudcam bénéficie également du droit d’ignorer les futures lois et règlements adoptés par le parlement ou d’autres organes de l’État.

Il y a un manque d’informations de base indispensables à l’évaluation et la surveillance des opérations de Sudcam et ainsi que de ses relations avec les communautés. Il n’existe pas de documents clairs liant  Sudcam et les communautés locales, pas de protocole d’accord, pas de cartes de concession, pas d’accord d’investissement, pas de certificat de conformité environnementale et d’évaluations d’impact dans le domaine public. Cela est contradictoire aux normes et politiques d’approvisionnement établies par les clients d’Halcyon Agri et de Sudcam tels que les fabricants mondiaux de pneus notamment Bridgestone, Michelin, Continental, Coopertires et Goodyear.

Djacbou poursuit en disant : « l’acquisition et l’exploitation des terres de Sudcam est un exemple typique d’accaparement des terres au Cameroun ». Greenpeace Africa invite Halycon Agri et Sudcam Hevea à mettre immédiatement un terme au carnage de la déforestation et à procéder à une évaluation d’impact environnemental et social de toutes les activités et de rendre public ses rapport. Par ailleurs, Greenpeace Africa exige Halycon Agri et Sudcam Hevea, de verser des compensations suffisantes conformément aux meilleures pratiques internationales, aux communautés concernées suite aux dommages causés par le déplacement physique et économique.

Obone Flore

Journaliste

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