Gabon/ Quel avenir pour la plante Iboga.

L’Iboga, plante endémique des forêts d’Afrique centrale trouvant son plein épanouissement au Gabon, et patrimoine culturel national gabonais, court- il le risque de disparaître? Et surtout, peut-il devenir source de richesse pour le Gabon, victime de plusieurs trafics depuis 150ans, faute d’une loi contraignante?

Ces questions ont sans doute amené l’organisation d’intérêt communautaire de droit anglais « Blessings Of The Forest » (BOTF – « Les bénédictions de la forêt »), fondée par un franco-gabonais, Yann Guignon et son co-directeur David Nassim, à s’engager pour cette plante dont les effets thérapeutiques ont déjà pu être démontrés.

Pour conforter cet engagement, BOTF s’est rendu le 12 janvier dernier au village Ebyeng du canton Ntang Louli dans l’Ogooué Ivindo afin de remettre à l’association A2E un lot conséquent de matériels destinés au lancement d’une plantation d’iboga au sein de la forêt communautaire qui y a été aménagée il y a quelques années.

Cette initiative est le début d’une expérience pour Yann Guignon et son entreprise sociale. Il souligne que les plantations d’iboga constituent une alternative économique conséquente au profit des communautés villageoises victimes de la surexploitation forestière les entourant faisant notamment fuir les éléphants vers les villages où ils s’en prennent allégrement aux plantations vivrières au grand désarroi des populations démunies.

C’est suite à une première mission dans l’Ogooué Ivindo que BOTF avait décidé de signer un premier contrat de partenariat durable avec l’association A2E présidée par Hubert Bled Elie Nloh ayant déjà une forte expérience dans le domaine agricole depuis 1987 et soutenu par la FAO notamment autour de projets d’apiculture et de pépinières d’essences rares. BOTF avait en effet été séduit par le sérieux de la gestion de cette forêt communautaire. Il était donc naturel, pour une plantation expérimentale, de s’attacher les services d’une équipe reconnue pour son expertise. Cette première plantation se veut donc être le pilote d’un large programme de plantations à travers l’ensemble du territoire gabonais.

En effet, BOTF est une entreprise d’intérêt communautaire (dont les revenus profitent aux communautés locales) dédiée à la conservation, l’étude, la culture et la valorisation durable et équitable de l’iboga au Gabon au profit des communautés villageoises conformément au protocole de Nagoya dont le Gabon est le premier pays signataire au monde.

A Ebyeng, le lancement de la plantation expérimentale a donné lieu aussi à la remise d’un important matériel agricole. Brouettes, débroussailleuse, pelles, pioches et autres, renforçant ainsi l’outil de production de A2E.

Yann Guignon, le fondateur de BOTF, demeurant au Gabon depuis 2006 et marié à une gabonaise, s’est fait vœux, suite à sa rencontre avec la tradition bwitiste et ses études aux côtés du Professeur Jean Noël Gassita, d’œuvrer à conserver cette ressource précieuse au sein des communautés villageoises traditionalistes et à développer un réseau national de permaculture des plantes utiles du Gabon en général mais de l’iboga en particulier. A la suite d’un état des lieux au sujet de l’iboga réalisé sous le parrainage de la fondation Sylvia Bongo Ondimba et du Professeur Gassita en 2011/2012 à destination des autorités gabonaises, Yann Guignon révèle que l’iboga est exporté vers le monde entier depuis prêt de 150 ans au profit de cliniques et autres laboratoires profitant largement des vertus thérapeutiques de l’iboga. Cependant, aucune de ces cliniques n’a jamais investi dans des plantations au Gabon créant une raréfaction galopante de la ressource au risque de voir tout simplement l’iboga disparaitre du domaine public gabonais à horizon 2022.

Thierry Mebale Ekouaghe

Directeur de publication, membre de l'UPF (Union de la Presse Francophone) section Gabon, Consultant en Stratégie de Communication, Analyste de la vie politique et sociale, Facilitateur des crises.

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