Entretien avec François Nzigou Nzigou.

Notre entretien avec le président fondateur de Nzy Green Finance Consulting, qui est un cabinet de Consulting sur la finance verte dirigé par le Gabonais François Nzigou Nzigou. Cet entretien porte sur les conséquences de la crise sanitaire provoquée par le coronavirus sur l’économie mondiale notamment sur la sphère économique et financière.

Qu’est ce qui se passe réellement en chine aujourd’hui depuis l’apparition de ce virus?

Aujourd’hui, la chine est paralysée et coupée du monde. Plusieurs pays ont fermé leurs frontières ou ont suspendu les vols vers pékin. Les États-Unis ont même interdit l’entrée dans leur territoire tout étranger ayant séjourné en Chine. Il faut dire que la Chine, c’est l’atelier du monde entier, un marché gigantesque. Mais la Chine cherche à rassurer ses partenaires qu’elle est capable de contrôler l’épidémie et réduire au minimum son impact sur l’économie d’après Lian Weilang, Directeur adjoint de la commission nationale du développement et de la reforme.

Mais en quoi ce virus peut-il provoquer une crise économique mondiale?

Il faut d’abord noter qu’en économie, on se fie au timing car on se pose généralement la question de savoir jusqu’à quand cette crise sanitaire va durer. Mais si ça dure trop longtemps avec une contagion, oui ça peut être une énorme crise économique. Pour analyser ce phénomène, les économistes aiment bien se référer au passé pour essayer de comprendre l’avenir. On a encore le strass dans nos mémoires de la crise sanitaire Chinoise en 2003 avec le virus SRAS (Symptôme Respiratoire Aigu Sévère).Virus qui avait causé la mort de 774 personnes dans le monde, dont 349 en Chine Occidentale et 299 mort à Hong Kong. Force est de constater que 17 ans plus tard, le virus de la même famille apparaît. Mais encore là, il faut préciser qu’en 2003, la Chine pesait seulement 8,7% du PIB mondial. Aujourd’hui, la Chine pèse 19,25% du PIB mondial. C’est pour cette raison que je peux affirmer qu’avec une telle importance de la Chine dans l’économie mondiale, si et seulement si cette crise sanitaire dure, on risque d’assister à un dérèglement de l’économie mondiale.

Quel sera l’impact de cette crise sanitaire si elle dure comme vous le dites ?

Comme disait déjà Bernard Arnaud PDG de LVMH, si l’épidémie dure 2 mois, ça ne sera pas terrible. Si ça dure 2 ans, ce serait une autre histoire. Bien évidemment, il peut y avoir des risques énormes, mais sectoriels. Il y aura peu d’incidence macroéconomique, mais des incidences microéconomiques sur certains secteurs comme le luxe, le transport, le tourisme etc..

En matière de transport, il aura une grande baisse car les touristes Chinois visitent beaucoup l’Europe en général et la France en particulier. En 2018, plus de 2,2 millions de touristes Chinois ont visité la France soit 2,5 % de la fréquentation touristique totale. Selon les statistiques du ministère du tourisme, le client Chinois dépense dans les aéroports plus de 105£ contre moins de 18£ pour les autres passagers.

En Europe, les clients Chinois fréquentes les grands magasins du luxe par exemple la clientèle Chinoise, c’est 25 % de la clientèle de galerie Lafayette. La Chine représente en elle-même seule 1/3 de la demande mondiale du luxe. C’est ce qui commence à inquiéter les institutions internationales  et les marchés financiers.

C’est pourquoi la première institution de Bretton Woods qui est le FMI s’inquiète d’une crise économique internationale profonde pour des multiples raisons. Pour Gerry Rice, porte-parole du FMI, si les chaînes d’’approvisionnement mondiales sont systématiquement affectées ou si les marchés financiers mondiaux sont considérablement touchés par une incertitude croissante, alors, l’impact sera plus important.

Pour ceux et celles qui suivent les marchés financiers, l’année 2020 a démarré fort avec de nombreux signaux négatifs. Le premier signal fort, l’assassinat du général Qassem Soleimani, l’homme influent de Téhéran au moyen Orient, la riposte de l’Iran quelques jours après qui bombarde une base militaire américaine et  la spéculation d’une troisième guerre mondiale face à cette riposte Iranienne.

Le deuxième signal négatif, c’est le bras de fer d’un accord commercial entre les États Unis et la Chine. Et la menace du président américain sur les représailles commerciales ont pesé sur les marchés financiers. Et le troisième signal négatif, était le procès en destitution du président américain. Alors, lorsque vous avez tous ces signaux, nous pouvons sans doute affirmer que tous les ingrédients étaient réunis pour que les marchés financiers s’effondrent.

Force est de constater que tout le mois de janvier, la bourse a continué de monter et tous les experts du monde de la finance était surpris.

En vous entendre, la baisse des valeurs boursières est alors du au coronavirus?

C’est exact, le coronavirus a provoqué littéralement une tempête sur les marchés boursiers. La bourse de paris par exemple a effacé tous ces gains depuis le début de l’année, la bourse de Shanghai a reculé de 13% au mois de Janvier. Cependant, on constate néanmoins une petite amélioration dans les marchés américains et Européens peut être pour leur optimisme. Mais je pense que cette différence entre les marchés boursiers Chinois, américains et Européens est l’appréciation du risque.

On a une épidémie qu’on ne maîtrise pas,361 morts des 17 milles personnes identifiées avec un mort aux Philippines qui est un Chinois qui venait de la Chine. Construction d’un hôpital en urgence en 10 jours pour accueillir plus de 1000 personnes. Toutes ces informations font que les marchés boursiers s’effondrent notamment les valeurs du tourisme et du luxe. L’incertitude des investisseurs fait que les marchés boursiers plongent dans le rouge surtout que l’information du gouvernement Chinois reste obscure.

On a la bourse de Shanghai qui est passée à – 13 %, la dette de la Chine qui est colossale. Est ce que les marchés financiers ne peuvent pas exploser ?

Soyons d’abord d’accord qu’avant cette crise sanitaire provoquée par le coronavirus, les perspectives économiques étaient plutôt à l’augmentation des bourses. Effectivement comme je l’ai dit, avec une nouvelle comme celle-ci, les perspectives baissent. Mais pour l’instant, on n’est pas dans une crise économique et financière. Les banques centrales sont ultra-vigilantes, l’État Chinois a déjà injecté 170 milliards de dollars dans le circuit bancaire et financier chinois. La Fed américaine regarde également cette crise de près. C’est dire que toutes les institutions financières internationales surveillent cette crise sanitaire pour éviter une surprise comme en 2008.

Le dernier point concerne la crise de dette Chinoise, bien qu’elle soit colossale, il faut souligner que s’il y avait une crise de la dette, il y a peu d’investisseurs étrangers qui détiennent la dette Chinoise ni corporate, ni souveraine. Donc, la contagion d’une crise financière en Chine reste difficile, sauf si cette crise sanitaire passe par le billet d’un ralentissement économique généralisé.

Pensez vous que cette crise sanitaire peut avoir une conséquence grave sur l’investissement de la Chine en Afrique?

Il faut d’abord souligner que la consommation en Chine prend déjà un coup car on estimait à 140 milliards de dollars de consommation pendant la période de nouvel an Chinois. Cela veut dire que ça s’enregistre déjà au compte perte et profit si on veut emprunter le jargon comptable, donc un trou dans l’économie Chinoise.

Pour les pays fortement tributaires des ressources naturelles, comme d’habitude, leurs budgets risqueront de prendre à nouveau un coup. La Chine étant un grand consommateur des matières premières comme le pétrole, l’uranium, le cuivre etc. Les frontières de plusieurs pays étant fermées et les exportations des matières premières vers la Chine peuvent être réduites. Ce qui va entraîner une forte chute du baril de pétrole et, c’est déjà le cas. C’est alors dire que les pays africains vont encore souffrir du syndrome hollandais qui aura deux phénomènes. Le premier phénomène est celui d’endettement qui paralyse les économies africaines et le deuxième phénomène est celui du manque de diversification de leurs économies et de leurs déficits budgétaire. Seuls les pays qui ont pu diversifié leur économies peuvent s’échapper de cette contagion si la crise dure plus longtemps.

En ce qui concerne les investissements Chinois en Afrique, l’objectif premier de l’Etat Chinois est de ramener le calme à l’intérieur de leur pays en investissant massivement comme nous le voyons dans la santé comme l’hôpital construit en 10 jours. L’État Chinois a injecté plus de 170 milliards de dollars dans le système de liquidité, c’est à dire dans leur système financier et bancaire pour faire face aux pertes enregistrées depuis le début de la crise. A cet effet, malgré la promesse de l’investissement Chinois en Afrique, si jamais la crise sanitaire perdure, les prévisions de l’investissement Chinois seront revues à la baisse en Afrique. D’où l’intérêt pour les pays peu diversifiés de mettre en place leurs propres mécanismes de financement afin de se prémunir des chocs externes.

François Nzigou Nzigou, Président fondateur de Nzy Green Finance Consulting au n° de SIRET:838 700 565 00024 (France)

Paul Essonne

Journaliste

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