Ce que l’Elysée a dit à Nourreddin Bongo.

C’est en début du mois de février dernier que l’héritier présomptif d’Ali Bongo a rencontré Franck Paris, le conseiller Afrique d’Emmanuel Macron. L’information n’a été révélée que plus tard. Cette rencontre qui rentre dans les missions régaliennes de la Cellule Africaine de l’Elysée a été le lieu d’une mise au point. Cette entrevue que d’aucuns disent houleuse, a permis à l’Elysée de connaître les motivations de Nourreddin à la suite de fortes rumeurs sur ses velléités de prise de pouvoir. Sa récente nomination à la fonction de coordinateur général des affaires présidentielles n’a fait que confirmer les craintes de l’Elysée. Autres raisons de la rencontre, l’état des lieux des relations bilatérales notamment dans les domaines économiques au moment où les entreprises françaises se plaignent de leur mise à l’écart dans les marchés publics. Si la Comilog, filiale du groupe français Eramet se porte bien, ce n’est pas le cas des autres sociétés françaises installées au Gabon. Enfin, faire un état des lieux de la situation politique du Gabon.

Dans un autre jargon, Nourreddin a passé un test pour voir s’il peut être l’As de pique de la France. Le fils ayant une culture anglo saxonne, Paris est méfiant de voir accéder à la présidence, une personne capable de faire un virage à 80° dans les relations bilatérales et privilégiées que la France entretient avec le Gabon. A preuve, Nourreddin Valentin a sollicité la Tony Blair Institute for Global change de l’ex premier ministre britannique Tony Blair pour aider le Gabon à restructurer son administration. La venue d’un autre Bongo en l’état actuel de surchauffe généralisée du pays est un risque. Elle peut conduire à la déstabilisation du pays aux conséquences incalculables. Paris ne saurait souscrire à une telle forfaiture.

Sous un autre plan, la question des tortures des prisonniers incarcérés pour des faits de détournement. Cette maltraitance met à mal la France accusée par les autres pays européens de soutenir le régime d’Ali au moment où Libreville est en pleine négociation avec l’Union européenne dont le préalable pour accéder aux prêts et autres gratifications est la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme.

Dans cette optique, Franck Paris, le monsieur Afrique de Macron a demandé que des efforts soient faits en ce qui concerne la durée de détention provisoire des détenus, accélérer leurs jugements et faire sortir, dans les plus brefs délais, ceux qui sont reconnus non coupables. Franck Paris a proposé à Nourreddin de procéder à une accalmie en élargissant certains prisonniers dont les faits de détournement ne sont pas avérés. La détention prolongée et sans jugement ne militant pas en faveur du régime. L’élargissement de Jean Noël Mboumba est-il à analyser dans ce sen ? On est tenté de le penser et s’attendre à d’autres sorties dans les jours à venir.

Franck Paris aurait formellement recommandé au fils de Sylvia de renoncer à la tournée politique d’adoubement qu’il s’apprêtait à lancer au courant du mois de février ou mars. Sa nomination associée à son inexpérience peuvent susciter des manifestations hostiles au pouvoir. De plus, il serait considéré par l’opinion gabonaise comme principal responsable et manœuvrier de l’opération Scorpion pour écarter son rival BLA. Sa tournée pourrait s’interpréter alors comme une célébration de victoire des vainqueurs. Le message est-il passé ?

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